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"On est en état de choc" : élèves et professeurs témoignent après l'attaque au couteau d'Arras

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Une attaque au couteau a provoqué la mort d'un enseignant et fait trois blessés ce vendredi dans un lycée d'Arras (Pas-de-Calais). L'assaillant, fiché S, a été interpellé. Cette agression mortelle a provoqué l'effroi et l'émotion des élèves et des professeurs. Ils témoignent.

L'attaque au couteau a fait un mort et deux blessés graves dans ce lycée d'Arras, dans le Pas-de-Calais. L'attaque au couteau a fait un mort et deux blessés graves dans ce lycée d'Arras, dans le Pas-de-Calais.
L'attaque au couteau a fait un mort et deux blessés graves dans ce lycée d'Arras, dans le Pas-de-Calais. © AFP - FRANCOIS LO PRESTI

Le choc après l'attaque au couteau dans la cité scolaire Gambetta-Carnot d'Arras ce vendredi. Un assaillant de nationalité russe, fiché S, a tué Dominique Bernard, un professeur de français, et blessé gravement un professeur d'EPS et deux agents de l'établissement. Cet ancien élève, Mohammed M., a été interpellé par les forces de l'ordre tout comme son frère. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi et a ouvert une enquête. La communauté éducative et les élèves témoignent de ce qu'ils ont vécu et de leur vive émotion alors que cette attaque intervient presque trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty.

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"Mouvement de panique"

Un enseignant de philosophie ayant assisté à l'attaque, Martin Dousseau, a décrit un "mouvement de panique" au moment de l'intercours de 11h, quand un jeune homme, selon lui armé de deux couteaux, s'est attaqué à des adultes dans la cour. "À l'intercours en sortant, j'ai vu que les élèves étaient en train d'être confinés et j'ai vu effectivement l'agresseur s'en prendre à une personne de la cantine", a-t-il indiqué.

"Il le poursuivait et il le menaçait avec un couteau. Il l'avait déjà apparemment frappé parce que ce chef cuisinier avait du sang sur les mains et semblait effectivement blessé", a-t-il ajouté. Martin Doussau assure que l'assaillant cherchait à trouver un professeur d'histoire. Alors qu'un jeune collègue le dissuadait d'intervenir, "l'agresseur s'est quand même retourné vers moi en voyant que je m'étais avancé, que j'avais commencé à lui parler, il m'a dit : 'Vous êtes professeur d'histoire ? Vous êtes professeur d'histoire ?'". "J'ai été effectivement poursuivi pendant quelques minutes, quelques instants, je me suis réfugié derrière la porte vitrée de l'établissement", jusqu'à ce que la police intervienne et immobilise le suspect et l'interpelle.

Les élèves confinés

Lors de l'attaque, les élèves à l'intérieur de l'établissement ont été confinés. Interrogé par France Bleu Nord, une élève a expliqué s'être réfugiée dans le réfectoire avec ses camarades : "On pensait que c'était un exercice, personne ne l'a pris au sérieux. On a stressé quand on nous a dit que le personnel n'était pas au courant", a-t-elle raconté. Dans la cantine, "l'ambiance était très noire, personne ne se parlait. On était tous sur nos téléphones. Il y a eu beaucoup de crises d'angoisse". Un autre élève confirme l'angoisse qui régnait dans la cité scolaire. Sur France Bleu Nord, il a évoqué des jeunes "très paniqués, en pleurs". Rémi, élève en BTS, a raconté à France Bleu Nord comment ils ont dû se confiner avec sa classe pendant l'intervention des CRS : "On a fermé les rideaux, on s'est confinés comme on pouvait. On a fermé la porte, on essayait de rester le plus discrets possible" a-t-il détaillé, en précisant que ce confinement forcé a duré "1h30". "À cent personnes dans la même salle, il commence à faire chaud".

Aymane, élève de 3e dans cette cité scolaire d'Arras, a raconté à France Bleu Nord avoir assisté à l'attaque et dit avoir vu l'assaillant avec son couteau alors qu'il s'apprêtait à aller déjeuner. À ce moment-là, il y avait trois personnes autour d'assaillant dont son professeur de sport. L'adolescent a expliqué avoir couru au fond de la cour pour échapper à l'agresseur. "Il a commencé à planter l'homme de cantine" a raconté avec ses mots le jeune collégien.

"On est touchés en plein cœur"

"C'est une barbarie, c'est une atrocité, a témoigné auprès de France Bleu Nord Christine, professeure de mathématiques au sein de l'établissement. ll n'y a pas de mots, c'est juste une horreur". France Bleu Nord a également recueilli le témoignage de Béatrice Sauvage, professeur, et épouse d'un enseignant de la cité scolaire Gambetta-Carnot. Elle a rapidement été mise au courant de l'attaque par son mari. "J'ai eu un SMS de mon mari qui est en cours pour me dire qu'il était confiné avec 40 élèves et d'écouter les infos. J'ai allumé la radio tout de suite, j'ai pris conscience de la gravité des choses et je suis allé voir à l'école de mes enfants qui sont dans le quartier aussi, a-t-elle détaillé sur France Bleu. Et voilà, je suis venu me rapprocher du lycée pour savoir ce qu'on pouvait faire. Mais on ne peut rien faire. On est complètement impuissants face à cette situation", a déclaré, émue, Béatrice Sauvage.

L'enseignante a aussi exprimé sa grande émotion : "Je n'ai pas de mots et ça aurait pu être mon mari. Ce n'est pas mon mari, mais je suis extrêmement choquée pour toutes les personnes qui vont être touchées de près par ce drame", a-t-elle confié à France Bleu Nord. "On est en état de choc. Comment peut-on partir travailler et ne pas en revenir ? On travaille pour l'éducation, pour les connaissances. On travaille pour faire grandir les gens et en fait, on est touchés en plein cœur" ajoute-t-elle. "On se demande pourquoi ? Et pourquoi maintenant ?" s'est aussi questionnée, de son côté*,* Catherine Piécuche, secrétaire académique du SNES-FSU qui a enseigné plusieurs années dans cet établissement. Et pourquoi les enseignants ? Alors que, comme je vous le disais, nous sommes en charge de l'éducation et de l'émancipation des jeunes". Cette attaque rappelle de sombres souvenirs à la communauté éducative : il y a presque trois ans, le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, était assassiné par un terroriste islamiste à Conflans-Saint-Honorine en région parisienne.

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