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PMA pour toutes : un an après, l'attente reste longue pour les femmes en Alsace

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La loi bioéthique ouvrant la PMA à toutes les femmes a été promulguée le 2 août 2021. Un an après, le Centre médico-chirurgical obstétrique (CMCO) de Strasbourg voit la demande exploser. Les équipes médicales s'adaptent à l'afflux de patientes, en majorité des couples de femmes et des femmes seules.

Service de procréation médicalement assistée dans un hôpital de Neuilly. Service de procréation médicalement assistée dans un hôpital de Neuilly.
Service de procréation médicalement assistée dans un hôpital de Neuilly. © AFP - JULIE LIMONT

Depuis le 2 août 2021, la procréation médicalement assistée (PMA), est accessible à toutes les femmes, qu’elles soient en couple avec un homme, une femme ou célibataires. En quelques mois, les demandes de dons de sperme ont explosé, notamment chez les femmes seules, majoritaires au niveau national (53% des demandes de premier rendez-vous). 

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Dans les hôpitaux d’Alsace, il y a un important afflux de patientes. Depuis le début de l’année 2022, Strasbourg et Mulhouse comptent une majorité de projets de PMA chez les couples de femmes, avec 62 ouvertures de dossiers, contre 43 chez les femmes seules et 21 parmi les couples hétérosexuels. Auparavant, les médecins ne comptaient qu'une cinquantaine de demandes de paillettes de sperme par an. L'attente était forte, mais les candidates à la PMA vont encore devoir être patientes, car les délais sont longs.

Ce qui compte, c'est avoir un enfant - Jeanne, bénéficiaire de la PMA

C'est notamment le cas de Jeanne. Âgée de 35 ans, elle devrait recevoir sa première paillette à l'automne prochain, en octobre ou novembre, près d'un an après son premier rendez-vous. Elle n'a pas demandé de caractères physiques particuliers chez le donneur, ce qui aurait retardé l'insémination. Les biologistes se calqueront donc uniquement sur ses propres attributs ethniques.

Jeanne se réjouit de voir la PMA s'ouvrir à sa situation. Elle fait partie des pionnières chez les femmes seules en Alsace. "Les gens ne sont pas habitués, ce n'est pas encore entré dans les mœurs, observe-t-elle_. Pour les anciennes générations c'est un peu bizarre, alors j'explique. Ce qui compte pour moi c'est d'avoir un enfant. Et j'estime qu'avoir deux parents n'est pas forcément synonyme de bonheur, sinon il n'y aurait pas d'enfants maltraités._"

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Avant que la loi soit promulguée en France, Jeanne envisageait d'aller en Belgique pour obtenir un don de sperme. Même chose pour Fiona, 30 ans, qui vient tout juste de se lancer dans un parcours de PMA avec sa compagne. Elles ont pu obtenir rapidement un premier rendez-vous au CMCO de Strasbourg grâce à un désistement. Habituellement, il faut compter trois à quatre mois d'attente.

En couple depuis six ans, elles n'ont pas contacté l'hôpital aussitôt après la promulgation de la loi, mais seulement début août 2022. "On a acheté une maison il y a six mois. Ma compagne s'est sentie prête à avoir un enfant peu de temps après, alors que ce n'était pas le cas avant, raconte Fiona, qui donnera naissance au futur bébé. "J'ai toujours eu le désir de porter un enfant. Et pourtant, une fois la décision prise, j'ai mis du temps avant de téléphoner au CMCO... Parce que c'était réel."

Participer à l'évolution des mœurs - Jeanine Ohl, gynécologue-obstétricienne

La plupart des nouvelles patientes ont demandé à s'inscrire au premier trimestre de l'année 2022. "On peut dire qu'en six mois, notre activité a été multipliée par trois par rapport à ce qui se faisait auparavant en un an, calcule Jeanine Ohl, gynécologue-obstétricienne au CMCO de Strasbourg, en charge du don de gamètes. Il y a un certain empressement chez ces femmes. Elles attendent depuis trop longtemps. Elles ont déjà éventuellement piétiné à l'étranger, sont pressées, donc c'est normal qu'il y ait un afflux initial. Je pense que la demande va se lisser ces prochaines années." 

Le médecin souligne également la fatigue et la pression accumulées par le personnel hospitalier, qui doit se charger de toutes les nouvelles demandes de PMA à effectif constant.

Au quotidien, Jeanine Ohl considère que la loi bioéthique n'a pas révolutionné son travail, "si ce n'est que ça nous oblige à élargir notre manière de voir le monde". "Je pense que j'ai appris, je pose des questions moins naïves, ajoute-t-elle. J'essaye d'être transparente et d'exposer mes interrogations." La gynécologue trouve en tout cas "extraordinaire de pouvoir participer à l'évolution des mœurs".

Affichage favorable à la PMA.
Affichage favorable à la PMA. © AFP - CLAIRE SERIE

Des évolutions espérées pour les hommes trans

La loi bioéthique ne répond toutefois pas encore à toutes les situations, notamment concernant les hommes trans. "La loi dit qu'il faut proposer l'autoconservation de ses ovocytes à un homme trans en vue d'une future PMA, mais elle ne les autorise pas à utiliser ces mêmes ovocytes après un changement d'état civil, pointe Jeanine Ohl. Il faudrait plus de cohérence dans la législation."

Pénurie de paillettes

Face à une demande en hausse de dons de gamètes, l'offre ne suit pas. La pénurie de paillettes de sperme est toujours importante. Conséquence : le délai d’attente avant une première insémination artificielle reste d’environ un an en Alsace… Les premiers bébés issus de la loi bioéthique ne devraient pas voir le jour avant le printemps 2023.

Ce délai pourrait même s'allonger. En effet, la loi bioéthique évolue à partir du 1er septembre concernant l'anonymat du don de sperme. Les futurs donneurs devront désormais consentir au fait que leur nom, leur âge et leurs caractéristiques physiques puissent être transmises à l'enfant à partir de 18 ans. Les paillettes prélevées anonymement avant la promulgation de cette loi et encore non utilisées ne seront donc plus valables... sauf si les donneurs reviennent valider la transmission de leur identité.

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