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En Isère, face au réchauffement, des parcelles-test de forêts pour expérimenter de nouvelles essences d'arbres

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France Bleu Isère vous propose une journée spéciale le mercredi 24 novembre consacrée aux forêts françaises. Reportage au Col de Porte en Chartreuse avec des agents de l'Office nationale des forêts.

La forêt du Col de Porte La forêt du Col de Porte
La forêt du Col de Porte © Radio France - Lionel Cariou

C'est un peu une exception, ici en forêt de Chartreuse : deux hectares entièrement dénudés, coupés à blanc en 2010. La parcelle privée située au Col de Porte a depuis été rachetée par l'Office national des forêts (ONF) qui s'en serre désormais comme zone de test. L'Isère en compte une dizaine, les Alpes une cinquantaine. "On peut voir un sapin au pied du tuteur" : Benoît Forot désigne une petite pousse de 15 centimètres de hauteur. "Là en l'occurrence  ce sont des sapins qui viennent de l'Aude, explique le technicien de l'ONF en charge du secteur. C'est la même espèce de sapin que l'on a chez nous - donc du sapin blanc -  mais qui est adaptée à un climat plus méditerranéen, donc qui serait plus résistante au stress hydrique." 

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Benoît Forot (à gauche) et Jean-Yves Bouvet sur la parcelle test du Col de Porte
Benoît Forot (à gauche) et Jean-Yves Bouvet sur la parcelle test du Col de Porte © Radio France - Lionel Cariou

600 sapins blancs ont été plantés ici en octobre 2010, et autant de sapins Douglas, que l'on trouve davantage dans le Massif Central. "C'est un  expérimentation, souligne Jean-Yves  Bouvet, le directeur de l'ONF en Isère. On en attend de l'information, savoir quelles espèces seront les plus résistantes." 

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À maturité dans 80 ans

Car même si l'impact de la hausse des températures est encore limité dans les forêts iséroises - au contraire de celles de l'Est de la France - il faut anticiper des changements inéluctables. Et dont les prémices sont déjà là. En Chartreuse, des phénomènes de dépérissement ont été constatés du côté de l'Aiguille de Quaix, en versant Sud, explique Benoît Forot. Un phénomène également observé dans le massif de Belledonne où l'on trouve de l'épicéas, plus fragile. 

Un sapin blanc de l'Aude planté en octobre 2020
Un sapin blanc de l'Aude planté en octobre 2020 © Radio France - Lionel Cariou

"L'effets négatif sur la forêt se voit déjà en Isère, confirme Jean-Yves Bouvet. _Ce n'est pas spectaculaire et n'est pas partout, mais on a des petits spots de forêt qui meure. Ce sont des clignotants rouges qui s'allument pour dire que la forêt souffre beaucoup."_D'où la nécessité d'essayer de se projeter dans l'avenir. Les expérimentations comme celles du Col de Porte font partie de la stratégie de l'ONF. Mais c'est un travail au long cours ; les 1.200 sapins plantés l'année dernière n'arriveront à maturité que dans... 80 ans. Ces arbres seront-ils adaptés au climat de 2100 ? Tout dépend du scénario de réchauffement retenu. En réalité, on avance à tâtons. Mais une chose est sûre : la forêt de demain sera bien différente de celle que nous connaissons aujourd'hui, notamment en montagne. Les feuillus prendront plus de place, prédit Jean-Yves Bouvet : "si on compare la vulnérabilité future au climat futur de l'épicéas, du sapin et du hêtre, celui qui est annoncé comme le plus résistant c'est le hêtre." 

Une gestion raisonnée 

Mais le réchauffement climatique n'est pas le seul frein à la régénération de la forêt iséroise et de ses 400.000 hectares. Un arbre affaibli par le manque d'eau est plus vulnérable face aux parasites. Dans certaines zones, c'est la présence en nombre d'animaux sauvages (en particulier les cerfs) qui empêche les arbres de croitre, les cervidés se nourrissant des jeunes pousses... 

Une pousse de bouleau mangée par un cervidé
Une pousse de bouleau mangée par un cervidé © Radio France - Lionel Cariou

La gestion de la forêt est un exercice complexe, surtout en montagne où l'on pratique la "futaie irrégulière" : les essences sont mélangées, comme les âges, on y prélève les arbres de façon périodique, et jamais en coupant l'ensemble de la parcelle. "On ne pratique pas la coupe rase, explique Benoît Forot. Le couvert forestier est permanent et continu." Car la forêt iséroise est exploitée. On estime que la filière bois emploie 7.000 personnes dans le département - bûcherons, exploitants, scieries, etc. 

Un rôle de pédagogie auprès des promeneurs

Le rôle des professionnels est parfois mal compris, notamment lorsqu'il faut faire respecter les périmètres de sécurité autour des chantiers de coupe. Les agents de l'ONF doivent expliquer à des promeneurs, surpris et parfois agacés d'entendre des tronçonneuses et de voir de gros tracteurs de débardage creuser des ornières sur les pistes, que la situation en France est bien différente de celle de l'Amazonie et qu'ici on ne fait pas n'importe quoi... "Il y a ce fantasme pour les citadins qui viennent en forêt de se retrouver en pleine nature, dans une nature inviolée, note Jean-Yves Bouvet. En fait les forêts de montagne autour de Grenoble sont des forêts cultivées. Notre travail c'est de concilier la capacité des forêts à accueillir du monde, la capacité à approvisionner une filière bois et faire travailler des gens, et sans jamais oublier la biodiversité." 

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D'ailleurs la forêt française s'est considérablement étendue depuis un siècle, sous le double effet du recul de l'emprise agricole et de l'action de l'Etat. L'enjeu aujourd'hui est de lui assurer un avenir face à la hausse des températures.

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