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Saint-André-lez-Lille : des compagnons sans-papiers en grève, ils dénoncent un travail dissimulé chez Emmaüs

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Les compagnons d'Emmaüs de la Halte Saint Jean à Saint André-lez-Lille sont en grève depuis une semaine. Ils dénoncent des conditions de travail indignes. La justice a depuis ouvert une enquête pour traite d'être humains.

Une vingtaine de compagnons ont manifesté devant les locaux d'Emmaüs à Saint-André-lez-Lille Une vingtaine de compagnons ont manifesté devant les locaux d'Emmaüs à Saint-André-lez-Lille
Une vingtaine de compagnons ont manifesté devant les locaux d'Emmaüs à Saint-André-lez-Lille © Radio France - Romane Porcon

Depuis une semaine, les compagnons d'Emmaüs de la Halte Saint Jean sont en grève à Saint André-lez-Lille. Ils dénoncent des conditions de travail indignes et accusent la directrice Anne Singier, de traite d'être humains. Une dizaine d'entre eux ont témoigné pour la première fois dans une enquête révélée par le site d'information en ligne Street Press. Depuis la justice s'est saisie du dossier, et a ouvert une enquête pour traite d'êtres humains. La communauté Emmaüs de Saint-André-lez-Lille a été perquisitionnée par l'Office central de la lutte contre le travail illégal, le mardi 13 juin.

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Des conditions de travail difficiles, et des violences psychologiques selon les compagnons

Chez Emmaüs, les personnes sont nourries, logées, en échange d'une participation à la vie de la communauté et les sans papiers peuvent voir leur dossier de régularisation appuyé au bout de trois ans chez Emmaüs. Au sein de la Halte Saint Jean, la responsable de la communauté Emmaüs Anne Saingier, est soupçonnée d'avoir exploité des dizaines de travailleurs sans papiers, sur la base d'une fausse promesse : le statut de compagnon, et l'appui de leur dossier de régularisation. Sauf que selon certains sans papiers, cela n'a jamais été le cas.

Une vingtaine de sans-papiers se sont rassemblés ce lundi à Saint-André-Lez-Lille pour manifester leur colère. La CGT et le comité des sans-papiers sont présents à leurs côtés. Tous affirment avoir été recrutés avec la promesse d'être régularisés au bout de trois ans. Mawloud Fekir, est arrivé il y a 7 mois dans la communauté : "La directrice a donné de fausses promesses. Elle a dit qu'on est des compagnons, elle a dit qu'au bout de trois ans, on pouvait préparer nos papiers pour la préfecture, pour la régularisation. Je pensais que c'était le paradis Emmaüs, l'Abbé Pierre a crée cela pour aider les gens, et pas pour qu'on travaille comme des esclaves !"

Ils dénoncent des cadences de travail infernales. En 4 ans, Ibrahima Yattara est tombé plusieurs fois malade, la directrice l'aurait alors menacé de le mettre à la porte : "On a eu beaucoup d'intimidation, d'humiliation. Quand on tombe malade, on lui donnait notre papier d'arrêt maladie, elle le déchirait devant toi." L'espoir d'être un jour régularisé a fait tenir Alix, une mère de famille gabonaise, elle compte bien se battre pour obtenir justice : "Nous sommes en grève pour espérer que ce système pour réduire les gens en esclavage cesse. On ne peut pas appeler des gens bénévoles si on travaille 8h par jour, 40h semaine. Je suis sûre que ce problème n'est pas propre qu'à Emmaüs Saint-André."

Dans leur combat, ils sont accompagnés par la CGT et le comité des sans-papiers. Saïd Bouamama est le porte-parole de l'association : "On a l'habitude de découvrir des situations de surexploitation, mais franchement, on a jamais vu ça, on est devant un scandale national, il va falloir aller regarder dans les autres Emmaüs. Il faut que l'enquête aille jusqu'au bout."

La direction affirme qu'il n'y a pas eu de fausses promesses

Du côté de la direction, on affirme qu'il n'y a pas eu "de fausses promesses, plusieurs hébergés sont persuadés, malgré nos explications qu'après trois ans, ils seront automatiquement régularisés." Le président de la communauté Pierre Duponchel soutient « à 100 % » sa directrice, selon lui, il s’agirait « d’un coup bien préparé dont l’objectif pourrait être la tentative de certaines personnes en situation irrégulière d’obtenir rapidement un titre de séjour qu’elles ne parviennent pas ou pas encore à obtenir par la voie habituelle" Toujours d'après la direction, "la loi sur l'immigration de 2018, ouvre à toute personne en situation irrégulière la possibilité d'obtenir facilement et rapidement un titre de séjour temporaire si l'intéressé dépose plainte comme victime de trafic d'être humain".

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