Agression au couteau à Marseille : "Je n'ai pas frôlé la mort, je l'ai touchée du doigt !"

"Je n'oublierai jamais cette scène de violence que j'ai vue de mes propres yeux". Julie (les prénoms ont été modifiés) en a encore les larmes aux yeux. Tout commence à la rentrée scolaire, en septembre dernier. Le fils de Daniel et Julie prend la défense de sa sœur sur les réseaux sociaux. Il est alors provoqué par un groupe de jeunes du quartier de La Gavotte (15e arrondissement de Marseille) et des Pennes-Mirabeau, qui ne cessent de le pousser à la bagarre, notamment via Snapchat.

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Une première altercation a lieu aux Pennes-Mirabeau alors que la famille est réunie dans une brasserie. Daniel prend alors la défense de son fils en repoussant l'un des assaillants. "Je l'ai juste un peu secoué, et par la suite je me suis excusé**"** admet le père de famille, fonctionnaire de 42 ans, depuis toujours installé dans les quartiers nord de Marseille.

Le 7 octobre dernier, l'adolescent en question débarque au domicile de Daniel, niché au fond d'une impasse exigüe, dans le quartier Saint-Louis. "On était tranquillement à table quand le chien a aboyé. Je suis sorti et j'ai vu ce jeune accompagné de sa mère et de sa sœur, ils étaient devant mon portail. J'ai d'abord cru qu'on allait discuter tranquillement, mais très vite le ton est monté."

Un geste filmé par un téléphone portable

Sur la vidéo filmée par la fille de Daniel, on voit le trio, très agressif, insulter et menacer le père de famille. "La mère de l'adolescent a voulu jeter une poubelle sur ma mère, qui habite à coté, et qui était sortie pour voir d'où venait le vacarme. J'ai voulu m'interposer, c'est là que le petit s'est faufilé et m'a planté un couteau dans le ventre."

Sur cette vidéo, on distingue le geste furtif mais déterminé du jeune agresseur, qui n'a guère plus de 15 ans. Si Daniel ne  semble pas grièvement touché sur le coup, il va devoir subir une très lourde opération chirurgicale quelques heures plus tard à l'hôpital Nord.

La lame est passée à un centimètre de l'aorte

Le père de famille a subi une intervention chirurgicale de six heures. Ablation de la rate et d'une partie du pancréas, il s'en est fallu d'un centimètre pour que la lame ne touche l'aorte. "Le chirurgien m'a dit, vous n'avez pas frôlé la mort, vous l'avez touchée du doigt". Daniel, après des complications médicales, restera hospitalisé pendant un mois et demi.

La famille de la victime, elle, est encore sous le choc et cherche à comprendre pourquoi un tel déchaînement de violence pour une simple brouille sur les réseaux sociaux. "On aurait pu discuter tranquillement entre adultes, mais non, ils étaient venus pour en découdre", raconte Daniel.

"Les jeunes ont tous des armes blanches et les sortent pour un rien"

"J'ai encore les images de cette violence, mon mari qui prend un coup de couteau devant chez nous, sous les yeux de nos enfants. Ma fille a des maux de ventre à chaque fois qu'elle passe le portail, elle aimerait quitter le quartier" témoigne Julie.

Le jeune auteur des faits a jeté l'arme sur le toit d'un voisin dans sa fuite. Le couteau de cuisine a été retrouvée, l'adolescent a été interpellé le soir-même, placé en garde à vue, puis dans un centre éducatif fermé des Alpes-Maritimes, en attendant un procès qui aura lieu à Aix-en-Provence le 20 décembre prochain. Il est poursuivi pour violences aggravées .

Le couple espère une décision judiciaire "sans indulgence" de la part de la justice. "Il faut en finir avec ce fléau des réseaux sociaux et cette violence. Aujourd'hui à la moindre broutille, on peut prendre un coup de couteau. Le jeune Thomas (tué à Crépol dans la Drôme, NDLR) a eu moins de chance que mon mari" déplore Julie.

"Moi je suis encore là pour en parler, mais j'aurais pu y rester. Les jeunes se baladent avec des armes blanches dans les poches et les sortent pour un rien. Il faut arrêter avec tout cette violence" implore de son coté Daniel.