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Verdure ou voitures, les habitants et commerçants de Saint-Simon ne veulent pas trancher

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C'est le nouveau visage des grandes villes et Toulouse n'y échappe pas. La marche en avant de la végétalisation nécessite des aménagements, au détriment parfois des places de stationnement. Quartier Saint-Simon, 35 des 53 places devant l'église pourraient être supprimées.

La place de l'église Saint-Simon bientôt réaménagée La place de l'église Saint-Simon bientôt réaménagée
La place de l'église Saint-Simon bientôt réaménagée © Radio France - Bénédicte Dupont

"C'est ce que veulent les Toulousains", a martelé Jean-Luc Moudenc lors de la présentation du plan "Toulouse plus fraîche" le 11 mai dernier. Plus de verdure, moins de voitures. C'est en effet tout ce qui ressort des dernières études, sondages et aussi le maire le sait, du message des dernières élections municipales avec des écologistes à deux doigts de prendre le Capitole. Mais quartier Saint-Simon, la mairie se heurte à un paradoxe bien connu : des efforts oui, mais pas chez moi.

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Une place déjà végétalisée

Le quartier Saint-Simon, au sud-ouest de la ville, connu pour son ambiance "village" va bientôt voir sa place centrale réaménagée. Le sujet est en pleine concertation, les habitants pouvaient soumettre leurs idées, il y a encore quelques semaines. Car, devant l'église et la mairie de quartier, il est prévu que 35 des 53 places de stationnement disparaissent au profit de plus de végétaux, plus d'espaces débitumisés, une station de vélos en libre-service, une ombrière, etc. Émoi dans le quartier où une pétition a circulé ces dernières semaines avec près de 2.000 signataires opposés au projet.

Il faut dire que sur cette place cernée par des commerces de proximité, la Poste et des banques, trônent déjà une quinzaine de jeunes platanes. "Pas besoin d'en avoir plus, estime Zora en rejoignant sa voiture. Quand on veut s'aérer, on va dans des espaces verts comme la Ramée. On ne va pas dans le centre de Saint-Simon en espérant voir de la nature". Autour de la retraitée, une noria de voitures qui vont et viennent. On le voit bien, la plupart des automobilistes se garent quelques dizaines de minutes tout au plus pour faire une course, un rendez-vous à la banque ou chez l'esthéticienne comme Charlotte, une quadra en vélo. "C'est déjà compliqué de stationner ici, j'ai l'impression que le projet n'est pas adapté en rajoutant des arbres alors qu'il y en a déjà beaucoup. Cela va compliquer la vie des commerçants", remarque cette mère de famille installée dans ce quartier depuis 2018.

Dans l'air du temps

Les commerçants sont en effet les premiers au front, comme Fabienne Dudoret la boulangère qui a fait circuler la pétition. "Six à huit mois de travaux entre 2024 et 2025, c'est trop pour nous les commerçants", déplore-t-elle. "Pourquoi voulez-vous rajouter des arbres, on a des platanes de 12 mètres qui font de l'ombre. Je comprends que ce soit dans l'air du temps de mettre des arbres, mais on ne peut pas tout bouleverser en un claquement de doigts", détaille celle qui craint que sa clientèle ne puisse plus se garer.

Faire cohabiter le pragmatisme et l'écologie, c'est le grand défi des autorités. Nina Ochoa est la maire de quartier : "Je comprends la contradiction. Il s'agit de quartiers qui amorcent une transition vers une mobilité plus douce avec le développement des transports en commun. Les habitants se disent très attachés à leur voiture, mais si on leur propose un réseau Express Velo et une station Vélib pour rejoindre Basso-Cambo, le paradoxe va s'atténuer", justifie l'élue qui assure que la suppression des 35 places de parking de Saint-Simon n'est pas gravée dans le marbre.

Places de parking versus arbres : le prix à payer à Toulouse ?

La mairie de Toulouse revendique 35.000 arbres plantés depuis 2020. Elle en promet 100.000 nouveaux d'ici 2030 sachant qu'elle en compte officiellement 160.000. À titre de comparaison, Paris qui est un peu plus petite en superficie que Toulouse en a trois fois plus.

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La végétalisation promise par Jean-Luc Moudenc est en marche. Dans certains quartiers, les travaux sont déjà en cours. Comme dans la rue Riquet par exemple entre les allées Jean-Jaurès et la place Dupuy. Un panneau l'indique clairement : bientôt 22 arbres dans cette rue très minérale, 100 arbustes et des supports vélos supplémentaires. Ce que ne précise pas le panneau, c'est qu'il faudra pour créer des fosses végétales notamment supprimer des places de stationnement. Il y en a 69 actuellement, il va en rester 24.

C'est une tendance de fond, portée aussi par le projet Grand Parc Canal. D'ici 2030 selon ce projet, il y aura deux fois moins de voitures le long du canal, au profit des arbres et des pistes cyclables. C'est ainsi que sera supprimé le parking du Port Saint-Sauveur en face de la capitainerie. Exit aussi - et ce dès l'année prochaine, les 20 places du parking de Saint-Pierre-des-Cuisines à côté de la TSE, pour y mettre en 2025 des pelouses et des arbres.

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