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Dix-huit mois de prison ferme requis contre le motard qui a fauché mortellement Julie lors d'un rodéo à Glisy

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Le parquet d'Amiens a requis 18 mois de prison ferme contre le motard qui a mortellement renversé Julie, 20 ans, lors d'un rodéo urbain à Glisy, en juillet 2021. Le prévenu reconnaît sa responsabilité mais nie notamment avoir été en roue arrière au moment du choc. La décision est mise en délibéré.

La décision est mise en délibéré au mardi 12 décembre 2023. La décision est mise en délibéré au mardi 12 décembre 2023.
La décision est mise en délibéré au mardi 12 décembre 2023. © Radio France - Pierre-antoine Lefort

Dix-huit mois de prison ferme, c’est ce qu’a requis le parquet d’Amiens ce mardi matin contre le motard qui avait mortellement fauché Julie, lors d’un rodéo urbain dans la zone commerciale de Glisy. Le prévenu comparaissait pour homicide involontaire ; la décision a été mise en délibéré par le tribunal correctionnel d'Amiens, et sera rendue le mardi 12 décembre.

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"Le supplice consume notre vie chaque jour", pleure la mère de Julie

La matinée a été marquée par la prise de parole déchirante de la mère de Julie : "Tout ce qu’on a construit en 20 ans, il l’a détruit en un coup d’accélérateur, explique en larmes Nathalie Formaux à la barre. Le supplice consume notre vie chaque jour". Le père de Julie, Patrick, a pour sa part dénoncé "un chauffard irresponsable, un danger public avec une moto qu’il ne sait pas contrôler et qui se transforme en arme. C'est vous qui auriez dû mourir, pas notre fille dont vous nous avez privé il y a 29 mois, tonne le père de la jeune femme. Peu importe la condamnation, nous on a pris perpétuité."

Aux alentours de 1h20 du matin, dans la nuit du 16 au 17 juillet 2021, Julie est mortellement fauchée par un motard dans la zone commerciale de Glisy, où se tient un rodéo illégal. La jeune femme a fait, selon les expertises, un bond de trois mètres de haut sous la violence du choc, et est projetée plusieurs mètres plus loin. Elle meurt sur le coup selon les secours. Le motard, âgé de 35 ans, reconnaît sa responsabilité dans l’accident.

Le prévenu reconnaît sa responsabilité mais nie avoir été en roue arrière

Ce soir-là il roulait entre 60 et 90 km/h : l’accident s’est produit sur un dos d’âne, où se trouve un passage piéton. Julie traverse dans cette zone avec son petit ami et le frère de celui-ci. Le mis en cause de 35 ans dément en revanche être en roue arrière au moment du choc : c’est un fait probable, juge l’expert sollicité dans ce dossier. "Comment expliquer alors que vous n’avez pas vu ces trois personnes traverser, ni même tenté de freiner ?" questionne l’avocat de la famille de Julie, Maître Guillaume Demarcq. Aucune trace de freinage n’a en effet été retrouvée sur les lieux du drame. "Je ne sais pas, je me souviens juste avoir vu un ami et lui avoir fait signe" juste avant l'accident, répond le prévenu, visage fermé. Impossible donc selon lui d’avoir été en mesure de faire une roue arrière, avec une seule main sur le guidon. "Nier tout cela, chaque mensonge, chaque amnésie, c’est un clou supplémentaire dans le cercueil de leur gosse", martèle l’avocat de la famille de Julie.

Le prévenu, qui ré-affirme n’avoir aucun souvenir de l’accident, explique être venu dans un premier temps sur ce rassemblement, avant de partir boire un verre à Amiens, et de revenir sur les lieux du rodéo pour récupérer "un papier pour le travail" auprès d’un ami. Ce passionné de moto, qui pratique depuis l’âge de 5 ans, reconnaît avoir assisté à des rodéos urbains, mais n’avoir jamais participé jusqu’au jour du drame. "Je faisais de la vitesse mais sur des circuits". Un compte Youtube, appartenant au prévenu, a été retrouvé. Sur les vidéos partagées, des motos circulent sur la rocade d’Amiens à 300 km/h. "Ce n’est pas moi sur ces vidéos, on me les envoyait", défend le prévenu, alors qu'un témoin, auditionné par les enquêteurs, a dit le contraire. Impossible de dire s’il s’agit du prévenu ou non, mais cela permet au tribunal de déduire que le mis en cause est passionné de vitesse.

Décision mise en délibéré au mardi 12 décembre

Ce drame, "j’y pense tous les jours, je suis désolé, je regrette", dit le prévenu à la barre. Le trentenaire est handicapé d’un bras à 45% depuis l’accident, et a dû subir une dizaine d’opérations. "J’ai pu reprendre mon travail de chauffeur routier. Ce qui me tient la tête hors de l’eau, c’est ma famille, mon travail", décrit ce père de deux enfants. Le ministère public pointe des incohérences dans le discours du prévenu et requiert 3 ans de prison, dont dix-huit mois avec sursis, l’annulation de son permis de conduire et confiscation de son véhicule.

"Une peine de prison ferme, c’est l’élimination sociale et professionnelle de mon client, plaide l’avocate de la défense Maître Giuseppina Marras. La justice est là pour apporter un apaisement, mon client n’aurait jamais dû se trouver devant un tribunal correctionnel, lui qui n’avait jamais fait parler de lui : je rappelle qu’il est jugé pour un homicide involontaire", conclut l’avocate, qui demande une condamnation avec sursis pour son client.

La décision est mise en délibéré jusqu’au mardi 12 décembre à 9H.

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