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GRAND FORMAT - À la rencontre des baliseurs, ces bénévoles qui entretiennent les randonnées de l'Isère

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Si vous randonnez, vous connaissez les petits traits jaunes, rouges ou blancs, et les croix qui délimitent les chemins de randonnées. Derrière ces coups de peinture, il y a des bénévoles de la Fédération française de randonnée. Nous partons à leur rencontre.

Nous avons suivi un groupe de baliseurs au départ de Brié-et-Angonnes. Ils ont répertorié un nouveau chemin : une boucle au départ du village, jusqu'à Bellevue, au dessus de Montchaboud. Un groupe de six baliseurs. En Isère, ils sont une centaine à arpenter les 9.000 kilomètres de sentiers balisés du département. En balisant, ils assurent la sécurité des randonneurs. Tous les trois ans, ils reviennent sur chaque sentier pour les entretenir. L'année dernière, en 2021, ils ont balisé 1.668 kilomètres de sentiers, un travail de longue haleine, mais aussi un plaisir. Sur ce nouveau chemin à baliser, nous aurons une vue panoramique sur les massifs, au point culminant de Bellevue, mais avant, il faut s'équiper. C'est Patrick qui nous explique, le référant du groupe, c'est lui que nous suivons.

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Une centaine de bénévoles de la Ffrandonnée de l'Isère balisent les PR, GR et GR de Pays
Une centaine de bénévoles de la Ffrandonnée de l'Isère balisent les PR, GR et GR de Pays © Radio France - Shannon Marini

"Dans la ceinture, on va avoir quelques outils du style racloir, râpe, brosse métallique, de façon à préparer les supports. Soit sur des arbres, où on gratte un peu l'écorce, de façon à rendre la base un peu plus lisse, soit sur des cailloux et à ce moment là, on utilise ce qu'on appelle une boucharde. C'est un marteau avec une tête à petits picots qui permettent de casser la roche un peu en surface, de façon à lisser et faciliter le travail des peintres et l'adhésion de la peinture au rocher. L'équipe va avoir deux types de baliseurs, ceux qui préparent les supports et ceux derrière qui vont faire la peinture. Aujourd'hui, elle sera jaune puisqu'on va baliser des sentiers dit "PR"."

PR pour Promenade randonnée. C'est une randonnée qui se fait dans la journée, contrairement aux GR, les grandes randonnées qui peuvent prendre plusieurs semaines. 

"La peinture se fait avec des pinceaux, des tamponnoirs et avec des pochoirs de différentes formes, selon la balise que l'on à apposer. Il existe trois sortes de balises : la continuité, qui indique aux randonneurs qu'ils sont sur le bon chemin. Il y a la croix qui dit qu'ils ne sont plus sur le bon itinéraire. Et il y a aussi la balise qui indique un changement de direction vers la droite ou vers la gauche." 

Méticulosité, le maître-mot 

Nous rejoignons notre poteau de départ. 150 pas plus loin, il faut marquer un arbre. 150 mètres, c'est approximativement la distance entre chaque indication. "C'est pour ça que tu m'entends grommeler des chiffres, sourit Patrick. Le principe, c'est de gratter pour rendre la surface à peu près uniforme. Enlever aussi toutes les impuretés, les lichens, les mousses qui vont dégrader la peinture rapidement, mais sans abîmer l'arbre. On va travailler uniquement en surface de l'écorce, sans jamais aller jusqu'à l'aubier pour ne pas blesser l'arbre. Le principe étant aussi de baliser le sentier visible dans les deux sens de progression. Il y a quelques années, on faisait des balises qui étaient parallèles à la voie de circulation, visibles dans les deux sens. Maintenant, le balisage est perpendiculaire à la voie de circulation, visible dans un sens et visible dans l'autre. On fait ce que l'on appelle des "recto verso"."

Ce recto verso, ce n'est que le premier. Il reste cinq kilomètres de sentiers à baliser. Pour ça, Patrick est bien entouré, cinq baliseurs et baliseuses l'accompagnent. 

Véronique fait partie des baliseurs peintres pour la journée
Véronique fait partie des baliseurs peintres pour la journée © Radio France - Shannon Marini

Dans l'équipe, l'expérience se mesure aux taches de peinture sur les vêtements. Véronique balise depuis plusieurs années et sa ceinture à outils. Ses vêtements de travail sont recouverts de jaune. Déborah, par contre, 24 ans, vient de commencer. Ses vêtements sont encore immaculés. En plus de la peinture, elle est assignée au chiffon sous le regard de Patrick. "On nettoie les lames directionnelles avec de l'eau et du savon noir, explique-t-il." 

Le nettoyage, c'est un peu le bizutage pour les nouveaux. C'est Déborah qui s'y colle. Elle a quitté Paris pour Grenoble il y a six mois. Elle fait un service civique à la FFrandonnée de l'Isère et elle ne verra plus les indications jaunes de la même manière. "Je me doutais bien qu'il y avait des gens derrière les petits traits, mais c'est vrai qu'on ne s'imagine pas forcément que ce sont des bénévoles et on n'imagine pas le travail que c'est. C'est plus technique que ce que je pensais, il y a quand même pas mal d'outils à utiliser. Il y a des règles à respecter, la distance entre les balises, etc. C'est un beau travail."

Autre mission des baliseurs : le nettoyage des panneaux directionnels
Autre mission des baliseurs : le nettoyage des panneaux directionnels © Radio France - Shannon Marini

"Avant, j'étais freelance en communication digitale, web marketing, raconte Déborah_. Et là, j'aimerais m'orienter dans le domaine du tourisme éco responsable. En attendant d'être prise à la rentrée, en septembre, je fais ce service civique pour la randonnée. Je me suis rendue compte qu'il me manquait une dimension plus humaine et le contact avec la nature et moi. Mon idée, c'est de pouvoir un jour ouvrir un gîte écoresponsable, peut-être un hébergement insolite en pleine nature, proposer des circuits, avoir des animaux... Changement assez radical, mais ça me correspond davantage, je pense. La région parisienne, c'est un autre monde. Quand on aime la nature, il faut tout de suite faire plusieurs heures de voiture pour pouvoir aller se promener. Effectivement, j'avais envie d'être dans une région où l'on a accès à la nature plus facilement. Et puis la montagne, j'adore ça_."

Ce n'est que le début de l'apprentissage pour la jeune recrue de l'équipe. Pour l'instant, elle est à l'essai. Pour devenir baliseuse confirmée, elle devra passer un examen. Rien de théorique, il se passe en plein air et s'appuie sur la pratique. Ce sont les formateurs comme Patrick qui le valide.

"On leur explique le fonctionnement de la Fédération, du comité de l'Isère, les assurances et les responsabilités. On leur parle aussi de l'organisation d'une sortie, de la cotation de difficultés. On leur explique aussi et surtout comment fonctionne et comment est organisée l'architecture des sentiers en France et dans l'Isère. Pour comprendre quand ils balisent, pourquoi ils balisent, comment ils balisent, pour qui ils balisent. On répond à des appels d'offres des communautés de communes et on balise parce qu'il y a une demande. On ne fait pas n'importe quoi, n'importe quand, pour n'importe qui."

Les PR sont balisés en jaune
Les PR sont balisés en jaune © Radio France - Shannon Marini

Baliseur un jour, baliseur toujours

Si Patrick et les autres parcourent les chemins de randonnées, et mettent leur temps et leur énergie dans cette activité de balisage, c'est pour plusieurs raisons, comme celle de se sentir utile. Patrick passe aujourd'hui une grande partie de son temps sur les chemins. Une passion qui a commencé pendant le confinement. 

"On œuvre pour quelque chose. Quand on passe, il y a une trace derrière nous et on a l'impression que l'on a œuvré, non pas pour l'éternité, mais pour les trois années à venir. Ça permet aux gens de se promener dans une relative sécurité quand on ne maîtrise pas l'orientation. Mais ça permet aussi, dans certains secteurs, de pouvoir guider, orienter, canaliser les flux importants de fréquentation que l'on enregistre et notamment depuis le début de la crise du Covid. Il y a de plus en plus de monde qui se concentre sur certains itinéraires et ça peut poser des problèmes liés à la surfréquentation. Si on peut éviter ces sites et orienter sur des itinéraires tout aussi intéressants, ce n'est pas plus mal." 

Avec lui, Patrick a entraîné sa femme Christine. "Mon mari s'y est mis, avec le confinement on ne pouvait sortir qu'avec le conjoint ou avec celui avec qui on était confiné. Donc, je sortais avec lui, tout simplement, rit-elle. Et puis après, on prend le virus, comme disent certains : Baliseur un jour. Baliseur toujours.

Si ça vous a donné envie, vous pouvez rejoindre l'équipe de baliseurs. Pour ça, il faut directement contacter la Ffrandonnée de l'Isère, sur leur site par exemple. Il n'y a pas de compétence requise, à part le plaisir de la marche. Vous pouvez choisir les sorties, en fonction de votre endurance, il y en a pour tous les goûts.

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