Pédophilie : un établissement jésuite de Paris soupçonné d'avoir couvert des attouchements

C'est une nouvelle affaire de soupçons de pédophilie que révèle ce mardi "Secrets d'Info", la cellule d'enquête et d'investigation de Radio France. Elle concerne cette fois-ci un établissement privé parisien : Saint-Louis-de-Gonzague, géré par les Jésuites dans le 16e arrondissement. Un établissement prestigieux où sont passés des personnalités comme Bruno Le Maire ou Luc Chatel.

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L'affaire remonte aux années 50 : selon les informations de "Secrets d'Info", pendant un voyage en colonie de vacances, l'un des responsables de l'institution s'est livré à des attouchements sur l'un des élèves, Jean-Pierre Martin-Vallas, alors âgé de 8 ans. Le curé en question est aujourd'hui décédé.

Une dizaine de témoignages

"Quand il est passé devant moi, il est entré dans mon lit, il a commencé à me caresser le torse, en passant ses mains sous ma veste de pyjama, puis à un moment il a passé sa main à l'intérieur de ma culotte de pyjama sur mes fesses. J'ai réagi, il a sorti du lit et je n'en ai plus entendu parler", raconte-t-il aujourd'hui, après avoir longtemps gardé le silence.

Persuadé que ce prêtre jésuite a fait d'autres victimes, l'homme a envoyé des messages à mille anciens élèves, et a reçu en retour dix nouveaux témoignages de victimes, dont certains sont édifiants. En 2010, il alerte l'établissement et demande l'ouverture de l'enquête interne, ce que refuse la direction. Le chef des jésuites de France adresse à Jean-Pierre Martin-Vallas une fin de non-recevoir.

"Groupe d'accueil"

S'ensuivent quatre années de bras de fer : Jean-Pierre Martin-Vallas s'adresse au Vatican, et en réponse, les Jésuites consentent à mettre en place un "groupe d'accueil" en 2014. "C'est un groupe chargé d'inviter les victimes à prendre du thé avec les Jésuites, à écouter des paroles mielleuses et onctueuses, et à repartir en ayant refermé la boîte de pandore, pour ne plus jamais en parler", dénonce l'ancienne victime.

Effet collatéral des affaires de pédophilie signalées dans d'autres paroisses : Jean-Yves Grenet, le chef des Jésuites de France, déclare "envisager de dire aux personnes qui ont été victimes que nous sommes disponibles pour les entendre. Dois-je lancer une enquête ? (...) Je ne peux pas répondre là-dessus aujourd'hui".