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Androcur, Lutéran, Lutényl : des patientes victimes des médicaments progestatifs poursuivent l'État en justice

Par
  • France Bleu

Des patientes atteintes de tumeurs au cerveau après avoir pris le progestatif Androcur demandent réparation à l'Etat. Deux requêtes ont été enregistrées au tribunal administratif de Montreuil le 7 mars. Le Lutényl et le Lutéran sont également mis en cause par leur avocat.

L'Androcur est commercialisé par le laboratoire Bayer. L'Androcur est commercialisé par le laboratoire Bayer.
L'Androcur est commercialisé par le laboratoire Bayer. © Maxppp - Arnaud DUMONTIER

Les médicaments comme l'Androcur, le Lutényl ou le Lutéran sont-ils au cœur d'un nouveau scandale sanitaire ? Des patientes ayant pris ces médicaments progestatifs et atteintes de tumeurs cérébrales après la prise d'Androcur demandent réparation pour le préjudice qu'elles ont subi, par une action en justice qui vise à engager la responsabilité de l'Etat.

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Deux requêtes ont été déposées contre l'Agence nationale de sécurité du médicament, l'ANSM, au tribunal administratif de Montreuil en Seine-Saint-Denis, a appris l'agence Radio France auprès de l'avocat de deux victimes de l'Androcur, Maître Charles Joseph-Oudin. Il évoque plus d'une cinquantaine de recours en préparation, sur près de 450 dossiers identifiés.

"Vu le nombre de victimes et la responsabilité de l'État, nous souhaitons la mise en place d'un dispositif d'indemnisation pour ces femmes, sur le modèle de ce qui a été mis en place pour le Médiator ou la Dépakine", a-t-il déclaré sur franceinfo ce vendredi. Ses clientes "demandent réparation auprès de l'Etat, qui apparaît comme le principal responsable de ce désastre sanitaire immense", affirme-t-il.

Contraception, ménopause, PMA, acné...

L'Androcur, un dérivé de la progestérone, peut provoquer des méningiomes (des tumeurs au cerveau) chez certains patients. Les progestatifs sont des médicaments utilisés en contraception, dans le traitement de certaines pathologies gynécologiques comme les saignements utérins ou l'endométriose, ou le traitement hormonal substitutif de la ménopause et pendant les parcours de procréation médicalement assistée, ou même contre l'acné. L'avocat Charles Joseph-Oudin a mis en cause, ce vendredi sur franceinfo, "toutes les hormones sexuelles de synthèse, les progestatifs, comme l'Androcur, le Lutéran, le Lutényl et leurs génériques", autorisés sur le marché français à partir des années 70 et 80.

L'Etat a-t-il trop tardé à prévenir ?

Les victimes accusent notamment l'État de retard dans la mise en place de mesures de prévention, alors que la dangerosité de l'Androcur et les risques de méningiome sont connus depuis plusieurs années. Sur une publication de l'ANSM datant de 2022, on peut lire que "ce risque est connu depuis les années 2010". En 2009, l'Androcur a, en effet, fait l'objet d'une surveillance particulière au niveau européen pour le risque d'apparition de méningiome. En 2011, l'Agence européenne du médicament a demandé à ce que ce risque figure sur la notice. Pour Charles Joseph-Oudin, ces effets secondaires sont connus depuis plus longtemps encore : "Depuis 2004, il existe des indices, des suspicions" et cela constitue donc "une faute des autorités de santé qui attendent que le risque soit certain pour informer les patientes, alors qu'il faut informer dès lors qu'une suspicion de risques existe", dénonce-t-il.

Des expertises judiciaires confirment le lien entre le médicament et les tumeurs

"Cinquante expertises judiciaires individuelles ont déjà été ordonnées" et "les vingt expertises terminées retiennent toutes le lien de causalité entre ces méningiomes et la prise des médicaments", affirme l'avocat. Ces expertises pointent "surtout un défaut d'information" sur les risques connus de ces traitements, défaut dont "la responsabilité première est celle de l'Etat, l'ANSM, en concours avec la responsabilité des laboratoires", a-t-il souligné. Contactée par l'AFP, l'ANSM n'a pas commenté la procédure en cours.

Des précautions d'usage très strictes et un numéro vert à partir de 2018

A partir de 2018, l'ANSM avait publié un rapport sur le risque de méningiome lié à la prise d'Androcur, elle y établissait notamment "une augmentation du risque de méningiome avec la durée d'utilisation". L'ANSM avait également mis en place un numéro vert pour les patients exposés à ce médicament. Sans interdire l'usage de l'Androcur et de ses génériques, l'ANSM recommandait alors aux médecins "d'informer les patients du risque de méningiome", d'"évaluer le rapport bénéfice/risque pour chaque patient, en tenant compte du risque de méningiome", ou encore de ne le prescrire que "dans le respect des indications de l'autorisation de mise sur le marché et aux doses les plus faibles possibles, et sur une courte durée".

Les prescriptions d'Androcur ont reculé de près de 90% entre janvier 2018 et décembre 2023, selon l'ANSM. Fin novembre 2023, moins de 10.000 patientes étaient traitées par Androcur contre environ 90.000 fin 2017.

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