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Guerre en Ukraine : une opération humanitaire à Marioupol n'est pas possible "à ce stade" indique l'Elysée

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Au 34e jour de l'invasion russe en Ukraine, de nouvelles négociations ont eu lieu ce mardi à Istanbul en Turquie. Moscou annonce réduire "radicalement" son activité militaire dans une partie du pays, et une frappe russe a meurtri la ville de Mykolaïv. Le point sur la situation ce mardi.

160.000 personnes sont coincées à Marioupol selon le maire de la ville. 160.000 personnes sont coincées à Marioupol selon le maire de la ville.
160.000 personnes sont coincées à Marioupol selon le maire de la ville. © AFP - Maksim Blinov / Sputnik via AFP

Alors que la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine se poursuit, de nouvelles négociations se tenaient ce mardi à Istanbul en Turquie. En parallèle, suite à un nouvel échange téléphonique entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, l'Elysée a annoncé qu'une opération humanitaire à Marioupol n'était pas possible "à ce stade", alors que le port stratégique est assiégé depuis des semaines par les troupes de Moscou. Ce qu'il faut retenir ce mardi, au 34e jour de guerre.

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L'essentiel

  • Plus d'une dizaine de personnes ont été tuées dans une frappe russe à Mykolaïv, près d'Odessa
  • Après un nouvel échange téléphonique entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, l'Elysée a annoncé qu'une opération humanitaire d'évacuation à Marioupol n'était pas possible "à ce stade"
  • De nouvelles négociations entre Ukraine et Russie se sont tenues ce mardi à Istanbul
  • Moscou annonce réduire "radicalement" son activité militaire à Kiev et Tcherniguiv
  • Kiev estime "suffisantes" les conditions d'une rencontre Zelensky-Poutine
  • Les autorités ukrainiennes affirment avoir repris du terrain face aux Russes
  • À écouter : le podcast quotidien de Radio France sur la situation en Ukraine

La situation sur le front militaire

Une frappe russe meurtrière à Mykolaïv

Au moins douze personnes ont été tuées et 33 autres blessées à Mykolaïv, selon le dernier bilan annoncé mardi dans la soirée par les secours ukrainiens. Une frappe russe a partiellement détruit dans la matinée le bâtiment de l'administration régionale de Mykolaïv, ville ukrainienne proche d'Odessa qui connaissait un répit dans les bombardements ces derniers jours. Il s'agirait d'une frappe de missile, selon un porte-parole militaire, Dmitriy Pletenchuk. Tous les tués étaient des civils, a-t-il affirmé.

Un bâtiment de l'administration touché par une frappe russe à Mykolaïv
Un bâtiment de l'administration touché par une frappe russe à Mykolaïv © AFP - STR / MYKOLAIV STATE ADMINISTRATION

"La situation reste partout tendue, très difficile", selon l'Ukraine

Si l'Ukraine a annoncé lundi que la ville symbolique d'Irpin, située en banlieue de Kiev, avait été reprise aux forces russes, dans les régions de Tcherniguiv, Soumy, Kharkiv, du Donbass, et dans le sud de l'Ukraine, "la situation reste partout tendue, très difficile", a souligné un responsable américain de la défense. L'état-major ukrainien a affirmé en début de nuit mardi que ses troupes avaient "bloqué la progression de l'ennemi dans la région de Tchernigiv". "L'ennemi est affaibli, désorienté, la plupart n'a plus de soutien logistique et se trouve coupée du gros des troupes", a-t-il relevé sur la situation de l'armée russe en général. D'autres combats se déroulaient dans plusieurs localités autour de la capitale.

"L'ennemi tente d'effectuer une percée autour de Kiev et de bloquer les routes", a affirmé Ganna Malyar, vice-ministre de la Défense, soulignant que "la défense de Kiev" se poursuivait. Des combats acharnés se déroulaient aussi dans l'est, notamment autour de Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, proche de la frontière russe. Dans cette région sont déployés des mercenaires russes du groupe Wagner, a indiqué lundi le ministère britannique de la Défense, estimant que plus d'un millier de ces hommes pourraient être amenés à combattre dans le pays

Ukraine : l'avancée des troupes russes (point de situation mardi 29 mars à 19h30)
Ukraine : l'avancée des troupes russes (point de situation mardi 29 mars à 19h30) © Visactu

Les soldats ukrainiens ont aussi repris le contrôle de Mala Rogan, un petit village à environ quatre kilomètres à l'est de Kharkiv, a constaté l'AFP, qui a vu deux corps de soldats russes gisant dans une allée et plusieurs blindés russes détruits. Dans le sud, l'étau russe semblait aussi se desserrer autour de certaines villes, comme Mykolaïv, une ville-verrou sur la route d'Odessa, le plus grand port d'Ukraine.  

Le front a même sensiblement reculé, avec une contre-offensive ukrainienne sur Kherson, à quelque 80 km au sud-est, seule ville d'importance dont l'armée russe a revendiqué la prise totale depuis son invasion le 24 février. Non loin de là, au nord de la péninsule de Crimée annexée par Moscou en 2014, le responsable militaire de la ville de Kryvyi Rih a affirmé dans la nuit de mardi que les forces russes avaient "été repoussées à 40-60 km de la ville". 

Les autorités ukrainiennes ont affirmé avoir des "preuves" de l'utilisation par les forces russes de bombes à sous-munitions -armes interdites par les conventions internationales - dans les régions d'Odessa et de Kherson, dans le sud.

Les attaques à Marioupol, un "crime contre l'humanité" pour Zelensky

La situation demeure très tendue à Marioupol, ville portuaire du sud-est de l'Ukraine. Alors que l'armée russe tente toujours de s'en emparer, quelque 160.000 personnes y sont toujours coincés, selon le maire de la ville. Un responsable américain a noté "beaucoup de combats intenses" mais avec des missiles à longue portée car l'armée russe "n'a pas été en mesure de prendre Marioupol".  

Selon Tetyana Lomakina, conseillère de la présidence ukrainienne, "environ 5.000 personnes ont été enterrées (à Marioupol, NDLR), mais les gens ne sont plus enterrés depuis dix jours à cause des bombardements continus". Elle a estimé qu'il pourrait y avoir en réalité "autour de 10.000 morts". 

"Nous sommes dans des attaques intentionnelles d'infrastructures civiles, d'habitations", des bombardements d'écoles, a déclaré mardi la secrétaire générale de l'ONG Agnès Callamard, accusant la Russie de permettre des couloirs humanitaires pour les transformer en un "piège mortel". L'invasion russe en Ukraine est une "répétition" de la Syrie avec une "multiplication des crimes de guerre", a alerté l'ONG lors de la présentation mardi à Johannesburg de son rapport 2021-2022. Volodymyr Zelensky a d'ailleurs qualifié les attaques russes contre Marioupol de "crime contre l'humanité, qui se déroule en direct sous les yeux de la planète."

La situation diplomatique et les réactions internationales

Marioupol au cœur d'un nouvel entretien téléphonique entre Macron et Poutine

Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se sont à nouveau entretenus par téléphone ce mardi dans l'après-midi, avec au cœur des discussions une opération humanitaire d'évacuation dans la ville ukrainienne assiégée de Marioupol organisée avec la France, la Grèce et la Turquie. Mais les conditions pour lancer cette opération dans les prochains jours ne "sont pas réunies à ce stade", a annoncé l'Elysée, qui ajoute que le président russe a annoncé "qu'il allait y réfléchir" avant de donner une réponse. 

De son côté, le Kremlin assure que Vladimir Poutine a affirmé que, "pour trouver une solution à la situation humanitaire difficile dans cette ville, les combattants nationalistes ukrainiens devaient arrêter de résister et déposer les armes".

Négociations "significatives" selon Moscou

A l'issue des pourparlers directs qui ont eu lieu ce mardi matin à Istanbul en Turquie, qualifiés de "significatifs" par le négociateur russe, Moscou a annoncé réduire "radicalement" son activité militaire à Kiev et dans le nord du pays. "Les négociations sur un accord sur la neutralité et le statut non-nucléaire de l'Ukraine entrant dans une dimension pratique (...), il a été décidé, pour accroître la confiance, de réduire radicalement l'activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv", a déclaré à Istanbul le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine. Le chef de la délégation russe, Vladimir Medinski, a fait état de "discussions substantielles" et dit que les propositions "claires" de l'Ukraine en vue d'un accord allaient être "étudiées très prochainement et soumises au président" Vladimir Poutine.

Selon lui, une rencontre des dirigeants ukrainien Volodymyr Zelensky et russe Vladimir Poutine, et de représentants d'Etats garants, serait possible en cas d'accord pour mettre fin aux hostilités. "En ce qui concerne une rencontre des deux présidents, nous avons dit depuis le début qu'elle sera possible lorsqu'il y aura un accord (...) La rencontre pourrait être multilatérale, avec la participation d'Etats garants", a-t-il dit.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que les signaux en provenance des négociations sont "positifs", mais l'Ukraine n'a pas pour autant "l'intention de relâcher" ses efforts militaires. "Nous ne voyons pas de raisons de croire les paroles prononcées par les différents représentants d'un État (la Russie, ndlr) qui continue à se battre avec l'intention de nous détruire", a tout de même tempéré le président ukrainien. Mais en fin de journée, les dirigeants britannique, américain, français, allemand et italien ont mis en garde lors d'une conversation téléphonique contre tout "relâchement de la détermination occidentale" face à l'invasion russe de l'Ukraine, selon une communication du gouvernement britannique.

Le chef de la délégation russe Vladimir Medinski (à gauche) et Davyd Arakhamia (à droite) le négociateur en chef ukrainien lors des négociations.
Le chef de la délégation russe Vladimir Medinski (à gauche) et Davyd Arakhamia (à droite) le négociateur en chef ukrainien lors des négociations. © AFP - Sergey Karpuhin / POOL / Sputnik via AFP

L'Ukraine accepte la neutralité si elle obtient un "accord international"

De son côté, le négociateur en chef ukrainien a déclaré que les conditions pour une rencontre Zelensky-Poutine sont désormais "suffisantes". "Les résultats de la réunion d'aujourd'hui (à Istanbul) sont suffisants pour une rencontre au niveau des chefs d'Etat", a déclaré David Arakhamia. Depuis le début du conflit, Moscou a toujours refusé une telle proposition de Kiev. 

L'Ukraine acceptera d'être neutre si elle obtient un "accord international" pour garantir sa sécurité, dont seraient signataires plusieurs pays agissant en tant que garants. "Nous insistons pour qu'il s'agisse d'un accord international qui sera signé par tous les garants de la sécurité", a déclaré David Arakhamia. "Nous voulons un mécanisme international de garanties de sécurité où les pays garants agiront de façon analogue à l'article 5 de l'Otan et même de façon plus ferme", a-t-il ajouté.  

L'article 5 du traité de l'Alliance atlantique stipule qu'une attaque contre l'un de ses membres est une attaque contre tous. David Arakhamia a cité, parmi les pays que l'Ukraine voudrait avoir comme garants, les Etats-Unis, la Chine, la France et la Grande-Bretagne - membres du Conseil de sécurité de l'ONU - mais aussi la Turquie, l'Allemagne, la Pologne et Israël.  

"L'Ukraine acceptera un statut neutre si le système de garantie de sécurité fonctionne", a-t-il ajouté. Pour que ces garanties puissent prendre effet dans les plus brefs délais, la Crimée et les territoires du Donbass sous contrôle des séparatistes pro-russes - seraient "temporairement exclues" de l'accord, a encore précisé le négociateur. 

En outre, l'Ukraine réclament que la Russie ne s'oppose pas à son éventuelle adhésion à l'Union européenne. 

Decathlon suspend ses activités en Russie

Le groupe français Decathlon a annoncé qu'il suspendait son activité en Russie, car "les conditions d'approvisionnement ne sont plus réunies". Et ce alors que deux autres enseignes possédées par l'association familiale Mulliez (AFM), Leroy Merlin et Auchan, sont sous le feu des critiques après avoir décidé de maintenir leur activité dans le pays. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky les avait accusés devant le Parlement français d'être "les sponsors de la machine de guerre de la Russie".

La situation humanitaire et la solidarité avec les Ukrainiens

Plus de 5.000 élèves scolarisés en France

Le ministère de l'Education nationale compte 5.266 élèves ukrainiens déjà accueillis dans les écoles, collèges et lycées français rapporte franceinfo. La barre des 10.000 élèves devrait être bientôt franchie selon le ministère.

Reprise des évacuations par les couloirs humanitaires

La vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a annoncé une reprise des évacuations des civils via trois couloirs humanitaires, notamment depuis la ville assiégée de Marioupol. Lundi, les évacuations avaient été suspendues par crainte de "provocations" russes. 

Bientôt 4 millions de réfugiés 

Le nombre de réfugiés qui ont fui l'Ukraine se rapproche de la barre symbolique des 4 millions, et elle pourrait être franchie très prochainement, selon l'ONU, qui estime aussi que presque 6,5 millions de personnes sont considérées comme déplacés à l'intérieur du pays.  

Ma France : Améliorer le logement des Français

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