Guerre en Ukraine : 52 morts à Kramatorsk, plus de 10 milliards d'euros récoltés pour l'Ukraine

Au 45e jour de la guerre en Ukraine, ce samedi, le monde est encore sous le choc des images de la gare de Kramatorsk, dans l'est du pays, frappée vendredi par des roquettes alors que des milliers de civils tentaient de prendre le train pour fuir le conflit. Le dernier bilan s'élève à 52 morts. La commission européenne, qui organisait ce samedi en Pologne une conférence mondiale des donateurs, a réuni 10 milliards d'euros pour le soutien de Ukraine. 

ⓘ Publicité

L'essentiel

• L'attaque de la gare de Kramatorsk, à l'est de l'Ukraine a tué 52 personnes, dont 5 enfants, et fait 109 blessés selon un dernier bilan publié ce samedi
• L'Ukraine se dit "toujours prête" à mener des pourparlers selon son président Volodymyr Zelensky
• Plus de 4,4 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis le 24 février, selon le Haut commissariat aux réfugiés
• Plus de 10 milliards d'euros ont été collectés pour l'Ukraine
• Des observateurs estiment que Vladimir Poutine voudrait obtenir une victoire militaire pour le 9 mai, journée de célébration de la victoire sur les nazis en 1945
• À écouter : le podcast quotidien de Radio France sur la situation en Ukraine

La situation sur le front militaire

Kramatorsk : 52 morts, nouveau bilan des tirs de roquettes sur la gare

Le bilan, toujours provisoire, du bombardement de la gare de Kramatorsk s'est alourdi à 52 morts, dont cinq enfants, selon les autorités locales, et 109 blessés. Deux roquettes ont touché l'édifice alors que des milliers de civils tentaient de fuir cette région de l'est de l'Ukraine, dans la crainte d'une offensive russe.

Des journalistes de l'Agence France Presse ont vu au moins trente corps dans des sacs mortuaires ou sous des bâches. Les images prises par les journalistes montrent des trottoirs et des rames maculés de sang, des valises abandonnées, des peluches et de la nourriture qui jonchent les quais.

Sur le parvis de la gare, les restes d'un missile sont toujours visibles : on peut y lire en russe la phrase "Pour nos enfants". L'expression serait récurrente chez les séparatistes prorusses et ferait référence aux victimes de la première guerre du Donbass, commencée en 2014. La Russie dément être responsable du bombardement et dénonce une "provocation" ukrainienne.

A Kramatorsk, les rescapés du bombardement fuient par la route

La nuit et le début de matinée de samedi ont été calmes à Kramatorsk, où aucune explosion proche n'a été entendue. La gare de Kramatorsk était fermée samedi matin, ses accès interdits par du ruban de police. 

Les évacuations de civils se poursuivent, mais par la route. Des mini-bus et camionnettes emmènent des dizaines de rescapés du bombardement qui ont passé la nuit dans une église, non loin de la gare. Les autorités ukrainiennes appellent les populations à évacuer vers l'ouest du pays.

Des trains sont aussi affrétés depuis des villes voisines, mais leur horaire exact n'a pas été annoncé pour des raisons de sécurité.

Un nouvel échange de prisonniers

L'Ukraine a annoncé avoir procédé à un "troisième échange" de prisonniers avec la Russie depuis le début de l'invasion russe, permettant la libération de 12 soldats et 14 civils ukrainiens.

Que se passe-t-il à l'est de l'Ukraine ?

"L'ennemi russe continue de se préparer pour intensifier ses opérations offensive dans l'est de l'Ukraine et prendre le contrôle total des régions de Donetsk et de Lougansk", dans le Donbass, a répété l'état-major de l'armée ukrainienne sur Facebook.

La région du Donbass, à l'est de l'Ukraine, est en partie contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses. L'objectif de Moscou serait d'en réussir la conquête totale, ce qui expliquerait le retrait des troupes russes du nord et de la région de Kiev pour se recentrer vers l'est. 

Kramatorsk, où une attaque sanglante a été perpétrée vendredi, est la principale ville de la partie du Donbass encore sous contrôle ukrainien. La cité est cernée au sud et à l'est par les "républiques" séparatistes pro-russes de Donetsk et Lougansk, et par l'avancée des troupes russes au nord. C'est ce qui explique aussi l'exode des habitants.

Beaucoup redoutent un mouvement en tenaille des forces russes pour s'emparer de toute cette région majoritairement russophone, qui serait alors encerclée. Un mouvement similaire à celui subi ces dernières semaines par Marioupol, port stratégique du sud-est, théâtre d'un pilonnage sanglant par l'armée russe.

A Lyssytchansk, une petite ville de la région de Lougansk, le maire Olexandre Zaïka a appelé les habitants à partir le plus vite possible. "La situation dans la ville est très tendue, je vous demande d'évacuer. Cela devient très difficile, les obus de l'ennemi tombent un peu partout", a-t-il dit dans un message sur la messagerie Telegram. Mais "personne ne va abandonner la région de Lougansk", a-t-il ajouté, "nos gars travaillent bien".

Que représente le 9 mai pour le pouvoir russe ?

Pour de nombreux observateurs, Vladimir Poutine voudrait remporter l'intégralité du Donbass d'ici le 9 mai, date anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie. Ce moment est traditionnellement marqué en Russie par un grand défilé militaire qui célèbre la victoire "du peuple soviétique". 

Pour la politologue Marie Mendras, spécialiste de la politique russe, invitée de franceinfo, le 9 mai est l'occasion d'une intense "propagande pour montrer la puissance et même la brutalité de l'armée". Une victoire sur le territoire ukrainien serait donc bienvenue.

Un couvre feu ce week-end à Odessa

Autre front prioritaire pour l'armée russe : le sud de l'Ukraine où la péninsule de Crimée a été rattachée à la Russie. Face à la "menace" de frappes de missiles, un couvre-feu sera en vigueur de samedi soir à lundi matin à Odessa, le grand port ukrainien sur la mer Noire, ont annoncé les autorités locales.

La situation diplomatique et les réactions internationales

Les pourparlers au point mort mais Zelensky se dit prêt à discuter

Après les atrocités commises à Boutcha et d'autres villes ukrainiennes libérées et après le massacre de Kramatorsk, les discussions entre l'Ukraine et la Russie sont au point mort. L'Ukraine se dit pourtant "toujours prête" à mener des pourparlers affirme Volodymyr Zelensky.

"Nous sommes prêts à nous battre et chercher parallèlement des voies diplomatiques pour arrêter cette guerre. Pour l'instant, nous envisageons parallèlement un dialogue", assure le président ukrainien. Il s'est exprimé lors d'une conférence de presse avec le chancelier autrichien Karl Nehammer, venu constater la situation à Kiev et à Boutcha.

Boris Johnson rencontre Volodymyr Zelensky

Le Premier ministre britannique a entamé une visite surprise à Kiev par un entretien en tête-à-tête avec le président ukrainien. Il s'agit du premier leader du G7 à visiter l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février. Boris Johnson a promis au président ukrainien 120 véhicules blindés et des missiles anti-navires.

Le compte YouTube de la Douma fermé

La Russie a promis des représailles après la fermeture du compte YouTube de la Douma, la chambre basse du Parlement russe. Le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, a affirmé que le blocage de "Douma-TV" était une mesure de Washington qui violait "les droits" des Russes. "Les Etats-Unis veulent avoir le monopole de la diffusion de l'information", a-t-il lancé sur son compte Telegram. "Nous ne pouvons pas permettre cela."

La situation humanitaire et la solidarité avec les Ukrainiens

Plus de 4,4 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays 

Selon les derniers chiffres du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), plus de 4,4 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis le début de la guerre en Ukraine, un flux qui augmente de jour en jour. A cela s'ajoutent plus de 7 millions de déplacés à l'intérieur même du pays, selon les Nations Unies. L'Europe n'a pas connu un tel flot de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale. 

L'immense majorité des personnes qui ont fui l'Ukraine sont des femmes et des enfants, les autorités du pays n'autorisant pas le départ des hommes en âge de porter les armes. C'est la Pologne qui accueille, de loin, le plus grand nombre de réfugiés.

A l'inverse, d'autres habitants de l'Ukraine fuient les combats mais prennent la direction des territoires contrôlés par la Russie, comme l'ont constaté des journalistes de l'AFP : des populations russophones qui ont de la famille de ce côté-là de la ligne de front.

Au moins 40.000 personnes sont entrées en France

"Les trois principales villes d'arrivée" des réfugiés ukrainiens en France "sont Strasbourg, Nice et Paris", indique Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d'Asile, sur franceinfo. Depuis le début de la guerre, au moins 40.000 personnes sont entrées en France et 30 000 d'entre eux ont obtenu une carte d'autorisation de séjour. Elles "sont accueillies dans tous les départements de France".

Le premier objectif des associations et de l'Etat est de "trouver un point de chute" pour ces réfugiés "qui arrivent, hagards, hébétés par la longue route et des trajets de 3 à 6 jours". Les humanitaires doivent aussi canaliser l'élan de solidarité venu des citoyens français "qui ne savent pas forcément comment". La directrice de France Terre d'Asile indique qu'il y a "mille manières d'être bénévole", "en faisant des dons" ou "en parrainant des réfugiés".

Plus de 10 milliards d'euros réunis pour l'Ukraine lors d'une collecte

Une collecte internationale de fonds a permis de réunir 10,1 milliards d'euros pour soutenir l'Ukraine, a annoncé Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne qui était à Varsovie ce samedi.

Sur cette somme, la Commission européenne s'engage à verser un milliard d'euros, a précisé Mme von der Leyen : "600 millions de ce montant iront à l'Ukraine, aux autorités ukrainiennes et une partie aux Nations unies".

Organisée en partenariat avec l’organisation internationale de défense des citoyens Global Citizen, la collecte est soutenue par des artistes comme Bono, Madonna, Elton John, Miley Cyrus ou encore Bruce Springsteen qui, dans cette vidéo appelle à "défendre les personnes déplacées dans le monde".