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Drôme : un randonneur, mordu par un patou, réclame des mesures

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Jean-Luc Hofmann se baladait dans le vallon de Combeau, dimanche, quand il a croisé un troupeau mené par un patou. Suivant les instructions du berger, s'est arrêté quelques secondes face au chien, avant de repartir. Mais à peine reparti, il a été violemment mordu.

Ilfy, patou
Ilfy, patou © Radio France - Léopoldine Dufour

Jean-Luc Hofmann en veut au berger de ne pas avoir été assez vigilant, et de ne pas s'être assez inquiété de son cas. "Il a clairement vu ce qui s'est passé, puisqu'il m'a dit de repartir, ce que j'ai immédiatement fait, et deux secondes après je me suis fait mordre. Et moi je ne pouvais pas aller le voir, il était loin. Il aurait fallu que je traverse le troupeau, c'était trop dangereux. Je n'osais même pas crier, j'avais peur de la réaction du chien", dénonce-t-il.

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Le vallon du Combeau, où a eu lieu l'accident.
Le vallon du Combeau, où a eu lieu l'accident. © Radio France -

J'ai pu finir la randonnée en m'appuyant sur mes bâtons, mais je boitais. Aujourd'hui, j'ai du mal à marcher. Je dois voir le médecin, mais je m'attends à avoir des béquilles pendant quelque temps - Jean-Luc Hofmann, randonneur

Un problème "d'éducation des chiens"

La blessure au mollet de Jean-Luc Hofmann.
La blessure au mollet de Jean-Luc Hofmann. © Radio France

Pour Jean-Luc Hofmann, c'est "un problème d'éducation des chiens, de dressage. Peut-être qu'il faudrait encadrer leur dressage. S'ils ne sont pas capables de distinguer un randonneur d'un loup..." Cet habitué des randonnées assure "respecter les consignes de sécurité" et "comprendre que les patous soient là pour protéger les troupeaux", mais il s'inquiète pour les prochaines fois. "Si j'avais été avec mon fils, qui a peur des chiens, je me demande ce qui se serait passé. Ca devient dangereux de faire de la randonnée en montagne. Il y avait les chasseurs, maintenant il y a les patous. Et les patous, on ne peut pas discuter avec", s'insurge-t-il. Et le responsable est tout trouvé. "Ca me paraît évident que le berger doit faire plus" pour que ce genre d'incidents n'arrive plus. "C'est quand même dingue, le berger était présent au moment où j'ai été mordu !", s'exclame-t-il.

Les bergers renvoient la balle aux randonneurs

Côté bergers, on juge bien sûr que l'incident est regrettable, mais on refuse d'être considéré totalement responsable. "Environ 85% des terrains où passent les randonnées relèvent de la propriété privée, donc potentiellement des éleveurs. Pour nous, c'est un outil de travail, un espace que l'on doit pourtant partager", rappelle Alain Baudoin, le président de l'association des éleveurs Vercors Drôme Isère, et lui-même éleveur. Et donc, il faut s'adapter : les randonneurs doivent bien contourner les troupeaux qu'ils croisent. Il rappelle également que les bergers ont mis beaucoup de panneaux pour prévenir les gens, et qu'il y a eu une rencontre, il y a quelques semaines, à Dieulefit, pour parler des chiens de protection, où seules trois personnes sont venues. 

Les gens ne savent pas forcément comment on travaille, les bergers n'ont pas forcément du temps libre, et les randonneurs n'ont pas forcément de bons réflexes. Les patous sont des chiens qu'on éduque, on ne le dresse pas. C'est un animal qui fonctionne à l'instinct. - Alain Baudoin, le président de l'association des éleveurs Vercors Drôme Isère

Les Patous ne sont pas des chiens de compagnie.
Les Patous ne sont pas des chiens de compagnie. © Radio France - Marie AMELINE

Pour lui, on ne peut pas aller à l'encontre de l'instinct du patou. "C'est un chien de protection, il protège le troupeau comme sa famille, comme ses propres enfants." Pour éviter ce genre d'accident, Alain Baudoin appelle les randonneurs à adopter des réflexes pratiques. "Rien que le fait de le fixer dans les yeux peut être ressenti comme une menace. Il faut aussi respecter une distance de sécurité, mais le chien ne le fera pas, car lui il fixe sa distance de sécurité par rapport au troupeau, puisqu'il le protège. Il ne faut pas lui parler de façon menaçante, ni faire des gestes brusques. Il faut rester tranquille, et ça peut prendre cinq, voire dix minutes."

Le patou est un chien qui défend face aux loups, voire aux ours et aux pumas dans certains pays. Il faut se soumettre au chien. Ce n'est pas facile pour un adulte de le faire, mais c'est comme ça. Il faut être très humble. - Alain Baudoin, le président de l'association des éleveurs Vercors Drôme Isère

David Fabre, le berger mis en cause par Jean-Luc Hofmann, nous a par la suite contactés. Il a renvoyé la responsabilité au randonneur, estimant qu'il s'était un peu arrangé avec la réalité. David Fabre explique qu'il a demandé à Jean-Luc Hofmann de contourner plus largement son troupeau, ce que celui-ci aurait refusé, attirant donc le patou. "Là, je lui ai dit de ne pas bouger, ce qu'il a fait. Le patou est venu le sentir, et au moment où le patou est reparti au troupeau, je l'ai rappelé, et là, le randonneur a levé un peu précipitamment son bâton, et c'est là le patou s'est retourné et l'a mordu." "Il ne serait pas reparti si vite, le chien serait revenu au troupeau et ne l'aurait pas mordu. Il dit qu'il connaît les consignes de sécurité, mais manifestement il ne les respecte pas, il a refusé de faire 200 mètres de plus pour contourner mon troupeau. Chaque fois que je croise des randonneurs, ce qui arrive tous les jours, je leur demande de contourner le troupeau, et ça se passe bien, mes chiens restent assis, sans bouger. Lui, il a refusé de contourner le troupeau", déplore l'éleveur.

Malgré tout, et selon ce que lui dira son médecin après avoir examiné sa blessure, Jean-Luc Hofmann pourrait porter plainte contre X.

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