Trafic de drogue à Marseille : 25 interpellations à Font-Vert dans les quartiers Nord

C'est Nicolas Bessone, nouveau procureur de la république de Marseille qui est venu l'annoncer en personne ce mercredi matin au coeur même de la cité Font-vert : "Dans le cadre d'une commission rogatoire, après un travail de longue haleine, 25 personnes soupçonnées de trafic de stupéfiants ont été interpellées. Elles sont en garde à vue. 50 kilos de cannabis ont également été saisis, ainsi qu'un kilo de cocaïne et 25.000 euros en liquide".

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Une "descente" de police qui prouve que les forces de l'ordre ne restent pas inactives face aux trafiquants de drogue, y compris quand ils sont implantés de longue date dans certains quartiers comme ici à Font-Vert. Selon la préfète de police Frédérique Camilleri, 70 points de deal ont été démantelés, 1.850 trafiquants interpellés dans le cadre du "pilonnage" des plans stups à Marseille depuis le début de l'année.

Opération "place nette" pour restaurer le cadre de vie des habitants

À la suite de ces interpellations, c'est une opération d'une tout autre nature qui a suivi dans cette cité sensible des quartiers nord ce mercredi matin. "Nous enlevons les barricades et les encombrants qui sont placés de manière à ralentir les interventions de police. On évacue les voitures "tampon" qui gênent la circulation et les accès aux parkings. On efface aussi les tags en lien avec les bailleurs sociaux, pour effacer les stigmates du trafic et restaurer le cadre de vie des habitants", précise la préfète de police.

"Il faut y voir une méthode globale" selon Nicolas Bessone. "Il y a le travail de la justice, celui de la police, nous allons tout faire pour décapiter le trafic dans ce quartier. Et puis il y a ce type d'opération pour éviter que les points de deals ne se réinstallent. J'entends dire que les dealers vont revenir très vite ? Nous reviendrons aussi interpeller ceux qui se prêtent à ces trafics."

"On vit l'enfer ici" (Zaïa, habitante de Font-Vert)

De leur côté, les habitants sont moins optimistes que les forces de l'ordre. Le quartier est gangréné de longue date par le trafic de stupéfiants et la violence. Ces opérations sont "des coups d'épée dans l'eau" selon un habitant qui tient à rester anonyme. "On les voit pendant deux jours et ensuite, on ne voit plus personne pendant huit mois. Ils passent sans s'arrêter, on entend crier "arah (attention)" et puis rien ne se passe", continue ce retraité qui vit ici depuis 1982.

Pour Zaïa, ces "coups de balai" font du bien, mais au fond, ne changent rien : "On vit dans un autre monde ici, on vit l'enfer ! On a peur de prendre une balle perdue depuis qu'on a tiré à la kalashnikov au pied du bâtiment C. On est angoissé dès le matin, on se sent mal, on n'ose à peine sortir faire les courses. Il y a 40 ans le quartier était super, maintenant, on vit la peur au ventre. Moi, ça me dégoûte, je voudrais partir, mais pour aller où ?"

Pour Issa, les opérations "place nettes" ne sont "que du cinéma. Ça sert à quoi de fouiller les parties communes ? Trouver deux barrettes de shit ? Vous croyez que c'est ça qu'il faut faire ? Il faut prendre le problème à la source. Les habitants sont abandonnés par les pouvoirs publics. Pas de travail, des salaires de misère, la police qui a déserté, des jeunes laissés à l'abandon, c'est ça le vrai problème. On se fait notre propre sécurité nous-mêmes. Moi, je veille sur mes enfants, on se protège entre voisins, mais la police n'est jamais là. Quant aux trafiquants, ils sont ailleurs".