Passer au contenu
Publicité

Violée lors d'une séance de magnétisme, elle témoigne : "J'étais choquée, mais c'était lui l'expert"

Par

Bérénice, 33 ans, fait partie des victimes de l'homme jugé pendant deux jours devant la cour d'assises de l'Hérault pour viols. Il abusait de jeunes femmes lors de séance de magnétisme et d'hypnose. Bérénice a accepté de raconter son calvaire à France Bleu Hérault.

cour d'assises  (illustration) cour d'assises  (illustration)
cour d'assises (illustration) © Radio France - Delphine-Marion Boulle

Un procès particulièrement sordide s'ouvre ce jeudi matin devant la cour d'assises de l'Hérault. Un homme de 77 ans comparait pour une multitude de viols commis dans un domaine viticole de Saint-Jean-de-Fos entre 2013 et 2015. Il y exploitait des chambres d'hôtes, et après avoir sympathisé avec ses clientes, il proposait des séances d'hypnose et de magnétisme.

Publicité

C'est lors ces séances qu'il violait les jeunes femmes, une vingtaine de victimes au total dont sept seront présentes lors du procès. En revanche l'accusé, lui, sera absent. Il a pris la fuite en 2015 après avoir vendu son domaine pour s'installer en Floride.

Ce jeudi matin, Bérénice, une des victimes, a accepté de raconter son calvaire sur France Bleu Hérault. Elle était venue passer un weekend tranquille avec sa compagne. Lorsque le propriétaire du mas lui a proposé une séance de magnétisme, elle s'est laissée convaincre. 

"Pour que les chakras passent, il faut enlever tous vos vêtements"

"Quand on rentre déjà, on est dans une salle de massage, une petite salle avec lumière tamisée. Je me déshabille, mais je garde mes sous vêtements. Mais il me dit "faut enlever vraiment tous les vêtements sinon les énergies ne passent pas à travers les vêtements. Il faut aussi enlever la culotte parce qu'un des chakras se trouve sur le pubis. Donc, pour que l'énergie passe entre ma main et le chakra racine, il faut enlever les vêtements et la culotte." 

Donc là, j'étais très gênée. Mais comme c'était lui l'expert... C'est comme quand on va voir un médecin. On se dit c'est lui qui a l'expertise. S'il dit de faire ça, c'est que c'est comme ça que ça se fait. Je me suis retrouvé nue, couchée sur cette table de massage et il a commencé à me frôler tout le corps avec ses mains. Faire comme il dit "de l'effleurage", c'est toucher du bout des doigts, tout le corps de haut en bas, en frôlant mes seins, en frôlant mon pubis. 

"Il avait une explication à tout."

Et puis tout s'est enchaîné vraiment crescendo. Il faut savoir que ça a duré entre 30 et 45 minutes. En fait, j'ai été choquée et sidérée par ce qui se passait, je n'arrivais pas à bouger. J'étais meurtrie et en même temps, j'essayais de rationaliser et je lui posais des questions. Est ce que c'est comme ça que ça se passe, les séances de magnétisme ? C'est quoi la suite ? 

Et lui, il était très serein, très serein. Il continuait ce qu'il faisait et il avait toujours une explication à tout. Il disait "Vous savez, ça fait plus de 20 ans que je fais ça. J'ai soulagé beaucoup de maux de femme et maintenant, beaucoup de femmes vont beaucoup mieux grâce à moi." Et finalement, quand on nous donne des faits de la science, soi-disant de la science, et qu'on n'y connait rien, on écoute et on se dit, ah ben oui, c'est lui l'expert. C'est lui qui a raison. 

"Je me suis dit, je vais enfin pouvoir sortir de cet enfer, mais c'est là qu'il a mis son doigt dans mon vagin."

À un moment donné, il m'a demandé de me retourner et là, je me suis dit, ça y est, c'est sûrement fini. Il va peut être me masser le bas du dos, parce que je lui avais dit que j'avais mal au dos, et je vais pouvoir partir. Je vais pouvoir m'enfuir de cet enfer. Mais ça allait aller encore plus profondément dans l'enfer. En fait, avec sa main gauche toujours, il a posé ses mains sur mon dos et j'ai senti son doigt avec sa main droite, son doigt à l'intérieur de mon vagin. Et là, je me suis complètement contractée, si bien que qu'il était impossible pour lui de sortir son doigt de mon vagin, tellement j'étais contractée.  

"C'était comme si je voyais la scène à côté de moi-même."

J'étais pétrifiée.  En fait, c'est comme si je voyais la scène en étant à côté de moi-même sans pouvoir bouger. Et lui, il soufflait de plus en plus fort. Il soufflait vraiment comme un bœuf. Il a de suite pris mes seins dans une main et là, il a écarté deux suites mes lèvres et  a frotté très fort ses doigts sur mon clitoris. Et il soufflait très fort. Et là, il m'a dit "C'est à vous de me dire ce qu'il faut que je fasse pour que vous sentiez cette chaleur, pour que vous soyez libérée des énergies, pour que vos chakras soient rééquilibrés ? Vous allez sentir une chaleur qui monte, qui monte jusqu'à explosion". 

"Il voulait me faire atteindre l'orgasme."

Et à ce moment là, il me faisait très mal puis il a accéléré de plus en plus fort. Et là, je lui ai dit, "mais non, je ne vais pas arriver plus loin. Je ne sens pas cette chaleur" parce qu'en fait, il parlait de quoi quand il disait une chaleur qui va monter et monter jusqu'à explosion ? Pour moi, j'entends ça comme un orgasme, un orgasme féminin. Et là, je lui ai dit non, j'y arriverai pas. Et là, il s'est arrêté, il s'est arrêté. 

"Il m'a volé mon corps, je suis à jamais meurtrie."

Il m'a dit "la séance est terminée" et je me suis rhabillée. Je suis sortie choquée, en état de sidération, en dissociation. Ça m'a pris plusieurs jours et semaines pour mettre des mots sur le mot viol, sur le mot agression sexuelle et pour l'accepter, que ça ait pu ma voler mon intimité. Il m'a volé mon corps à ce moment là et moi, je suis et je serai à jamais meurtrie. Et je pense là, clairement, c'est le monde à l'envers, c'est à dire que ce sont les victimes qui sont emprisonnées. Et les bourreaux, les prédateurs, les manipulateurs qui sont en liberté et qui vivent leur meilleure vie.  

loading

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined