Sable du Sahara : comment expliquer l'arrivée de cet épais nuage de poussière en France ?

C'est un phénomène qui est observé plusieurs fois par an en Europe et donc en France. Un nuage de sable du désert du Sahara colore le ciel du sud et l'est du pays depuis ce dimanche et va ensuite s'étendre dans le centre-est puis le nord jusqu'à ce mercredi. Cette couleur ocre avait déjà été remarquée fin mars puis début avril. Comment expliquer l'arrivée de cette brume qui se dépose sur les voitures et salit les baies vitrées ? Est-ce de plus en plus fréquent ? Ce sable est-il dangereux pour la santé ? Voici ce qu'il faut savoir.

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Comment ce sable arrive-t-il jusqu'en France ?

L'arrivée du sable du Sahara s'explique par la combinaison de deux situations météorologiques, explique Anne Le Gall, spécialiste environnement à franceinfo. Dans le nord de l'Afrique et notamment au Maroc, des vents forts favorisent l'envol de ces poussières. Le Sahara est d'ailleurs la plus grande source de poussières minérales, en libérant entre 60 et 200 millions de tonnes par an. À ces vents forts, s'ajoute une dépression sur l'ouest du continent européen : des flux d'air s'installent et aspirent les poussières de l'autre côté de la Méditerranée vers le sud de la France.

Si les plus grosses particules retombent rapidement au sol, les plus petites peuvent être transportées sur des milliers de kilomètres et atteindre toute l'Europe.

Un phénomène de plus en plus fréquent ?

Plusieurs épisodes de ce type se sont déjà répétés depuis le début de l'année 2024 en France (mais aussi en Grèce et en Suisse) en seulement quelques semaines. L'observatoire spatial européen Copernicus confirme que le phénomène est de plus en plus fréquent, peut-on lire dans cet article de la revue Nature (en anglais). L'organisme l'explique par des mécanismes isolés et ponctuels comme les changements de circulation atmosphérique et des épisodes de sécheresse qui favorisent l'envol de ces sédiments.

En revanche, l'impact du réchauffement du climat sur la fréquence de ces nuages n'est pas encore démontré par les scientifiques : "Il n'y a pas de conclusions définitives entre ce type de phénomène et le dérèglement climatique", assure Alix Roumagnac, président de Predict, société spécialisée dans les phénomènes climatiques et leur prévention.

Ces épisodes sont aussi liés aux saisons et le printemps est la période la plus active pour le transport de ces poussières du Sahara vers l'Europe.

Y a-t-il un risque pour la santé ?

Ces poussières de sables sont très fines et mesurent moins de 10 micromètres essentiellement. Elles peuvent déclencher une gêne respiratoire chez les personnes les plus sensibles, celles qui sont atteintes "de maladies respiratoires assez fortes" comme l'asthme, précise Alix Roumagnac.

Mais ces épisodes peuvent être très différents les uns des autres et les effets sur la santé sont parfois limités. Le phénomène qui touche la France depuis le 28 avril par exemple survole la Corse et l'est du pays au-delà de 1.000 mètres, ce qui ne devrait pas trop perturber les organismes plus fragiles. Sur franceinfo, le président de Predict rappelle cependant "qu'il faut être prudent et respecter les consignes des autorités sanitaires" même si le phénomène n'est "pas très grave". "Il faut mieux éviter les activités sportives" ajoute le spécialiste. Car ce sable peut provoquer un épisode de pollution aux particules comme début avril où cinq départements du sud-ouest avaient été placé en alerte.

En revanche, en cas de pluie, cette poussière de sable va se retrouver plaquée au sol, et cela se verra notamment sur les voitures, les tables de jardin, ou les feuilles d’arbres.