À Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, la maison en carton est devenue une réalité

"Ici, c'est le show-room", explique Alain Marboeuf, le dirigeant de la société Bat'Ipac, à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, au sud de Nantes. "Vous la voyez, cette coupe de mur en carton Ipac ? Elle fait 20 centimètres, comme un parpaing. Et après, il faut rajouter la laine minérale. Donc sur une même coupe de mur, je suis beaucoup moins épais. Pour des performances équivalentes voire supérieures."

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Ce carton Ipac, breveté, est composé de feuilles de carton alvéolaire, collées entre elles avec de l'amidon de maïs ou de blé. La première maison en carton a été construite en 2013, à Belle-Ile-en-Mer. Un matériau très enveloppant, à en croire Alain Marboeuf :  "C'est une chambre d'hôte où il y a un livre d'or et, globalement, ce sont toujours les mêmes ressentis, le côté cocooning, on y est bien. L'effet bruit est atténué grâce aux alvéoles et, avec la stabilité thermique, on n'a pas d'effets chaud-froid."

Le PDG de Bat'Ipac poursuit sa démonstration : "Ces alvéoles-là renferment de l'air. C'est le principe du double vitrage à condition que vous soyez à moins de six millimètres d'écartement entre les parois, ce qui est le cas ici, et que le carton soit enfermé dans une membrane étanche." Et contrairement à ce qu'on croit, le carton est un matériau solide : "Grâce aux alvéoles encore ! Vous savez, on retrouve ce produit dans l'automobile, par exemple, les pare-chocs et les portières."

4 tonnes et demie de carton pour faire une maison

En dix ans, près de 15.000 m² de bâtiments ont été construits en carton Ipac. Pour fabriquer des maisons individuelles mais aussi des bureaux, un bowling et même un agrandissement de cantine. Et maintenant, c'est un bailleur social, Brest Métropole Habitat, qui fait fait appel à Bat'Ipac pour construire six maisons. "Il faut à peu 4,5 tonnes de carton pour faire une maison", précise Alain Marboeuf.

Le prix du carton oscille entre 1.600 et 2.600  euros du m² mais ce matériau n'engendre pas de surcoût, selon le dirigeant d'entreprise : "Grâce à ses performances, les murs sont moins épais. Donc vous gagnez des m² à l'intérieur. C'est l'équivalent de 6 à 7% de gagné. Donc même si le prix du mur est plus coûteux en tant que tel, pour le coup ce sont les m² habitables qui nous intéressent."

Pour découper et coller les feuilles de carton entre elles, Bat'Ipac (qui compte sept salariés) fait appel à des travailleurs handicapés de l'Esat (Établissement et service d'accompagnement par le travail) de Rezé. "Ces personnes ont besoin de faire partie du jeu. Et dans les choses nobles aussi. On fait souvent trier les déchets, balayer les cours. Là, elles participent à la fabrication d'un produit noble. Quand vous arrivez dans une structure d'insertion et que vous revenez avec la photo du bâtiment fait, vous redonnez de la considération à la personne."

Alain Marboeuf insiste aussi sur l'aspect environnemental du carton, "recyclable 25 fois sans couper un arbre". Et d'ajouter : "On ne recycle que 15% du carton sur la planète, il y a donc une vraie potentialité de matière première." Le carton, ce matériau longtemps négligé... sauf par quelques-uns : "Ce n'est pas le fruit du hasard si les SDF mettent des cartons sur le sol et sur eux pour se protéger du froid. C'est parce que ça fonctionne."