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Fonctionnaires : le ministre veut "lever le tabou du licenciement", syndicats et oppositions s'indignent

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Le ministre de la fonction publique Stanislas Guérini a déclaré mardi soir vouloir "lever le tabou du licenciement" des fonctionnaires", après avoir lancé la concertation pour réformer le secteur. Les syndicats et les oppositions au gouvernement s'indignent.

Le ministre de la Fonction publique veut "lever le tabou" du licenciement dans le secteur (image d'illustration). Le ministre de la Fonction publique veut "lever le tabou" du licenciement dans le secteur (image d'illustration).
Le ministre de la Fonction publique veut "lever le tabou" du licenciement dans le secteur (image d'illustration). © AFP - Monika Skolimowska/DPA

"Purement honteux" pour la CGT, "absolument scandaleux" pour La France insoumise, "travers de l'anti-fonctionnaire" pour le Rassemblement national. Les déclarations du ministre de la Fonction publique Stanislas Guérini, qui a affirmé vouloir "lever le tabou du licenciement des fonctionnaires" dans Le Parisien mardi soir, suscitent l'indignation. Le ministre a aussi pointé une "culture de l'évitement sur ces sujets-là" dans les colonnes du Parisien.

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Ces déclarations, publiées après la journée de lancement de la concertation sur la réforme de la fonction publique et confirmées par le ministre sur France Inter ce mercredi, suscitent l'ire de la CGT et des partis d'opposition.

Stanislas Guerini veut davantage de licenciements pour insuffisance professionnelle

Le licenciement pour insuffisance professionnelle dans la fonction publique est un "outil très mal défini et extrêmement peu appliqué", a regretté ce mercredi sur France Inter Stanislas Guerini. Il estime que lorsque dans "un collectif de travail de 100 personnes, une personne ne fait pas son travail", alors cela a des conséquences sur le reste de l'équipe, et cela peut être "démotivant pour les 99 autres" employés. Il rapporte que l'an passé, sur les "2,2 millions d'agents publics", il y a eu "13 licenciements pour insuffisance professionnelle" et "222" révocations pour faute.

Stanislas Guerini a nié vouloir s'en prendre aux fonctionnaires, et a tenu à préciser que ce n'est pas les fonctionnaires qu'il critique, mais "le système qui empêche les agents publics de bouger, d'évoluer et d'être promus". Le ministre  a soutenu qu'il ne souhaite pas "remettre en cause" le statut de la fonction publique, qui suppose une "garantie de l'emploi". Pour autant, selon Stanislas Guerini, ce statut ne signifie pas "qu'on ne peut pas licencier quelqu'un qui ne fait pas bien son travail".

Stanislas Guerini plaide pour une "évaluation" de la fonction publique "en termes de qualité de service public". Il considère ainsi que les concitoyens "attendent beaucoup de notre service public", et notamment "que ça décroche au téléphone quand ils appellent un guichet, que la justice aille plus vite, qu'ils soient protégés, et que la question des remplacements des professeurs soit mieux appréhendée". "Considérer que parler de résultats, de performances, de mérites pour nos services publics, c'est la privatisation ou la financiarisation de nos services publics ce n'est pas voir la réalité en face, c'est un aveu d'échec formidable sur nos services publics", déplore le ministre.

Une "ligne rouge" pour la CGT

"C'est purement honteux", a fulminé ce mercredi sur franceinfo Natacha Pommet, secrétaire générale de la CGT Fonction publique. La méthode indigne la secrétaire générale de la CGT. Alors qu'une réunion était organisée par le ministre mardi avec l'ensemble des organisations syndicales, "il ne nous a absolument rien dit ! Nous l'avons appris dans la presse. C'est une méthode que l'on dénonce depuis plusieurs mois, face à ce ministre qui préfère la presse aux relations sociales avec les organisations syndicales", a taclé la responsable syndicale.

Quant au fond de la proposition, la position de la CGT est claire, "c'est vraiment une ligne rouge", réagit-elle. Lorsque le ministre pointe les "treize licenciements pour insuffisance professionnelle en 2023 dans la fonction publique d’État", elle assure qu'"il y a des processus qui existent déjà", comme "les processus disciplinaires" ou "l'insuffisance professionnelle", qui "est quelque chose de reconnu et contre lequel on peut se battre". Avant un licenciement, elle souhaite que lorsque l'on "observe qu'un agent est en insuffisance professionnelle, il faut l'accompagner pour voir pourquoi", et l'aider, notamment grâce notamment à de la formation.

Dans le Parisien, le ministre de la Fonction publique pointe un "dévoiement du statut de la fonction publique que de considérer qu’au nom de la garantie de l’emploi, on ne puisse pas se séparer d’un agent qui ne ferait pas son boulot". Il ajoute : "La justice, c’est de récompenser les agents qui sont engagés et de sanctionner ceux qui ne font pas suffisamment leur travail". Mais Natacha Pommet répond : "licencier plus facilement au titre de quoi ? Au titre de l'idéologie néolibérale qui vient notamment d'annoncer plus de 10 milliards d'économies de dépenses publiques !"

"Absoulment scandaleux" pour La France insoumise

Le député LFI de Seine-Saint-Denis Thomas Portes a également jugé sur franceinfo "absolument scandaleux" le fait de "s'attaquer aux fonctionnaires sous couvert que certains seraient des fainéants qui ne travailleraient pas bien, et qu'il faudrait faire des économies sur le dos de ces agents". L'Insoumis, ancien cheminot, accuse le gouvernement de "fixer sa colère sur les fonctionnaires" en reprenant de faux préjugés sur ces derniers. Thomas Portes affirme d'ailleurs que lorsque des fonctionnaires "font des fautes au sein de leur travail, ils sont licenciés". "Ça n'existe pas un fonctionnaire qui reste au travail toute la vie s'il ne fait pas son travail, s'il n'arrive pas à l'heure, s'il ne respecte pas son contrat de travail", fustige-t-il.

"Pure démagogie" pour le RN

Roger Chudeau, député du Rassemblement national, partage cette même colère vis-à-vis de Stanislas Guerini. Sur franceinfo, il considère que cette proposition relève d'un "travers de l'anti-fonctionnaire". Il pointe du doigt une vision empreinte de préjugés, reprenant l'idée que "nos fonctionnaires sont réputés à ne rien faire, à se tourner les pouces". Pour le député du Loir-et-Cher, cela "relève de la pure démagogie", d'autant qu'il "existe des procédures inscrites dans le statut général des fonctionnaires permettant de licencier un [agent] incompétent, qui ne remplit pas les devoirs de sa tâche". "Il suffit d'appliquer correctement les textes, de les appliquer vraiment, pour obtenir des résultats", précise-t-il.

Un début de concertation électrique

Annoncée en septembre 2023, la réforme de la Fonction publique devait initialement être présentée en Conseil des ministres en février, mais est désormais annoncée pour l'automne. Le projet de loi vise notamment à accentuer la rémunération au mérite des fonctionnaires et faciliter les mutations d'une branche à l'autre de la fonction publique, qui en compte trois : État, collectivités et hôpitaux.

Pas demandeurs de ce projet de loi, les huit syndicats représentatifs ont dénoncé dès lundi dans un communiqué commun une réforme à leurs yeux "dogmatique" et qui ne répondrait "à aucune des préoccupations exprimées par les agents publics".

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