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TÉMOIGNAGE - Mort de Tessa : sa mère ne veut pas de haine envers le responsable de l'accident

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Après les aveux du jeune homme de 24 ans qui a percuté et tué Tessa, en décembre 2018 à Saint-Julien-de-Concelles, la mère de la jeune femme s'est confiée à France Bleu Loire Océan. Un témoignage digne et poignant.

"Notre fille avait la rage de vivre" confie la mère de Tessa. "Notre fille avait la rage de vivre" confie la mère de Tessa.
"Notre fille avait la rage de vivre" confie la mère de Tessa. - (photo confiée par la famille de Tessa)

La maman de Tessa, Florence Jouve, se confie au lendemain du dénouement dans ce qui sera resté un mystère pendant quatre ans et demi. Elle connaît aujourd'hui l'identité du conducteur de l'engin de chantier qui a percuté et tué sa fille de 17 ans, le 20 décembre 2018 en début de soirée, alors qu'elle rentrait chez elle à pied, à Saint-Julien-de-Concelles. Très digne, soulagée aussi, elle appelle à l'apaisement.

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D'abord, comment avez-vous réagi en apprenant que quelqu'un avait été placé en garde à vue ?

Florence Jouve : "Quand on a eu l'appel nous prévenant qu'une personne avait été placée en garde à vue, j'arrivais à peine à respirer [c'était la première mise en garde à vue depuis l'accident, ndlr]. J'ai mis un petit moment à prendre conscience de ce qui se jouait. Ces 48 heures ont été extrêmement éprouvantes émotionnellement. D'abord, parce que j'avais cette nécessité de me préserver et Christophe, le papa de Tessa, était dans le même état d'esprit. On gardait en tête qu'une garde à vue ne signifiait pas forcément que l'on soit arrivé au bout des choses. Donc pendant 48 heures, on n'a pas beaucoup dormi. Et puis, jeudi soir, il y a eu ce soulagement, cette délivrance. Non pas de savoir qui a fait ça, mais de se dire que, ça y est, on est arrivé au bout. Et on va enfin pouvoir lâcher prise".

"Je suis qui, moi, pour juger comment on réagit dans une situation comme celle-là ?"

Aujourd'hui, vous appelez à l'apaisement.

"Il y a eu un déchaînement de haine autour de la famille du jeune homme responsable de l'accident. Et moi, ça m'a énormément touchée. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, uniquement pour ça. Aujourd'hui, je suis qui, moi, pour juger comment on réagit dans une situation comme celle-là ? [le jeune homme s'était arrêté au bord de la route après l'accident avant de repartir et de se taire pendant quatre ans et demi, ndlr]. Je voudrais qu'on remette de l'humanité dans tout ça. Ce jeune homme, il a 24 ans. 24 ans. Il avait 20 ans quand ça s'est passé. Il n'a pas décidé, ce matin-là, qu'il allait tuer quelqu'un. L'accident, c'est effectivement lui qui l'a commis, mais ça reste un accident. En tant que maman, j'ai du mal à comprendre que l'on puisse garder un secret comme ça. Et, en même temps, je me place toujours dans la position de me dire : "moi, j'aurais réagi comment ?" Je l'ai longtemps posée à mes proches d'ailleurs : "vous auriez réagi comment, vous ?" Et vous savez la réponse que l'on me faisait : "je ne sais pas". Je ne justifie pas, attention. Il y a une différence entre comprendre et justifier. Je ne justifie pas, absolument pas sa réaction. Mais, je la comprends."

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"J'invite vraiment les gens à ne plus être dans la colère"

Maintenant que vous en savez un peu plus sur le déroulé de l'accident, pensez-vous que Tessa aurait pu être sauvée ?

"Longtemps, ce qui m'a empêché de respirer, c'est le fait de me dire : combien de temps Tessa a souffert ? Cette image de la violence de la découverte de son corps me hantait [c'est sa mère qui, s'inquiétant de ne pas la voir rentrer, a refait le chemin que Tessa devait parcourir et a découvert son corps, ndlr]. On avait beau me dire qu'elle était décédée sur le coup, ça tournait en boucle. Le cœur ne s'arrête pas tout de suite. Est-ce qu'on aurait eu une possibilité de la sauver ? Etc. Cette question est obsédante. Et maintenant, on va avoir des réponses. Mais pas plus, pas moins. Je n'ai pas de demande concernant la justice. C'est aux instances judiciaires de décider. Pour moi, peu importe l'identité de la personne. Ce qui compte, c'est qu'on nous permette de terminer, d'achever cette histoire. Et j'invite vraiment les gens à ne plus être dans la colère. Plus de colère, c'est insupportable."

"Notre fille était pleine de vie. Je lui dois bien ça"

Comment êtes-vous capable d'une telle résilience ?

"Ça m'a pris quatre ans et demi de travail acharné avec mon psychiatre. Ce jour-là, quand je me suis retrouvée à côté du corps de Tessa, je suis morte avec elle. L'ancienne Florence est morte. Mais notre fille était pleine de vie, elle avait cette rage de vivre. Et notre fils [le petit-frère de Tessa, ndlr] nous le rappelle tous les jours. Maman, la vie est belle. Et tous les jours, je me lève en disant : "tu dois bien ça à Tessa". Toute cette expérience m'a obligée à regarder les choses différemment. Il y a eu un décès, comme si la vie s'était arrêtée. Et, aujourd'hui, je veux remettre de l'humanité et du sens à la vie. Parce que la vie, mine de rien, elle continue. La vie, elle est là."

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