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Un producteur marnais soupçonné d'avoir produit près de 2 millions de bouteilles de faux champagne

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L'ancienne responsable de la maison Chopin de Soissons, dans l'Aisne, accuse son ex-PDG, le Marnais Didier Chopin, d'avoir fabriqué du "faux champagne", à base de vins importés, de CO2 et de liqueur. La Répression des fraudes a été saisie. Le parquet de Reims envisage d'ouvrir une enquête.

Ludivine Jeanmingin, qui a été responsable du site Didier Chopin de Soissons, dans l'Aisne, accuse son ancien patron d'avoir produit du faux champagne. Ludivine Jeanmingin, qui a été responsable du site Didier Chopin de Soissons, dans l'Aisne, accuse son ancien patron d'avoir produit du faux champagne.
Ludivine Jeanmingin, qui a été responsable du site Didier Chopin de Soissons, dans l'Aisne, accuse son ancien patron d'avoir produit du faux champagne. © Radio France - Marine Protais

Un vigneron marnais est soupçonné d'avoir vendu des milliers de bouteilles de "faux champagne", selon une information de nos confrères de L'Union, confirmée par France Bleu Champagne-Ardenne. Didier Chopin, qui produit du champagne à Champlat-et-Boujacourt, dans la Marne, et du vin pétillant près de Soissons, dans l'Aisne, est accusé par une de ses anciennes salariées d'avoir importé des vins d'Ardèche ou encore d'Espagne pour y ajouter du CO2 et de la liqueur, et le faire passer pour du champagne.

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Selon elle, jusqu'à 1,8 million de bouteilles ont ainsi été vendues, "entre dix et vingt euros", en France et à l'étranger. L'enseigne Leclerc a d'ailleurs retiré des bouteilles de ses rayons. La DGCCRF, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, a été saisie. Des analyses sont en cours.

Le parquet de Reims attend d'avoir reçu le dossier de la DGCCRF pour ouvrir une enquête, "ce qui ne devrait pas tarder", nous précise-t-on. Pour l'instant, la justice ne dispose que du témoignage de cette ancienne salariée, ex-responsable du site de Soissons, que nous avons rencontrée.

En juin 2022, le vin pétillant "change d'aspect"

Embauchée en mai 2021 par Didier Chopin, "qui détient 22 marques de champagne", Ludivine Jeanmingin raconte qu'au début, tout se passait bien, "jusqu'en avril 2022, où les banques ont décidé de ne plus suivre la société Chopin". Et c'est là que, selon elle, tout bascule.

"Monsieur Chopin ne dormait plus. Et en juin 2022, il me téléphone pour me dire qu'il a obtenu un contrat de 800 000 bouteilles de vin pétillant", explique l'ancienne responsable du site axonais. Elle assure qu'à partir de ce moment, les bouteilles jaunes sont remplacées par des vertes, des cartons de bouchons de champagne arrivent, et "la boisson change d'aspect".

"Ça ressemble plus à une boule de Noël qu'à une bouteille de champagne"

Ludivine Jeanmingin affirme que la recette est changée. "On ajoute au vin pétillant du CO2 et de la liqueur, ce qui est tout à fait illégal, et ça créé des copeaux. Donc ça ressemble plus à une boule de Noël qu'à une bouteille de champagne."

Des propos confirmés par un autre employé, toujours en poste, et qui souhaite garder l'anonymat. Il travaille pour un sous-traitant de Didier Chopin. Chargé du transport des bouteilles, entre Soissons et Champlat-et-Boujacourt, il assure avoir vu la production changer à partir de juin 2022

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Licenciée pour faute grave

Ce changement de recette n'est "pas dangereux pour la santé, mais le goût n'est pas bon", selon Ludivine Jeanmingin. Et la vingtaine de clients qui ont récemment laissé un avis négatif sur Google semblent confirmer. Alors elle décide de mener l'enquête, "parce qu'en étant responsable de site, je n'aurais jamais pu dire que je n'étais pas au courant".

Une vingtaine de consommateurs ont laissé un avis négatif au champagne Didier Chopin sur Google.
Une vingtaine de consommateurs ont laissé un avis négatif au champagne Didier Chopin sur Google. © Radio France - Capture d'écran Google

Pendant dix mois, elle a "rassemblé des preuves, en sous-marin avec les renseignements territoriaux, jusqu'au 8 avril, où on a pu tout révéler". Ce jour-là, elle alerte tous ses collègues, par message. Quelques jours plus tard, elle reçoit une lettre commandée. "Je pense que je vais être mise à pied, ça n'a pas loupé. Mise à pied en vue d'un licenciement pour faute grave."

Cette ancienne salariée souhaite le statut de lanceur d'alerte

Ludivine Jeanmingin demande désormais à la justice de la protéger. Elle réclame l'obtention du statut de lanceur d'alerte.

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La DGCCRF doit maintenant déposer son dossier sur le bureau du procureur de la République de Reims. Selon nos informations, elle attend le retour des analyses de bouteilles. Le parquet décidera ensuite pour quel motif il ouvre une enquête, et s'il décide de saisir la Brigade de recherches, ou la Section de recherches.

De son côté, Didier Chopin, que nous avons contacté, n'a pas donné suite à nos demandes d'interview. Mais à nos confrères de L'Union, il a dénoncé des accusations "infondées" et "honteuses".

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