La NUPES au bord de la rupture

Le Parti communiste français, réuni ce dimanche en conseil national pour discuter de son avenir au sein de la NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale), appelle dans un communiqué à "une nouvelle étape pour la gauche avec un nouveau type d'union". Cette résolution adoptée à 92,8% intervient alors que La France insoumise se retrouve isolée au sein de l'union de gauche à cause de ses difficultés à qualifier clairement le mouvement islamiste Hamas de "terroriste".

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"La gravité de la situation internationale, comme en France, appelle la gauche à être à la hauteur de ses responsabilités. Malheureusement, elle ne l’est pas", indique le communiqué du PCF. "Il est temps d’ouvrir une nouvelle étape pour la gauche avec un nouveau type d’union, permettant le débat entre nous comme avec les citoyen·nes et les organisations syndicales, avec un projet de transformation sociale, ambitieux, utile, à vocation majoritaire", écrit le conseil national du Parti communiste français.

La NUPES, "une impasse" pour le PCF

Pour la direction du Parti communiste, "la NUPES, telle qu'elle a été constituée pour les élections législatives sous la volonté hégémonique de LFI, est devenue une impasse". L'heure est donc venue pour le PCF de "construire un rassemblement à l’image de l'intersyndicale" qui a porté le mouvement contre la réforme des retraites "sur la base de principes simples : respect mutuel, pleine souveraineté de chacune des organisations, luttes et initiatives sur la base de combats et de projets partagés".

Les communistes lancent donc un "appel à toutes les forces disponibles, aux citoyen·nes, aux associatifs, aux syndicalistes, aux socialistes, écologistes et insoumis, aux radicaux et aux républicains de gauche qui partagent cette ambition pour le progrès social, pour la justice et pour la paix". Les députés communistes doivent-ils alors quitter l'intergoupe Nupes à l'Assemblée nationale ? Sur franceinfo ce dimanche, Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, assure qu'il ne peut pas s'"asseoir à la même table que ceux qui m'ont traité de nazi". L'ex-candidat à la présidentielle fait référence ici à une publication Facebook de la députée LFI Sophia Chikirou qui le comparait au collaborationniste Jacques Doriot. "De la même manière que des associations et des organisations féministes ne souhaitent pas travailler avec Adrien Quatennens (député insoumis condamné pour violences conjugales, ndlr), déclare Fabien Roussel, je ne peux pas travailler sur la question de la paix au Proche-Orient avec des députés qui refusent de qualifier le Hamas de terroristes".

Un "sujet de désespoir" pour l'écologiste Marine Tondelier

"La NUPES, qui avait été une source d'espoir pour plein de monde, est devenue quelque part un sujet de désespoir, ça m'embête beaucoup", déplorait samedi la secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts, Marine Tondelier, sur France Culture. "Je ne sais même plus quoi vous dire sur Jean-Luc Mélenchon. J'ai l'impression que lui et son camp sont dans une stratégie de conflictualisation permanente", a-t-elle ajouté. "Ça laissera des traces et ça aura des conséquences", a pointé la conseillère municipale d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).

"Nous sommes majoritaires à avoir envie que ça se passe bien, que ça s'appelle NUPES ou pas", mais "si à un moment, il faut que ça s'appelle autrement, ça restera l'union de la gauche et des écologistes, sous un nom ou sous un autre. Peut-être qu'à un moment, il faudra en arriver là."

"Nous pensons que c'est la fin" murmure-t-on au PS

"La NUPES telle qu'on la connue jusqu'à aujourd'hui, nous pensons que c'est la fin", indique de son côté l'entourage du Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, fervent partisan de l'union de gauche, mais qui a jugé dans une interview publiée par Libération que le positionnement de LFI sur la guerre entre Israël et le Hamas aurait "des conséquences lourdes" sur l'avenir de la NUPES.

Depuis le refus de Jean-Luc Mélenchon et de certains cadres insoumis de qualifier le Hamas de "terroriste", tous les cadres du PS hostiles à l'alliance avec LFI, se sont exprimés pour réclamer la sortie des socialistes de cette coalition, largement dominée par les Insoumis. Le PS devait, comme le PCF, se réunir en conseil national ce week-end pour en décider, mais Olivier Faure a finalement décidé de reporter cette réunion vendredi, "compte tenu du contexte dramatique lié à l'assassinat" d'un enseignant "par un terroriste islamiste" à Arras.

Le patron du PS aura l'occasion d'en discuter prochainement avec Fabien Roussel. Le Secrétaire national du Parti communiste souhaite en effet "rencontrer dans les prochains jours toutes les forces de gauche et écologistes". Sur franceinfo, Fabien Roussel, déclare être persuadé que les forces de gauche peuvent "réussir" à "construire" un "rassemblement dans lequel on se sent respecté, où il n'y a pas d'hégémonie de l'un ou de l'autre, où il n'y a pas d'insultes ni de menaces". "C'est ce que nous allons commencer à faire pour verbaliser ce rassemblement, lui donner un nom et pouvoir nous adresser à tous nos concitoyens, annonce le patron du PCF. L'objectif étant de réussir à faire gagner la gauche. Et c'est cette ambition-là que nous avons pour la France."