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Guerre en Ukraine : Moscou vise le contrôle du Donbass et du Sud, l'ONU évoque des "crimes de guerre"

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Au 58e jour de conflit en Ukraine, Kiev affirme que Marioupol résiste toujours malgré la "libération" revendiquée par Moscou. L'ONU évoque des "crimes de guerre" commis par la Russie. Le point sur la situation ce vendredi.

Une femme devant un marché dévasté à Kharkiv, le 21 avril 2022. Une femme devant un marché dévasté à Kharkiv, le 21 avril 2022.
Une femme devant un marché dévasté à Kharkiv, le 21 avril 2022. © AFP - SERGEY BOBOK / AFP

Au 58e jour de conflit, le port stratégique de Marioupol, que Moscou assure avoir "libéré", résiste encore aux forces russes, affirme Kiev, selon qui des combattants ukrainiens continuent de défendre avec acharnement l'immense complexe métallurgique Azovstal où sont également retranchés des civils. Le président ukrainien Zelensky accuse la Russie de préparer un faux référendum d'indépendance dans les régions de Kherson et Zaporijjia, et l'ONU estime que la Russie a mené des actions "pouvant relever des crimes de guerre" en Ukraine. Le point sur ce qu'il faut retenir ce vendredi.

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L'essentiel 

  • Marioupol résiste toujours, affirme Kiev, alors que Moscou affirme avoir "libéré" la ville et assiège les derniers combattants
  • La Russie dit viser le contrôle total du sud de l'Ukraine et du Donbass
  • L'ONU évoque de possibles "crimes de guerre" menés par la Russie
  • La barre des 5 millions de réfugiés ukrainiens franchie 
  • Le podcast quotidien de Radio France sur la situation en Ukraine est à écouter ici 

La situation sur le front militaire

Marioupol résiste toujours aux forces russes, affirme Kiev

Selon Kiev, des combattants ukrainiens continuent de défendre Marioupol avec acharnement contre les forces russes. Le président Volodymyr Zelensky affirme que la ville portuaire n'est pas encore tombée aux mains de Vladimir Poutine, à l'inverse de ce qu'annonce Moscou en assurant avoir "libéré" la cité. Les derniers combattants ukrainiens sont toujours retranchés dans l'immense complexe métallurgique Azovstal où se trouvent aussi des civils. 

A Kiev, le conseiller du président ukrainien Oleksiy Arestovytch a relativisé l'offensive russe : "La menace immédiate de perdre Marioupol s'est dissipée". Selon lui, Moscou n'a pas assez de troupes pour encercler, et donc assiéger, l'aciérie.

Un millier de civils retranchés à Marioupol

Selon Volodymyr Zelensky, en plus de quelque 2.000 militaires ukrainiens, "environ mille civils, femmes et enfants" et "des centaines de blessés" son réfugiés dans l'immense complexe métallurgique doté de kilomètres de galeries souterraines

Les responsables ukrainiens affirment avoir voulu évacuer beaucoup plus de civils de Marioupol, mais accusent les forces russes d'avoir ciblé une route utilisée par des personnes fuyant les combats. "Chers habitants de Marioupol, sachez que tant que nous aurons au moins une possibilité, nous ne renoncerons pas à essayer de vous sortir de là ! Tenez bon !" a déclaré la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechouk sur Telegram.

Des dizaines de milliers de morts

De récentes images satellite montrent par ailleurs "l'existence d'un site de fosses communes dans le nord-ouest de Manhush", un village à 20 kilomètres à l'ouest de Marioupol. Dans ce seul village, "les occupants auraient enterré entre 3 et 9.000 résidents", a affirmé sur Telegram la mairie de Marioupol.

"Ils creusent des trous de trente mètres et amènent les corps de nos résidents de Marioupol dans des camions", a affirmé le maire de la ville, Vadym Boychenko, lors d'un point de presse retransmis sur YouTube. Il a estimé que les bombardements russes avaient fait au moins 20.000 morts à Marioupol depuis le début du siège.

Objectif : "Contrôle total sur le Donbass et le sud de l'Ukraine" dit la Russie

"Depuis le début de la deuxième phase de l'opération spéciale, phase qui a commencé il y a deux jours, l'un des objectifs de l'armée russe est d'établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l'Ukraine", a déclaré le général Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du District militaire du Centre de la Russie. La stratégie russe dans le Donbass n'avait jamais été évoquée aussi clairement, depuis que Moscou av revu ses plans à la baisse et retiré fin mars ses troupes de la région de Kiev et du nord.

Cette offensive vise entre autres, à "assurer un couloir terrestre vers la Crimée" selon Roustam Minnekaïev. Des propos qui semblent confirmer que la Russie vise aussi le contrôle d'Odessa, le grand port ukrainien et troisième ville du pays. 

La Moldavie inquiète 

La Moldavie a convoqué l'ambassadeur de Russie pour protester contre les déclarations de ce général russe, qui a également affirmé que Moscou voulait prendre le contrôle du sud de l'Ukraine pour avoir un accès à une région séparatiste moldave. La Moldavie a exprimé sa "profonde préoccupation" auprès de l'ambassadeur, appelant à respecter sa "souveraineté territoriale" et sa "neutralité".

La carte de la guerre dans l'est du pays (au 22 avril à 20h).
La carte de la guerre dans l'est du pays (au 22 avril à 20h). © Visactu -

Kiev accuse la Russie de vouloir organiser un faux référendum d'indépendance

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky accuse la Russie de chercher à organiser un faux référendum d'indépendance dans les régions de Kherson et Zaporijjia qu'elle occupe dans le sud du pays. Dans un message vidéo jeudi soir, le président Zelensky a demandé aux habitants des zones sous occupation de ne fournir aucune donnée personnelle, comme leurs numéros de passeport, que leur réclameraient les forces russes.

"Ce n'est pas juste pour mener un recensement. (...) Ce n'est pas pour vous donner de l'aide humanitaire d'aucune sorte. C'est en fait pour falsifier un soi-disant référendum sur votre terre, si l'ordre d'organiser cette comédie arrive de Moscou", a-t-il averti. L'Ukraine avait déjà accusé, début mars, la Russie de chercher à mettre en scène à Kherson un "référendum" à l'image de celui qui, en 2014, avait scellé l'annexion de la péninsule de Crimée par la Russie, et qui est considéré comme illégal par Kiev et par les Occidentaux.

La situation diplomatique et les réactions internationales

La Russie a mené de possibles "crimes de guerre" selon l'ONU

L'ONU accuse l'armée russe d'actions "pouvant relever des crimes de guerre" en Ukraine. "Les forces armées russes ont bombardé et pilonné de manière indiscriminée des zones peuplées, tuant des civils et détruisant des hôpitaux, des écoles et d'autres infrastructures civiles", a souligné Ravina Shamdasani, une porte-parole du Haut commissariat aux droits de l'homme. "C'est à une Cour de justice de déterminer in fine si c'est la cas mais il y a de plus en plus de preuves que des crimes de guerre sont commis" ajoute-t-elle. 

Ravina Shamdasani n'a pas exclu que la partie ukrainienne ait également violé le droit humanitaire à certaines occasions, mais estime que "la très large majorité de ces violations, et de très loin, sont attribuables aux forces russes".  

Le chef de l'ONU reçu par Poutine

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres se rendra la semaine prochaine en Russie où il sera reçu par Vladimir Poutine, leur première rencontre depuis le début de l'offensive russe en Ukraine.

Kiev accuse Thales d'avoir vendu du matériel utilisé pour tuer des civils à Boutcha

Un conseiller de la présidence ukrainienne a accusé le groupe français d'équipements de défense Thales d'avoir contourné les sanctions et vendu en 2015 à la Russie du matériel utilisé en Ukraine pour tuer des civils. Une affirmation réfutée par Thales. "Thales s'est toujours conformé strictement aux réglementations françaises et internationales y compris concernant l'application des sanctions européennes de 2014 à l'égard de la Russie", a déclaré le groupe.

Se sevrer du gaz russe pèserait lourdement sur l'économie européenne

L'Europe peut se passer du gaz russe au cours des six prochains mois mais, mais au-delà, l'impact économique serait sévère, a souligné Alfred Kammer, le directeur Europe du FMI, qui préconise une série de mesures alternatives comme réduire la consommation pour constituer des stocks. La réduction des stocks à des niveaux critiques entraînerait de fortes pressions à la hausse sur les prix qui sont déjà à des niveaux record, met en garde le responsable.

L'UE demande des couloirs humanitaires pour la Pâque orthodoxe

Le président du Conseil européen Charles Michel a demandé au président russe Vladimir Poutine lors d'un entretien téléphonique de garantir des corridors humanitaires à Marioupol à l'occasion de la Pâque orthodoxe, qui a lieu le dimanche 24 avril. Plusieurs couloirs humanitaires ont été annulés à la dernière minute dans la ville, et aucun ne pourra avoir lieu ce vendredi a affirmé la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk, jugeant la situation trop "dangereuse" sur les routes.

L'Ukraine estime à 7 milliards de dollars par mois l'aide nécessaire

Voldodymyr Zelensky a estimé devant les dirigeants du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à 7 milliards de dollars par mois l'aide nécessaire pour compenser les pertes économiques causées par la guerre, accusant la Russie de "détruire tous les objets en Ukraine qui peuvent servir de base économique".

Un appel en partie entendu. Le président de Etats-Unis Joe Biden a annoncé une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars pour l'Ukraine. 

La Russie interdit l'entrée sur son territoire à des personnalités américaines

La Russie a interdit jeudi l'entrée sur son territoire à 29 responsables politiques, personnalités médiatiques et hommes d'affaires américains en représailles aux sanctions prises par Washington contre Moscou, dont le dirigeant de Meta, Mark Zuckerberg, et la vice-présidente américaine, Kamala Harris.

La situation humanitaire et la solidarité avec les Ukrainiens

La barre des 5 millions de réfugiés ukrainiens franchie

Le nombre de réfugiés ukrainiens ayant fui l'invasion de leur territoire par l'armée russe fin février continue d'augmenter mais à un rythme quotidien nettement moindre qu'au début de la guerre, selon les chiffres du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés publiés vendredi.  Selon le HCR, 5.133.747 Ukrainiens ont quitté leur pays depuis le début de l'invasion russe le 24 février, soit 48.387 de plus que le chiffre publié jeudi.

Les femmes et les enfants représentent 90% de ces réfugiés, les hommes de 18 à 60 ans étant susceptibles d'être mobilisés et n'ayant pas le droit de partir. Près des deux tiers des enfants ukrainiens ont dû fuir leur foyer, y compris ceux se trouvant toujours dans le pays. Par ailleurs, plus de 7,7 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur de l'Ukraine, en raison du conflit, a indiqué l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). 60% des déplacés sont des femmes.

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