Passer au contenu
Publicité

Séquestrée durant trois ans en Charente-Maritime et désormais menacée d'être à la rue

- Mis à jour le
Par

C'était le 24 août à Bignay (Charente-Maritime) : Gaëlle fuyait sa maison, accusant sa mère et sa sœur de l'avoir séquestrée durant trois ans. Mais sa reconstruction est semée d'embûches. Ce weekend des 9 et 10 octobre à Saintes, la jeune femme a failli se retrouver à la rue.

Gaëlle a vécu longtemps dans cette maison insalubre de Bignay, dans les trois dernières années séquestrée dans une pièce aux fenêtres barricadées avec des planches "parce que j'avais essayé de m'enfuir en cassant les fenêtres" assure la jeune femme. Gaëlle a vécu longtemps dans cette maison insalubre de Bignay, dans les trois dernières années séquestrée dans une pièce aux fenêtres barricadées avec des planches "parce que j'avais essayé de m'enfuir en cassant les fenêtres" assure la jeune femme.
Gaëlle a vécu longtemps dans cette maison insalubre de Bignay, dans les trois dernières années séquestrée dans une pièce aux fenêtres barricadées avec des planches "parce que j'avais essayé de m'enfuir en cassant les fenêtres" assure la jeune femme. © Maxppp - Xavier Léoty

Séquestrée durant trois ans, et menacée aujourd'hui de se retrouver à la rue... Un mois après avoir échappé à un enfer familial, Gaëlle n'a toujours pas trouvé un début de stabilité. C'était le 24 août dernier à Bignay (entre Saintes et Saint-Jean-d'Angély, en Charente-Maritime) : la jeune femme de 26 ans s'enfuit de chez elle en pleine nuit. Recueillie par une voisine puis par les gendarmes, Gaëlle accuse sa mère et sa sœur de l'avoir séquestrée durant trois années dans une maison insalubre, sans électricité ni chauffage. Séquestration accompagnée de nombreuses violences, que la justice cherche maintenant à caractériser.  Les deux femmes ont été mises en examen pour "séquestration de nature criminelle", elles ont été écrouées. 

Publicité

Mais pour Gaëlle, la reconstruction qui commence est un parcours semé d'embûches. Ce weekend la jeune femme a bien failli se retrouver à la rue, heureusement mise à l'abri par une retraitée saintaise. Prévenue par son fils, Marie-Béatrice Vergnaud a découvert Gaëlle vendredi 8 octobre à la nuit tombante, sur un banc public en plein centre-ville de Saintes. Frigorifiée et affamée, perdue : "Elle avait deux euros sur elle, une malheureuse photocopie de carte d'identité, et rien. Absolument rien." De quoi bouleverser cette sexagénaire, mère de trois enfants : "J'avais été un peu informée de son histoire, que j'avais trouvée insupportable. Et je la revois dans un état de délabrement identique. Ce n'est pas possible !".

Gaëlle : "je voudrais mon propre appartement"

Marie-Béatrice n'écoute alors que son cœur, et conduit la jeune femme dans un hôtel, dont elle paie la chambre pour le weekend (l'hôtelier fait un geste lui aussi). C'est là que nous rencontrons Gaëlle, ce dimanche matin. Et qu'elle nous raconte son parcours. La jeune femme nie toute forme de maladie et de séquelles psychiatriques, mais elle a une obsession : ne plus jamais se laisser dicter ses choix. "Je voudrais avoir mon propre appartement, et ensuite décider ce que je veux faire. Travailler, ou suivre des études, une formation. Mais je veux décider moi-même. Quand on a été séquestrée, il ne faut pas vouloir contraindre la personne."

Quand Marie-Béatrice Vergnaud a découvert Gaëlle, la jeune femme n'avait que deux euros en poche : ""j'avais été un peu informée de son histoire,. Et je la revois dans un état de délabrement identique. Ce n'est pas possible !"
Quand Marie-Béatrice Vergnaud a découvert Gaëlle, la jeune femme n'avait que deux euros en poche : ""j'avais été un peu informée de son histoire,. Et je la revois dans un état de délabrement identique. Ce n'est pas possible !" © Radio France - Julien Fleury

La contrainte, c'est précisément ce qu'a ressenti Gaëlle, après un peu plus de trois semaines à l'hôpital, où elle avait été recueillie juste après sa fuite, à Saintes puis à Saint-Jean-d'Angély : "Un jour, le médecin m'a dit qu'il voulait me garder plus longtemps. Mais moi je voulais partir. Donc je me suis dirigée vers la sortie, et là on m'a prise, les soignants se sont mis à plusieurs pour me tenir, j'ai eu des griffures sur le corps." Vue par un psychiatre saintais, la jeune femme obtient finalement de quitter l'hôpital. "Avant l'entretien, j'avais prévenu un avocat, qui s'est présenté à l'hôpital. Et je pense que ça a joué. Sans l'avocat, je ne sais pas si on m'aurait laissée sortir..."

loading

Alertés, les élus de Saintes promettent d'agir

Le commissariat de Saintes l'héberge plusieurs nuits, les policiers lui offrent des repas. Ils l'aiguillent également vers une association d'insertion qui lui décroche une chambre d'hôtel, prise en charge inadaptée. La voilà orientée vers un appartement à Saujon, ce qu'elle refuse. La ville lui fait peur, inconnue et trop petite : "Je ne sais pas comment l'expliquer, mais dans une petite ville j'ai peur de me sentir restreinte. Je préfèrerais aller à La Rochelle, ou même une grande ville d'une autre région." Puis ce sera une seule nuit dans une halte à Rochefort. Un supplice : "Dans les haltes, on ferme à 22h. Mais moi, après ce que j'ai vécu, c'est non. Je ne peux pas supporter qu'une personne m'enferme et qu'elle parte. Il me faut toujours la possibilité de sortir."

Alors Gaëlle rentre à Saintes, et quitte cette structure, se paie quelques nuit d'hôtel avec ses maigres économies. Et se retrouve rapidement sans rien. Sans soutien non plus, puisqu'elle ne voit plus son père, et que sa mère et sa sœur, seule famille qui lui reste, sont en prison. C'était avant l'arrivée de Marie-Béatrice qui a tenté ce weekend de remuer ciel et terre, pour trouver une solution pérenne : "elle est déjà victime, on lui a volé trois ans de sa vie. Et en plus elle est intelligente, elle a une certaine joie malgré tout ce qu'elle a vécu. Elle a envie de vivre !". Alertée, l'élue Véronique Abelin-Drapron, femme du maire de Saintes, promet de faire le tour des services sociaux dès ce lundi matin.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined