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Incendie du Cuba Libre à Rouen : les gérants du bar savaient qu'ils n'étaient pas en règle

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Le procès du Cuba Libre s'est ouvert ce lundi devant le tribunal correctionnel de Rouen. 14 jeunes avaient péri dans l'incendie de ce bar en août 2016. Les deux anciens gérants sont jugés pour avoir involontairement causé leur mort. Des bougies avaient enflammé l'isolant phonique au sous sol.

Les deux anciens gérants du Cuba Libre font face durant l'audience aux 18 avocats des parties civiles.
Les deux anciens gérants du Cuba Libre font face durant l'audience aux 18 avocats des parties civiles. © Radio France - Anne Bertrand

Forts, un peu trapus, le crâne rasé et une chemise bleu marine, les frères Boutrif se ressemblent beaucoup malgré leurs huit ans d'écart. Ils font face, dans la salle d'audience, aux 18 avocats représentant les familles des jeunes qui ont péri le soir du 5 août 2016 au sous sol du Cuba Libre, un bar de la rive gauche à Rouen. 

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Nacer et Amirouche Boutrif, âgés de 40 et 48 ans, sont jugés pour avoir involontairement causé leur mort.  Il leur est reproché d'avoir aménagé le sous sol en dancing sans autorisation, avec un isolant phonique au plafond hautement inflammable. Des bougies de gâteau d'anniversaire y ont mis le feu, la porte de secours était verrouillée et 13 jeunes sont morts asphyxiés. La dernière victime, grièvement brûlée, est décédée quelques semaines plus tard à l'hôpital.

Nacer Boutriche parle de "travaux d'embellissement"

En ce premier jour d'audience, le tribunal s'est longuement attaché aux travaux réalisés dans le bar avant le drame. Après plusieurs plaintes du voisinage, Nacer Boutrif décide en 2012 d'aménager le sous sol pour le transformer en dancing et, dit-il, faire cesser les nuisances sonores. Rémy Hubert, le père de Zach, le DJ décédé dans l'incendie, pense surtout que c'était l'occasion de gagner davantage: "Mon fils me disait souvent: Nacer aime bien l'argent". La présidente du tribunal questionnera également le prévenu sur sa volonté de dépenser le moins possible en faisant appel à un client, non professionnel, pour réaliser les travaux.

Si les frères Boutriche n'ont pas déclaré l'aménagement du sous sol en dancing, expliquent-ils d'abord à l'audience, c'est de peur que le propriétaire ne refuse et résilie le bail. Durant l'instruction, Nacer a aussi évoqué des travaux "d'embellissement": il ne pensait pas nécessaire de demander l'autorisation à la mairie ou la préfecture. Me Fabien Picchiottino, avocat de deux des trois rescapés, a du mal à le croire: "Nacer a ce bar depuis plus de dix ans. Il connaît les patrons de discothèques rouennaises. Forcément, il connaît la réglementation." 

Des aveux en toute fin d'audience

Nacer et Amirouche Boutrif admettent qu'ils n'ont pas fait les travaux dans les règles de l'art.  Mais jamais, assurent-ils, ils n'ont pensé qu'un incendie pourrait se déclarer au sous sol. "Dans ce cas là, pourquoi il y a un extincteur? Pourquoi il y a une porte de secours? C'est pas sérieux", rétorque Me Marc François, autre avocat des parties civiles.

A la toute fin de l'audience, les deux frères finissent par reconnaître qu'ils savaient qu'ils n'avaient pas le droit d'ouvrir une salle au sous sol sans autorisation administrative. Nacer Boutrif sort son mouchoir blanc et se met à pleurer. On entend une voix dans la salle s'élever: "Non, pas ça!"

Ce mardi sont attendus les témoignages des pompiers et l'audition de l'expert sur l'isolant phonique. Le procès dure jusqu'au 17 septembre. Les deux anciens gérants du Cuba Libre risquent jusqu'à 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende.

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