A Homécourt, on étudie ces plantes capables de dépolluer les sols
A Homécourt (Meurthe-et-Moselle), sur le site de l'ancienne cokerie, des dizaines de chercheurs étudient la pollution des sols et les solutions pour les traiter. Certains de ces traitements passent par des plantes qui stabilisent les sols, voire absorbent les métaux lourds.
C'est une idée qui peut paraître surprenante, mais qui est pourtant connue et étudiée depuis une vingtaine d'années : utiliser certains végétaux pour dépolluer les sols, capter les métaux lourds. C'est l'un des objets de recherche du Gisfi, le Groupement d'intérêt scientifique sur les friches industrielles, qui réunit l'Université de Lorraine, le Centre national de recherche scientifique (CNRS), l'Institut national de recherche agronomique (INRA), le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris).
Depuis 2009, il a son propre site expérimental à Homécourt, sur l'ancien site de la cokerie, l'usine qui transformait le charbon en combustible, fermée depuis des décennies. Il s'agit d'expérimenter à taille réelle et dans les conditions climatiques naturelles, les travaux des laborantins.
L'objectif à long terme est de pouvoir restaurer les sols des anciennes friches industrielles, mais aussi de certaines zones urbaines abandonnées, en Lorraine ou ailleurs dans le monde.
Restaurer les sols grâce à certains types de végétaux
A Homécourt, les chercheurs observent donc comment évoluent les sols pollués, quel impact ont-ils sur l'eau et la flore, et comment les dépolluer. Parmi ces solutions, certaines passent par les plantes : c'est la phytoremédiation.
Ces plantes, dites "hyperaccumulatrices de métaux", sont capables d'absorber certains éléments présents dans le sol. La luzerne, l'alyssum murale ou le tabouret des bois, par exemple, permettent au sol de se régénérer. "On utilise des plantes spécifiques selon ce qu'on veut faire", explique Noële Enjelvin, la directrice du Gisfi. "On peut extraire des métaux avec certaines plantes, ou encore stabiliser le sol avec d'autres, qui vont empêcher les métaux de se répandre, grâce à leur système racinaire".
Sur le site expérimental du Gisfi, les chercheurs disposent de plusieurs parcelles en plein air, de différentes grandeurs, ainsi que de colonnes enterrées qui contiennent 2m3 de terre polluée chacune. Sous terre, les cuves sont reliées à des sondes qui permettent une surveillance constante des données.
La terre étudiée ne provient pas uniquement de l'ancienne cokerie : "On travaille sur des sols pollués qui peuvent venir d'ailleurs, dans toute la France, en fonction des programmes de recherche que l'on mène", explique Noële Enjelvin.
Du sujet de recherche à la commercialisation
Les paramètres sont étudiés plusieurs années, et les analyses des chercheurs lorrains permettent d'alimenter la littérature sur la régénération des sols pollués. Mais ces travaux permettent désormais aux industriels de s'emparer du sujet.
Econick, par exemple : start-up nancéienne issue des travaux du Gisfi, propose du nickel réutilisable grâce à une plante hyperaccumulatrice, l'alyssum murale. "La plante est séchée, et après divers traitements, on récupère le nickel sous forme de sel, d'oxyde", détaille Noële Enjelvin. Ce nickel est utilisé par les cristalleries Daum, dans leur modèle de tortue luth, pour lui donner sa couleur grisée.
La start-up lorraine et l'Université de Lorraine sont également associées, depuis le printemps 2022, avec la communauté d'agglomération du Val de Fensch, pour des recherches dans les jardins du parc du haut-fourneau U4 à Uckange, sur la thématique de la dépollution des sols par les plantes.
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