Passer au contenu
Publicité

Protection des dauphins : après un mois d'arrêt, les pêcheurs au filet de Charente-Maritime reprennent la mer

Par

Après un mois de fermeture de la pêche au filet pour protéger les dauphins, les pêcheurs du golfe de Gascogne ont été autorisés à reprendre la mer, dans la nuit de mardi à mercredi. Un soulagement en Charente-Maritime pour toute la filière.

L'heure de débarquer le poisson pour le Jeannot, après sa première sortie en mer depuis l'interdiction de la pêche au filet dans le golfe de Gascogne. L'heure de débarquer le poisson pour le Jeannot, après sa première sortie en mer depuis l'interdiction de la pêche au filet dans le golfe de Gascogne.
L'heure de débarquer le poisson pour le Jeannot, après sa première sortie en mer depuis l'interdiction de la pêche au filet dans le golfe de Gascogne. © Radio France - Julien Fleury

Retour en mer pour les fileyeurs du golfe de Gascogne. La libération pour une cinquantaine de bateaux de pêche de Charente-Maritime, bloqués à quai durant un mois à La Rochelle, La Cotinière et Royan, après une décision du Conseil d'État destinée à protéger les populations de cétacés. Des dauphins pour l'essentiel, de plus en plus nombreux ces dernières années à se prendre dans les filets de pêche - hécatombe estimée par les chercheurs entre 5.000 et 10.000 individus par an - dont 1.830 cadavres retrouvés échoués en 2023, selon un décompte de l'institut rochelais Pelagis.

Publicité

À La Rochelle, le patron du Jeannot, Raymond Millet, n'a pas perdu une seconde. Dès qu'il a pu remonter sur son bateau dans la nuit de mardi à mercredi, il a fait le plein et mis le cap vers la pointe de l'île de Ré. Vers 8h du matin, le voilà déjà de retour au port. Première sortie depuis un mois pour Luigi : "on n'est pas habitué à prendre autant de vacances" sourit le matelot, au moment de s'atteler à une petite grue afin de remonter la pêche du jour.

"Des dauphins ? On n'en a pas vu"

Faute de temps, le Jeannot n'a déployé que la moitié de ses filets. De quoi ramener tout de même 450 kg de poisson : "un peu de bar, un peu de dorade grise, détaille Luigi. Au bout d'un mois, il faut retrouver le poisson." Et des dauphins ? "On n'en a pas vu. On n'en pêche pas, des dauphins", tranche Luigi. Qu'on devine en désaccord complet avec le diagnostic des scientifiques.

Des dorades, des bars... mais pas de dauphins. "On n'en pêche jamais" assure Luigi, matelot à bord du Jeannot. Dans l'incompréhension face à la fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne.
Des dorades, des bars... mais pas de dauphins. "On n'en pêche jamais" assure Luigi, matelot à bord du Jeannot. Dans l'incompréhension face à la fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne. © Radio France - Julien Fleury

Cette pêche est en tout cas bienvenue, pour alimenter la criée de La Rochelle. Vente de poissons en berne depuis un mois à La Rochelle, avec des volumes divisés par deux. Jérôme est employé du port de pêche. Lui aussi retrouve le sourire : "je suis hyper content. C'est aussi l'occasion de retrouver les camarades !" Toute la filière a souffert de cet "arrêt cétacés", rappelle Jérôme : "et encore, les mareyeurs ont réussi à choper du poisson sur les extérieurs, mais nous on était vraiment coincés. À tel point qu'on a été obligé d'anticiper nos congés, sinon c'était chômage technique."

loading

"Qu'on nous laisse le droit de travailler"

Le patron du Jeanneau retourne ensuite à son ponton. Âgé de la soixantaine, Raymond Millet est heureux de repartir en mer, mais inquiet pour la suite : "là où ça m'emmerde vraiment, c'est pour les jeunes. Je leur ai dit : du poisson, il y en aura. Du cours, des revenus, il y en aura aussi. Mais c'est les restrictions, les quotas et maintenant les interdictions de pêcher. Il faut vraiment que le gouvernement du pognon ait à balancer" regrette le vieux marin, qui revendique : "on n'a pas besoin de leur pognon, qu'on nous donne le droit de travailler dignement ! Point barre."

Le patron du Jeannot, Raymond Millet, avec l'un de ses matelots. Le sexagénaire s'inquiète pour l'avenir de la pêche rochelaise : "du poisson, il y en aura, des cours aussi, mais les restrictions..."
Le patron du Jeannot, Raymond Millet, avec l'un de ses matelots. Le sexagénaire s'inquiète pour l'avenir de la pêche rochelaise : "du poisson, il y en aura, des cours aussi, mais les restrictions..." © Radio France - Julien Fleury

Inquiétude partagée à la tête du port de pêche qui craint pour sa survie. "Si ces arrêts se multiplient dans les années à venir, certains mareyeurs installés depuis des années ici, pourraient revoir leur stratégie" craint l'élu PS rochelais Christophe Bertaud, président du syndicat mixte qui gère le port de pêche. Christophe Bertaud qui a fait les comptes, après ce mois d'arrêt : "c'est 100.000 euros qu'il va falloir compenser". Soit le manque à gagner en termes de redevance, lié aux arrêts annulés des bateaux de pêche, et la réduction des volumes en criée.

loading

La survie du port de pêche de La Rochelle en question

Christophe Bertaud en appelle à l'État, "qui aide les pêcheurs à hauteur de 80% de leur chiffre d'affaires, qui aide aussi un peu le mareyage, mais n'aide pas du tout les ports". Des ports invités à demander des rallonges à leurs actionnaires. Pour Chef-de-Baie il s'agit de la communauté d'agglomération de La Rochelle, et le Département. "Mais il y a une contrainte budgétaire qui pèse sur le département, souligne Christophe Bertaud, et donc nous retourner vers le Département va être difficile. Aujourd'hui, nous avons encore la tête hors de l'eau. J'ai peur que pour 2024, nous ayons la tête sous l'eau."

Le port de Chef-de-Baie enregistre 100.000 euros de manque à gagner : les taxes et redevances qui n'ont pas été versées, faute d'escale de bateaux de pêche, et de poisson à vendre à la criée.
Le port de Chef-de-Baie enregistre 100.000 euros de manque à gagner : les taxes et redevances qui n'ont pas été versées, faute d'escale de bateaux de pêche, et de poisson à vendre à la criée. © Radio France - Julien Fleury

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined