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Affaire de la Josacine empoisonnée : la mère d'Émilie raconte dans un livre ses entretiens avec le condamné

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Plus de vingt ans après la mort de sa fille, Émilie, Corinne Tanay a relu toutes les pièces du dossier et rencontré Jean-Marc Deperrois, l'homme condamné pour le meurtre de son enfant mais qui clame toujours son innocence. Elle raconte sa démarche dans "La réparation volontaire".

Vingt cinq ans après la mort de sa fille, Corinne Tanauy a rencontré l'homme condamné pour le meurtre d'Émilie.
Vingt cinq ans après la mort de sa fille, Corinne Tanauy a rencontré l'homme condamné pour le meurtre d'Émilie. - Jean-François Paga - Éditions Grasset

"Il accepte de te voir car il y a un intérêt, mais il se peut que ce soit un écran de fumée. Aujourd'hui, il essaie de dire son innocence avec un autre regard sur des faits que tu lui as apportés. Prouver son innocence est un enjeu. De ton côté, tu cherches des réponses à ton propre questionnement. [...] Il va falloir te mettre en "mode prudence"." C'est un ami psychologue et criminologue qui a prévenu Corinne Tanay en ces termes quand elle lui a parlé de son projet de prendre contact avec l'homme condamné pour le meurtre de sa fille, dans ce qu'on a appelé très vite "L'affaire de la Josacine empoisonnée". Mais dans sa recherche de la vérité sur la mort d'Émilie, il lui semblait qu'il fallait en passer par cette rencontre avec Jean-Marc Deperrois, après avoir relu tout le dossier. Quinze mille pages de procès verbaux, d'auditions, et de rapports d'expertises. Corinne Tanay raconte sa démarche dans un livre à paraître le 20 novembre 2019 aux éditions Grasset, La réparation volontaire. Elle était l'invitée de France Bleu Normandie ce lundi 18 novembre.

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La contre-enquête d'une mère

La vérité judiciaire, c'est que Jean-Marc Deperrois a tué Émilie par erreur. Il aurait versé du cyanure dans un flacon de Josacine, pensant que le médicament était celui du mari de sa maîtresse. Ce soir du 11 juin 1994, la fillette de 9 ans passait la soirée chez le couple Tocqueville, les parents d'un camarade de classe.  Elle est morte à l'hôpital,  deux heures après après avoir absorbé le traitement qu'elle prenait pour une bronchite. Condamné à vingt ans de réclusion criminelle, en 1997, Jean-Marc Deperrois a toujours clamé son innocence

Les "ratés" de l'enquête 

Une vérité judiciaire qui n'a jamais totalement satisfait Corinne et Denis Tanay. Car si l'enquête n'a rien épargné aux parents de la fillette, ni à la famille Deperrois, elle ne s'est pas beaucoup intéressée au couple Tocqueville, chez qui le drame s'est produit. Alors Corinne Tanay consulte une ancienne commandante de la Police Judiciaire, et des experts, médecin et toxicologue.  Elle s'interroge depuis longtemps sur la chronologie du soir des faits, le comportement des personnes présentes à ce moment là, les indices, les ratés de l'enquête : les gendarmes ont dit aux Tocqueville de jeter tout ce qui pouvait être dangereux chez eux après la mort d'Émilie et aucune reconstitution du soir du drame n'a été organisée. 

Corinne Tanay au procès de Jean-Marc Deperrois à Rouen en mai 1997.
Corinne Tanay au procès de Jean-Marc Deperrois à Rouen en mai 1997. © Maxppp - Olivier Boitet

"Je suis prête à l'écouter s'exprimer sur son innocence" écrit Corinne Tanay dans son livre.

Dans sa recherche de la vérité sur la mort de sa fille, Corinne Tanay décide de prendre contact avec celui qu'elle a imaginé tuer plusieurs fois de ses propres mains. "Je suis prête à l'écouter s'exprimer sur son innocence" explique-t-elle dans son livreLa réparation volontaire, qui raconte son cheminement personnel depuis la mort de sa fille jusqu'à la rencontre avec Jean-Marc Deperrois, et retranscrit l'un des quatre entretiens qu'elle a eu avec lui à partir de 2016.

Des doutes, sur le déroulement des faits le soir du drame

Corinne Tanay et Jean-Marc Deperrois vont partager leurs interrogations, leurs doutes, leurs hypothèses, au cours de ces quatre entrevues de plusieurs heures. Des échanges parfois vifs mais respectueux. Corinne Tanay n'en conclut rien. Si ce n'est que "nous ne sommes pas sûrs de savoir ce qui est vraiment arrivé à Émilie ce soir-là."

Jean-Marc Deperrois (1er plan), alors chef d'entreprise et adjoint au maire de Gruchet-le-Valasse, à son arrivée au palais de justice du Havre le 13 décembre 1994.
Jean-Marc Deperrois (1er plan), alors chef d'entreprise et adjoint au maire de Gruchet-le-Valasse, à son arrivée au palais de justice du Havre le 13 décembre 1994. © AFP - Joël Saget

Jean-Marc Deperrois prépare une troisième requête en révision de son procès. Corinne Tanay, elle, n'a pas trouvé les réponses à toutes ses questions. Mais elle a trouvé l'homme sincère même s'il n'a pas su la convaincre de son innocence. "Si vous êtes innocent, le temps finira par vous donner raison" dit-elle à Jean-Marc Deperrois.

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