Ebola : les Guinéens de Poitiers inquiets

Devant l'épidémie grandissante du virus Ebola en Afrique et notamment en Guinée, la France est sur le qui-vive. Contrôles sur les liaisons aériennes avec Conakry, dispositif de crise prêt à être déployé, SAMU en alerte... Même si, à ce jour, aucun cas d'Ebola n'a été détecté en France, la vigilance est grande.

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Risque de stigmatisation

Mais attention à ne pas sombrer dans la psychose. La peur grandissante qui entoure Ebola inquiète les Guinéens de Poitiers. La communauté est estimée à plusieurs centaines de personnes dans l'agglomération. Des hommes et des femmes qui ont peur aujourd'hui d'être stigmatisés. A la douleur de voir les proches restés au pays confrontés à une épidémie sans précédent s'ajoute désormais un climat de suspicion "que l'on peut comprendre mais qui est difficile à vivre " explique Bofadé Diaby, secrétaire de l'association des Guinéens de Poitiers.

"Les gens ont peur de nous"

Selon plusieurs témoignages, chez le médecin ou même à l'hôpital, les regards ont changé. En salle d'attente, certains patients refusent parfois de s'asseoir à côté d'une personne de couleur noire. "On se sent menacés, on nous regarde bizarrement et les gens ont peur de nous " regrette Ousmane Dramé, un habitant du quartier des Trois-Cités.

4 suspicions, aucun cas avéré

"Au CHU, c'est la procédure, quand un patient guinéen arrive avec de la fièvre, même si c'est bénin, tout le monde s'écarte, on nous met à part. C'est normal mais c'est un peu dur à vivre. Résultat : certains membres de la communauté ont décidé de ne plus aller à l'hôpital même quand ils sont malades ! " constate l'un des responsables de la communauté. En Poitou-Charentes, seuls quatre cas de suspicions d'Ebola ont été recensés à ce jour. Tous se sont révélés être à chaque fois de fausses alertes.

Un appel aux dons lancé

Les Guinéens de Poitiers vivent aussi très mal la situation dans leur pays. Leurs proches sont exposés à la maladie. On parle de plus de 800 morts et d'environ 1.400 malades soignés dans des conditions parfois précaires. Pour leur venir en aide, la communauté poitevine a décidé de lancer un appel aux dons pour acquérir du matériel qui sera envoyé sur place.