Passer au contenu
Publicité

Assises : une Iséroise demande justice pour son frère et veut une loi contre les meurtres gratuits

Par

Yusuf Simsek comparait, à compter de ce jeudi, devant les assises de l'Isère pour le meurtre, en août 2019 à Fontaine, de Redouane Fellague. La sœur de la victime se bat depuis trois ans pour que justice lui soit rendue et demande que la notion de meurtre gratuit soit reconnue pénalement.

Hadjira Fellague, avec une photo de son petit frère, Redouane, tué en août 2019 à Fontaine Hadjira Fellague, avec une photo de son petit frère, Redouane, tué en août 2019 à Fontaine
Hadjira Fellague, avec une photo de son petit frère, Redouane, tué en août 2019 à Fontaine © Radio France - Véronique Pueyo

Hadjira Fellague attend ce procès depuis trois ans, depuis le soir du 6 août 2019, où son jeune frère, Redouane, 23 ans, a été poignardé par Yucef Simsek, à Fontaine. Ce dernier avait voulu serrer la main de la victime, mais celle-ci, occupée, lui avait tendu son coude. Yucef Simsek l'avait mal pris, il avait frappé Redouane qui s'était défendu puis avait sorti un couteau et l'avait poignardé à mort. Durant deux jours, la Cour d'assises de Grenoble va juger ce meurtre, le verdict étant attendu vendredi en fin de journée.

Publicité

"Mon frère est mort pour rien" - Hadjira Fellague

Pour Hadjira, il s'agit bien d'un meurtre gratuit. "Mon petit frère est mort pour rien. Il était toujours là pour moi, pour ma famille. Il avait fait des études, avait des projets, un bébé qui venait de naitre. Ma nièce, qui a trois ans aujourd'hui, n'a jamais connu son père. Elle nous demande maintenant pourquoi il est au ciel." raconte Hadjira. _"J'ai fait deux promesses à mon frère après sa mort, que justice lui soit rendue et faire bouger les choses."_

Et pour faire bouger les choses, comme elle dit, Hadjira a remué ciel et terre, durant trois ans. Elle souhaite notamment que la notion de "meurtre gratuit" soit reconnue pénalement : "Il y a trop de gens qui perdent la vie, comme mon frère, pour rien, une main qu'on ne serre pas, une place de parking, une cigarette, un mauvais regard. C'est insupportable !" s'exclame la jeune femme. "Comme pour le féminicide, pour que ce genre d'acte soit puni par la loi, il doit être catégorisé."

Une proposition de loi pour la notion de meurtre gratuit

Ne connaissant rien au droit, elle a essayé, sur l'agglomération grenobloise, de sensibiliser des profs de droit, des élus. En vain. "Mon combat ne les intéressait pas. Et pourtant, à Grenoble, il y aurait de quoi faire, alors je suis allée à Paris." 

Des doctorants en Droit de la Sorbonne ont alors accepté de l'aider. Ensemble, ils ont rédigé une proposition de loi. "S_eul le sénateur isérois Michel Savin a accepté de travailler sur le sujet. La proposition de loi n'est pas parfaite, mais elle a été déposée à l'Assemblée Nationale en mai dernier et elle devrait être soumise au Parlement prochainement_." espère Hadjira, qui martèle : "Il faut comprendre ce phénomène, l'analyser pour ensuite essayer de le prévenir."

"Se faire poignarder à Grenoble, c'est devenu banal" - Hadjira Fellague

Quand on lui demande ce qu'elle attend du procès, elle répond : "Je voudrais une peine exemplaire. Mais je sais qu'on va s'intéresser au passé de l'accusé, à sa jeunesse, lui trouver des circonstances atténuantes. Pourtant, on vient du même quartier, on a eu les mêmes problèmes mais nous, on a fait d'autres choix, le choix de s'insérer dans la société, d'avoir des projets, de travailler. Se faire poignarder à Grenoble, c'est récurrent, c'est devenu banal. Il faut responsabiliser les auteurs de ces faits, leur montrer les ravages que leurs actes gratuits produisent sur des familles endeuillées. On ne peut plus continuer comme çà. Je sais que cela ne fera pas revenir mon frère mais si je peux éviter d'autres drames en ouvrant ce débat sur les meurtres gratuits, ce serait bien. Ce que l'on vit, je ne le souhaite à personne."

Une campagne de sensibilisation

Hadjira a aussi créé une association, baptisée RED-one, comme résilience, éducation et droit. Elle aimerait également lancer une campagne nationale, qu'elle a appelée "sauve ta life". Seule, elle a déjà acheté des kits de soin pour apprendre aux jeunes des quartiers les gestes de premiers secours. "Cela pourrait être une façon de renouer le lien avec eux, de leur montrer combien leur vie et celle des autres est précieuse."

Hadjira Fellague en appelle à toutes les bonnes volontés, soignants mais aussi spécialistes de la communication, de la vidéo, car elle voudrait tourner un clip, pour que ce projet, "sauve ta life", aboutisse.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined