PHOTOS - 2 000 militaires du monde entier en entraînement sur le camp de Mourmelon
"Citadel Guibert 2018", c'est le nom de l'exercice de ces dernières semaines sur le camp de Mourmelon-le-Grand (Marne). Un exercice d'une envergure rare, qui a rassemblé environ 2 000 militaires de 14 nationalités différentes. Objectif : apprendre à se coordonner et à travailler ensemble.
Pour cet exercice, les militaires ont sorti les gros moyens : ils occupent 6 000 mètres carrés du camp militaire de Mourmelon-le-Grand. Des toiles de tente à perte de vue, 65 au total, mais aussi 160 shelters (abris modulaires) pour abriter les postes de commandement. A l'intérieur : 1 800 ordinateurs, 50 vidéo-projecteurs et une vingtaine de système de vidéo-conférence. "Parce qu'il y a tous les jours des réunions entre Stavanger, en Norvège, et Mourmelon", explique le Colonel Pakula.
Si 250 hommes se trouvent en effet en Norvège, au Centre de guerre interarmées, le gros des troupes participent à l'exercice depuis la Marne. Mais pas la peine de chercher les chars ou les soldats armés, ici ce sont les états-majors qui s'entraînent. Le mouvement des troupes est simulé sur ordinateur.
"Citadel Guibert 2018", c'est le nom de cet exercice piloté par le Corps de Réaction Rapide - France (CRR-Fr). Il s'agit de l'état-major de plus haut niveau dont dispose l'armée française et il est jusqu'en juin 2018, en période d'alerte OTAN.
Le scénario : libérer un pays fictif d'un dictateur
Nom de code du scénario : Skolkan 2.0. Nous sommes dans le nord de l'Europe, l'empire Skolkan éclate et les pays qui le composent prennent leur indépendance. Sauf que dans l'un de ces pays, Arnland, un dictateur un peu fou s'empare d'une région, de l'armée et d'une centrale nucléaire, entre autres. Arnland demande de l'aide à l'OTAN, qui se rend sur place pour mettre fin aux tensions.
Le scénario a beau être fictif, les enjeux de cet exercice sont bien réels : il doit permettre au CRR-Fr de valider l'entraînement de la 1ère Division française, mais aussi d'entraîner la 40e Division d'Infanterie américaine, dont la moitié de l'effectif partira en Afghanistan dans les mois à venir. Et puis "Il s'agit de renforcer l'interopérabilité entre les pays", martèlent les militaires qui nous accueillent.
Tout est simulé, jusqu'à la réaction des civils
Alors tout doit être le plus réaliste possible, à commencer par les mouvements de troupes, simulés par ordinateur. "On nous ajoute régulièrement des incidents, comme la découverte de mines, ou des populations qui fuient leurs villages par exemple", explique le Général Schill, qui commande la 9ème Brigade d’Infanterie de Marine (BIMA) "Le plus dur ce n'est pas de prendre la bonne décision, mais d'avoir la bonne image de la situation".
C'est pourquoi les réactions des populations sur place sont également simulés grâce à des civils et notamment des journalistes qui jouent leur propre rôle : "Ce sont des vrais journalistes qui produisent chaque jour des actualités", précise le Général Hagemann : "Ca fait partie de l'entraînement de s'occuper des médias, mais aussi des ONG comme la Croix Rouge ou encore des représentants politiques".
L'une des difficultés d'un tel exercice, c'est de réussir à se coordonner et à travailler ensemble quand on n'a ni les mêmes méthodes de travail, ni la même langue maternelle. De tente en tente, de campement en campement, la langue change et les uniformes aussi. "Ce n'est pas notre premier exercice ensemble donc ça va, on développe des liens et la compréhension", sourit le commandant Williamson, un militaire anglais qui parle parfaitement français. Quant aux méthodes de travail, elles ne semblent pas être si différentes d'un pays à l'autre "Parce que _nous suivons des standards de l'OTAN__"_, poursuit-il.
Des Californiens à Mourmelon
Il y en a pourtant pour qui ce séjour à Mourmelon-le-Grand a été un choc. "Il fait froid ici !", dit dans un rire le Général de brigade Mark Malanka. Lui, vient de Californie : "C'est la première différence, le temps !". Mais il en voit d'autres, dans la façon de faire : "On ne planifie pas les choses de la même façon, on ne se bat pas de la même façon. Nous les Américains sommes un peu plus agressifs, on fait certaines choses plus vite et on a besoin de ralentir, ce qui est probablement une bonne chose. Je ne dis pas que c’est difficile, mais chacun doit apprendre à faire un peu différemment de ce qu’il a l’habitude de faire".
Et ces échanges vont au-delà de l'exercice en lui-même, autour d'un café, d'un repas ou en faisant du sport, confie le Colonel Harvent, de Belgique : "On discute de tout, on parle de nos expériences personnelles aussi. Les Américains trouvent certaines choses très exotiques et puis certains viennent en vacances en Belgique ou en France donc on leur dit ce qu'il y a à voir, à visiter, à manger... comme on le ferait lors d'une vraie opération !".
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