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A Rochefort, gendarmes et contrôleurs des affaires maritimes traquent les braconniers de pibales

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Son prix peut atteindre 5000 euros le kilo en Asie. La pibale, l'alevin d'anguille, a tout pour attirer les braconniers. Sauf que cette espèce est protégée, pour tenter d'enrayer son déclin. En Charente-Maritime, une vingtaine de contrôles sont organisés chaque année. Le dernier à Rochefort.

Repeuplement de Civelles Repeuplement de Civelles
Repeuplement de Civelles © Radio France

C'est une espèce menacée, et de plus en plus protégée. En Charente-Maritime, seule une centaine de pêcheurs professionnels ont le droit de pêcher la pibale (ou civelle) dont le prix de vente sur le marché officiel peut atteindre 400 euros le kilos.  Quotas à respecter, captures à déclarer. Mais avec ces prix exorbitants, la pibale attire forcément les braconniers. 

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En Charente-Maritime, une vingtaine de contrôles sont organisés chaque année durant la saison (de mi-novembre à mi-avril) par l'unité littorale des affaires maritimes, rejointe régulièrement par la brigade nautique de la gendarmerie nationale. C'était le cas dans la nuit de jeudi à vendredi, dans les environs de Rochefort. Une quinzaine d'hommes ont sillonné les lieux stratégiques du fleuve Charente.

Les braconniers agissent la nuit, à marée montante

Le Pont rouge à Rochefort. Lieu très connu des braconniers... ce petit bras de la Charente est fermé par une écluse, particulièrement propice pour pêcher la pibale, indique Jean-Luc Turpin, patron de l'unité littorale des affaires maritimes : "la civelle cherche à passer l'écluse, donc les braconniers font barrage sur le passage". Pour cela, ils utilisent une sorte de grande épuisette, un tamis, qu'ils plongent et replongent dans le fleuve. "Certaines nuits, vous pouvez pêcher jusqu'à 3 kilos, revendus dans les 100 euros le kilo au marché noir."

La nuit, le meilleur moment pour pêcher la pibale, l'idéal étant de choisir la marée montante qui pousse les anguilles vers l'amont des cours d'eau. Jean-Luc Turpin est donc habitué aux nuits blanches. Sa soirée de jeudi à vendredi, il va la passer caché dans un camion, pour mieux guetter les abords de l'écluse. Un collègue et un gendarme de la brigade nautique sont également tapis dans les fourrés.

Jean-Luc Turpin des affaires maritimes, et le gendarme Christophe Laferrière, étudient la carte de Rochefort, avant de se déployer sur les sites favoris des braconniers de pibales.
Jean-Luc Turpin des affaires maritimes, et le gendarme Christophe Laferrière, étudient la carte de Rochefort, avant de se déployer sur les sites favoris des braconniers de pibales. © Radio France - julien fleury

Des amendes qui grimpent à plusieurs milliers d'euros

Sans oublier un bateau des affaires maritimes, sur le fleuve : "il nous est arrivé de trouver des braconniers en bateau, raconte Jean-Luc Turpin. Et quand vous n'avez pas de bateau vous les regardez partir..." L'an dernier, ici même au Pont rouge, un braconnier a justement été interpellé à bord d'une vieille barque. "Il a perdu toute sa pêche, son matériel, et il a récolté une amende." Amende variable en fonction des situations, mais pour un petit pêcheur la prune peut rapidement atteindre plusieurs milliers d'euros. Beaucoup plus quand un réseau est démantelé : l'affaire peut alors être présentée au tribunal en correctionnelle.

Sans oublier l'humiliation suprême : "on rejette immédiatement la civelle à l'eau, sous les yeux du braconnier, précise Jean-Luc Turpin. Cela doit faire mal !" Mais en attendant, les heures s'égrennent en silence pour Jean-Luc Turpin. Après quatre heures de planque, il est temps de lever le camp. Bredouille : "notre présence reste importante car elle est aussi dissuasive. Même si ce n'est pas toujours concluant."

Des braconniers moins nombreux... ou plus discrets

Visiblement, les braconniers sont moins nombreux cette année, ou plus discrets. C'est en tout cas le sentiment de Christophe Laferrière, chef de la brigade nautique de la gendarmerie, qui a son explication : "l'année dernière, plusieurs réseaux ont été cassés, et cette année on voit moins de monde." Car pour écouler ce poisson sur le marché parallèle, il faut avoir des connections.

Au bout de ce chemin, l'écluse du Pont rouge, lieu très prisé des braconniers. L'an dernier l'un d'eux y a été intercepté par la vedette des Affaires maritimes, alors qu'il tentait de fuir en bateau.
Au bout de ce chemin, l'écluse du Pont rouge, lieu très prisé des braconniers. L'an dernier l'un d'eux y a été intercepté par la vedette des Affaires maritimes, alors qu'il tentait de fuir en bateau. © Radio France - julien fleury

Les braconniers sont également devenus très méfiants. "Aujourd'hui ils font des sauts de puce, explique Christophe Laferrière, ils pêchent un peu sur une écluse, puis vont voir ailleurs. Avant, ils pouvaient rester jusqu'à deux heures au même endroit. Aujourd'hui, c'est une heure grand maximum. C'est pourquoi il faut être prêt à bondir avant qu'ils s'en aillent."

Mais il faut aussi savoir temporiser, attendre les renforts avant de procéder à une interpellation. "Souci de sécurité" précise le gendarme Christophe Laferrière. Certains sont très calmes, mais d'autres peuvent être virulents." Le gendarme apprécie en tout cas l'évolution de la justice, qui tend à réprimer de plus en plus sévèrement cette contrebande.

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