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Incendie du "Cuba Libre" : les gérants du bar condamnés en 2019 ont bénéficié d'une libération anticipée

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C'est une nouvelle que redoutaient les familles des 14 victimes qui ont péri dans l'incendie du bar en août 2016. Les deux gérants, condamnés à trois ans de prison ferme sont sortis de prison en janvier. La justice leur a accordé une libération conditionnelle après quelques mois de détention.

Le bar "Au Cuba Libre", où 14 personnes ont péri dans un terrible incendie dans la nuit du 5 au 6 août 2016. Le bar "Au Cuba Libre", où 14 personnes ont péri dans un terrible incendie dans la nuit du 5 au 6 août 2016.
Le bar "Au Cuba Libre", où 14 personnes ont péri dans un terrible incendie dans la nuit du 5 au 6 août 2016. © Radio France - Christine Wurtz

La nouvelle est difficile à comprendre pour les familles des victimes de l'incendie du Cuba Libre. Quatorze personnes ont perdu la vie, piégée dans la cave de ce bar de la rive gauche de Rouen, dans la nuit du 5 au 6 août 2016. Le 12 janvier dernier, les deux gérants du bar sont sortis de prison après seulement quelques mois de détention. En octobre 2019, le tribunal correctionnel de Rouen condamne les deux frères à cinq ans de prison, la peine maximale pour "homicide involontaire par violation délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence". Cinq ans de prison dont  trois ans ferme. Les deux hommes sont incarcérés à la maison d'arrêt du Havre depuis la fin 2019, mais ils n'ont été détenus qu'un peu plus d'un an en réalité. En janvier 2020, ils ont fait une demande de libération conditionnelle comme la loi les y autorise à mi-peine (comme tous les condamnés, ils ont bénéficié de remises de peines automatiques). 

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Les deux hommes sont libres depuis le 12 janvier.

Leur demande a été acceptée notamment parce que les deux hommes ont trouvé du travail et qu'ils ont commencé à indemniser les parties civiles. Le Parquet du Havre a aussitôt fait appel de cette décision, considérant leur libération prématurée au regard de l'émoi suscité par le drame dans l'opinion publique. C'est donc la cour d'appel de Rouen qui a tranché le 25 février et confirmé la décision du juge de l'application des peines. "Elle a jugé que les frères Boutrif remplissaient toutes les conditions" indique le procureur général près la cour d'appel de Rouen, Frédéric Benet-Chambellan. Les deux hommes sont donc libres mais porteront un bracelet électronique. Une nouvelle qui passe mal chez les familles des victimes, pour lesquelles la peine maximale semblait déjà insuffisante à rendre justice à leurs enfants. "Je ne peux pas l'admettre" reconnait Johnny Autin qui a perdu sa fille Mégane dans l'incendie. "Maintenant ils sont libres, ils travaillent, et une fois qu'ils ont fini leur travail ils sont chez eux avec leur famille, et nous on n'a plus nos enfants, plus de vie..." raconte Johnny.

Je voulais être à l'endroit où ma fille a donné son dernier souffle. - Johnny Autin, le père de l'une des victimes du Cuba Libre.

Presque cinq ans après l'incendie, des ouvriers ont enlevé récemment les grands panneaux de bois qui barrent la façade du bar depuis la fin des investigations. A l'intérieur, ils ont démonté et emporté tout ce qui restait. "Ça fait drôle parce qu'on ne s'y attendait pas" raconte Malek, qui travaille juste à côté. Et pourtant Malek a installé son entreprise de pompes funèbres ici il y a trois ans, bien après l'incendie, mais il connait l'histoire par cœur, comme tous les habitants du quartier. Alors quand une entreprise a commencé à déblayer les lieux, "ça a fait bizarre sur le coup" témoigne Malek qui voit régulièrement des parents ou amis des victimes venir se recueillir sur la stèle érigée en hommage aux 14 victimes de l'incendie. 

Certaines familles ont profité des travaux pour forcer la porte et descendre sur les lieux où leurs enfants sont morts. C'est le cas de Johnny Autin, qui s'est recueilli au pied de l'escalier où les pompiers ont retrouvé le corps de sa fille. Johnny a eu peur de craquer, mais "la haine est venue en moi d'un seul coup" raconte t il. "C'était tout petit, vraiment tout petit, n'importe qui se serait dit non on ne peut pas faire un dancing ici, on n'a pas le droit c'est interdit." Les ouvriers ont dit à Johnny qu'une dalle allait être coulée pour condamner l'accès de la cave par le rez de chaussée, mais personne ne sait ce qu'il adviendra du lieu. Contacté, le cabinet Sauvage qui gère le local pour le compte du propriétaire n'a pas souhaité nous en dire davantage. 

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