VIDEO - Yvette Lundy fête ses 100 ans : "Je n'ai pas vu le temps passer"

Quand vous poussez la porte de l'appartement d'Yvette Lundy et que vous la remerciez de vous accueillir, elle vous répond : "Vous vous êtes déplacé je vais quand même pas vous fermer la porte au nez !". Encore très alerte, à peine appuyée sur une canne, elle vous ouvre donc la porte de chez elle, avant d’ouvrir la boîte à souvenirs assise dans un fauteuil.

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100 ans de souvenirs "Ca fait un certains nombre de jours, sourit-elle, mais je n’ai pas vu le temps passer". Et pas question pour elle de devenir nostalgique ou d'appréhender le moment où elle soufflera ses 100 bougies "Je sais qu'il y aura des surprises, mes proches me disent de ne m'occuper de rien, alors je me repose pour être en forme le jour J".

Mais à discuter avec cette Sparnacienne, qui vous raconte qu'il lui arrive encore aujourd'hui de se promener pendant plusieurs heures, seules, dans le centre d'Epernay pour faire ses courses, on a du mal à l'imaginer au repos. Et c'est encore plus le cas quand elle revient sur son parcours.

Entrée dans la résistance pour ne pas subir

Yvette Lundy avait 23 ans en 1939. "J'étais active, sportive, gaie", se souvient-elle. La guerre éclate et comme un seul homme, son père, ses frères et soeurs et elle, refusent l'occupation "Il fallait essayer de faire quelque chose", explique-t-elle calmement. Tout ce qui pouvait embêter les Allemands est alors bon à prendre, elle s'amuse quand elle raconte : "Un pneu de vélo crevé, ça n'a pas arrêté la guerre, mais ça les énervait et c'était le principal. Ils nous demandaient la Poste, on les envoyait au cimetière !".

Yvette Lundy était alors institutrice et secrétaire de mairie, alors après les pneus crevés, elle fabrique des faux papiers pour les évadés et elle les loge, aussi. Elle sera faite prisonnière et connaîtra les camps de concentration de Ravensbrück et Buchenwald.

"Raconter mon histoire, c'est gratifiant, stimulant. Je suis satisfaite de l'avoir fait"

A son retour des camps de concentration, dès 1959, elle se propose pour aller au contact des plus jeunes, dans les collèges et les lycées, afin de raconter son histoire et d'entretenir le devoir de mémoire. Dans la France entière elle tient des conférences, jusqu'au mois de janvier dernier, malgré son centenaire qui approche.

"Quand je parle pendant trois heures devant 500 enfants et qu'il n'y a pas un mot, c'est qu'ils sont intéressés et c'est stimulant", explique-t-elle. "A chaque fois j'ai le même regard intéressé face à moi, donc je ne perds pas mon temps. Il fallait le faire, je ne me suis pas forcée et c'est porteur", conclut-elle sans aucune fierté mal placée. Titulaire de la légion d'honneur et de la Croix de Guerre, Yvette Lundy a également un collège qui porte son nom, à Aÿ.

A l'approche de ses 100 ans, celle qui se décrit comme une femme "indépendante et franche", ne regrette rien et serait même prête à recommencer : "Pas pour une bagatelle, mais pour une vraie cause je pourrais redevenir résistante, dans la mesure de mes moyens".

En attendant, elle compte bien profiter de son anniversaire et le fêter avec une (ou plusieurs) coupe de champagne, son pêché mignon. "Boire du champagne, c'est un sacrifice pour les vignerons qui cultivent la vigne, il faut en boire pour les aider à vivre" et elle conclut dans un éclat de rire : "Si il m'arrivait à un moment de ne plus aimer le champagne, je regretterai de ne pas en avoir bu assez".