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Assises de la Drôme : 12 ans de réclusion criminelle pour le fils meurtrier, un an avec sursis pour sa mère

Jean-Paul Girard, jugé aux Assises de la Drôme, est reconnu coupable du meurtre de l'homme qui vivait sur son terrain. Il est condamné à 12 ans de réclusion criminelle. La mère est condamnée à 1 an de prison avec sursis.

Illustration Palais de Justice de Valence Illustration Palais de Justice de Valence
Illustration Palais de Justice de Valence © Radio France - Nathalie de Keyzer

Jean-Paul Girard, jugé aux Assises de la Drôme depuis jeudi 12 mai, est reconnu coupable du meurtre d'Éric Viguié, un homme qui vivait sur son terrain. Il est condamné à 12 ans de réclusion criminelle. La mère du meurtrier, une femme de 84 ans, est reconnue coupable de recel de cadavre, elle avait aidé à jeter le corps dans le Rhône. Elle est condamnée à 1 an de prison avec sursis.

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La peine de Jean-Paul Girard est assortie d'une interdiction de port et détention d'une arme pour une durée de 15 ans. L'homme de 56 ans a immédiatement été incarcéré.

Ce corps dans un sac jeté comme une poubelle à l'eau - Bernard Simier, avocat général de la Cour d'Assises

L'avocat général, vêtu de sa robe rouge, cheveux grisonnants, s'adresse à la Cour. Il revient sur l'origine de l'affaire, lorsqu'un plaisancier découvre le cadavre flottant sur le Rhône, "ce corps dans un sac jeté comme une poubelle à l'eau". En l'air, il questionne les faits : "n'a-t-on pas l'intention de tirer quand on prend une carabine et trois cartouches ?"

L'avocat général répond à l'affirmation de Jean-Paul Girard, qui plus tôt dans la journée, lors de son interrogatoire, parle du meurtre d'Éric Viguié comme d'un accident : "c'est involontaire ces deux coups qui sont partis." "Involontaire ?" demande l'avocat général. Est-ce bien le mot que l'homme veut employer ? Maître Fort, l'avocat de la défense, insiste. Il essaye de faire comprendre à son client qu'"involontaire" signifie tout autre chose. Que l'accusé souhaite sûrement expliquer qu'il était dans un état second lors des faits, qu'il ne voulait pas tuer Éric Viguié.

Jean-Paul Girard s'enferre, "involontaire" est le bon mot selon lui. L'avocat général ne manquera pas de souligner qu'il n'est pas envisageable de "requalifier les faits", qu'il s'agit bien d'un meurtre et non d'un homicide involontaire. 

Des interrogatoires confus

L'interrogatoire de Jean-Paul Girard sur les faits - le meurtre - a été ponctué d'hésitations, de confusions de la part de l'accusé. À la barre, il cherche ses mots, il ne sait plus, se contredit. L'homme est décrit par les experts comme "immature", de "faible intelligence". Il tente d'expliquer son geste, avec son vocabulaire, un peu pauvre.

Sur la volonté de faire disparaître le corps, il tente : "on s'est dit on le jette, comme ça je serai tranquille", refusant de l'enterrer par peur qu'il soit mis au jour par des animaux. Par ses proches, Jean-Paul Girard est décrit comme naïf. L'homme de 56 ans s'étonnera même de voir la police arriver à son domicile quelques heures seulement après avoir jeté le corps du haut du pont de la Voulte-sur-Rhône.

"Quand la police arrive, on s'est demandé pourquoi" agrège Marie-Thérèse Girard, assise sur un chaise de bureau pendant son interrogatoire. Un débat difficile, un mélange de larmes et de trous de mémoire. Les réponses aux questions de la Cour n'auront permis d'apporter que peu de précisions sur le meurtre. La vieille femme ne se souvient plus : "je sais pas", "je sais plus" répète-t-elle inlassablement.

Pourquoi n'avez-vous pas prévenu les secours ? Le Président de la Cour d'Assises

Le médecin légiste entendu par la Cour ce vendredi a affirmé que si les secours avaient été prévenus immédiatement après le premier tir (au niveau du torse), Éric Viguier aurait potentiellement pu être sauvé. Précisant qu'un seul des deux tirs "aurait pu suffire à le tuer". "Alors pourquoi n'avez-vous pas prévenu les secours ?" questionne, à plusieurs reprises, le Président de la Cour d'Assises. "On n'avait pas de téléphone" explique Marie-Thérèse, "mon téléphone était en charge" dit Jean-Paul Girard.

Elle, semble déstabilisée dès que le Président de la Cour hausse la voix. "Je suis traumatisée là" sanglote-t-elle. L'interrogatoire se terminera par des excuses à la famille de la victime. Refusées. Un moment interrompu par la fille de Marie-Thérèse Girard, qui applaudit les excuses de sa mère dans la salle d'audience. "Allez manifester vos opinions dehors", s'énerve le Président. La femme se lève, dirigée vers la sortie par la police.

Un verdict proche des réquisitions

Dans son réquisitoire, l'avocat général avait demandé à la Cour de reconnaître Jean-Paul Girard coupable des faits qui lui sont reprochés : le meurtre par deux coups de fusil d'Éric Viguié, 48 ans. Dix ans de réclusion criminelle et l'interdiction de porter une arme pendant quinze ans ont été requis.

À l'encontre de la mère, Marie-Thérèse Girard, poursuivie pour recel de cadavre, pour avoir aidé à transporter le corps et tenté de le faire disparaître dans le Rhône, un an de prison avec un sursis simple a été requis. L'avocat général estimant que son rôle, bien qu'actif, était secondaire et retient l'altération du discernement d'après une expertise psychiatrique. 

Pour la partie civile, le verdict est un soulagement, un apaisement pour le fils de la victime. "Mon client dormira mieux ce soir" dit Maître De Bastos Valente, l'avocate de Dylan Viguié à la sortie de l'audience. La défense n'a pas souhaité commenter.

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