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Attentat de Romans-sur-Isère : "Les familles attendent le procès autant qu'elles le redoutent"

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Il y a quatre ans, le 4 avril 2020, Abdallah Osman Ahmed tuait au couteau deux personnes et en blessait cinq autres à Romans en plein confinement. Le procès aura lieu devant une cour d'assises spéciale. Le motif terroriste est retenu. Me Guillaume Fort, avocat de parties civiles est notre invité.

Me Guillaume Fort, avocat de trois familles parties civiles Me Guillaume Fort, avocat de trois familles parties civiles
Me Guillaume Fort, avocat de trois familles parties civiles © Radio France - Emmanuel Champale

À Romans-sur-Isère, on commémore ce jeudi 4 avril le quatrième anniversaire de l'attentat qui a fait deux morts et cinq blessés. La cérémonie aura lieu à 18h30. Abdallah Osman Ahmed sera finalement jugé devant une cour d'assises spéciale. Me Guillaume Fort est l'avocat de trois familles de victimes qui se sont constituées parties civiles en vue du procès. Il est l'invité de France Bleu Drôme Ardèche.

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"La prise en compte de la souffrance des parties civiles et la mémoire des personnes décédées"

France Bleu Drôme Ardèche - Quand le procès aura-t-il lieu ?

Guillaume Fort - Nous n'avons pas encore la date mais nous espérons avoir une audience d'ici la fin de l'année. Mais il n'y a aucune certitude, c'est l'expérience qui parle.

Abdallah Osman Ahmed sera jugé devant une cour d'assises spéciale. Qu'est-ce que ça change ?

Ça change tout, parce qu'on n'est pas dans le fait-divers. On prend la circonstance aggravante de l'entreprise en lien avec une activité terroriste. Et ça, c'est absolument déterminant pour la prise en compte de la souffrance des parties civiles et la mémoire des personnes décédées, y compris pour toutes les autres qui ont été atteintes dans leur chair et dans leur cœur.

Avez-vous eu peur qu'il n'y ait pas de procès ? Il a fallu trois expertises pour en arriver là

Les parties civiles l'ont craint. Il a fallu se battre ardemment pour que cette circonstance aggravante soit retenue. On a évidemment contribué à la manifestation de la vérité. Oui, il y a eu trois collèges d'experts. Je pense que c'était souhaitable. Si l'abolition du discernement est reconnue, il n'y a pas de procès pénal. Le premier nous a expliqué qu'il n'y avait pas abolition mais une altération. La défense en a fait appel, c'est son droit. Un deuxième collège d'experts nous a parlé d'abolition. Le troisième a tranché et a indiqué qu'il y avait finalement simplement une altération. On peut comprendre en réalité qu'un certain nombre de médecins soient déconcertés par l'extrémisme de ces faits-là, mais ça n'induit pas de la folie. Il y a une rationalité évidente au cœur de ces faits et c'est ce que nous avons mis en avant.

"Les parties civiles attendent ce procès autant qu'elles le redoutent"

Est-ce un soulagement pour vos clients ?

Les parties civiles sont blessées. Elles attendent ce procès autant qu'elles le redoutent. Chaque fois que je les rappelle, ça réactive leur traumatisme. Ce sont des gens qui sont empreints d'un stress post-traumatique. Tous, les victimes directes et indirectes. La réalité, c'est que c'est une angoisse quotidienne. Ils veulent tourner cette page. La justice fait son travail lentement. Alors, c'est parfois souhaitable et elle fait ce qu'elle peut avec les moyens qu'elle a. Mais la réalité, c'est que les parties civiles ont hâte de tourner cette page judiciaire de leur vie.

Quelles sont leurs inquiétudes ?

Je crois que ces angoisses sont protéiformes. Il y a évidemment se retrouver lors du procès face à l'homme qui a détruit votre vie et celle de vos proches. Si on prend les consorts Vinson, ce sont trois générations perdues : c'est Julien Vinson qui est mort, c'est son fils qui a assisté à son assassinat, c'est également le père de Julien Vinson qui est décédé il y a peu de temps des suites d'un cancer en lien direct avec le choc émotionnel et psychologique après cet attentat. La mort continue d'être semée après cet attentat

La cérémonie de ce soir est importante pour eux ?

Il faut nuancer. Tout à la fois, ils l'attendent et c'est un jour anniversaire cauchemardesque pour eux. C'est d'une difficulté sans nom. Dans le même temps, ça leur permet d'être soutenus face à l'angoisse et face à la peur.

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