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Voiture, camion, c'est leur outil de travail : comment font-ils face à des prix hauts à la pompe ?

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Un chef d'entreprise avec 150 véhicules, une coiffeuse à domicile et un employé d'usine qui fait 90 km aller-retour pour le travail, nous sommes allés à la rencontre de ces habitants de Loire-Atlantique alors que la question des prix des carburants est au cœur du vaste dossier du pouvoir d'achat.

Affichette sur une pompe à essence indiquant la remise sur le prix carburant de 18 centimes par litre, mise en place par le gouvernement pour faire baisser les prix à la pompe. Affichette sur une pompe à essence indiquant la remise sur le prix carburant de 18 centimes par litre, mise en place par le gouvernement pour faire baisser les prix à la pompe.
Affichette sur une pompe à essence indiquant la remise sur le prix carburant de 18 centimes par litre, mise en place par le gouvernement pour faire baisser les prix à la pompe. © Radio France - Aurélien Accart

Alors qu'on est appelé à voter ce dimanche pour le 1er tour des législatives. Le pouvoir d'achat est un des dossiers qui sera sur la table de la future majorité des prochains députés. Avec notamment la délicate question des prix à la pompe. En ce début de semaine, essence comme diesel, le litre flirte voire dépasse les 2 euros en moyenne. Alors comment fait-on quand on n'a pas le choix d'utiliser la voiture pour le travail ? Qu'attend-t-on de la future majorité ? Est-on prêt à changer de voiture pour une électrique ? On a posé ces questions à trois habitants de Loire-Atlantique, trois professionnels pour qui, sans voiture, impossible de travailler, trois profils bien différents.

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Sophie, coiffeuse à domicile, sur le secteur de Divatte-sur-Loire

Voilà 13 ans que Sophie est coiffeuse à domicile à Divatte-sur-Loire et ses environs : le Loroux-Botterau, Saint-Julien-de-Concelles, Mauves-sur-Loire, etc. Sa voiture personnelle, une Renault Scénic, elle s'en sert aussi pour le travail, pour se rendre chez ses clients. Malgré la ristourne temporaire de 18 centimes TTC par litre accordée par l'Etat, la facture "carburant" reste élevée. Alors, depuis quelques temps, elle optimise ses tournées : "Je regroupe les clients d'une même commune sur la même journée ou demi-journée pour éviter les zigzags. Au début de ma carrière, je faisais 45-50 km par jour pour le travail, là en moyenne 27." Elle explique aussi ne pas avoir eu d'autre choix que d'augmenter un peu ses tarifs : 50 centimes par coupe.

Elle aimerait bien un coup de main de l'Etat, mais, selon elle, avec un statut d'auto-entrepreneur elle ne peut prétendre à rien. Elle travaille seule, pas en structure et donc difficile aussi de faire entendre sa voix poursuit-elle : "Plus on est gros, plus on obtient quelque chose, quand on est petit, on nous oublie." 

Quand on lui demande si pour réduire cette facture-là, elle n'envisage pas de passer à un véhicule électrique,  elle répond non :"J'ai besoin d'une voiture avec un grand coffre pour mettre tout mon matériel et il n'y en a pas beaucoup en électrique. Et niveau budget, ce n'est même pas possible." Il y a aussi l'entretien (le coût des batteries notamment) qui la questionne. En électrique, le prix du km est aujourd'hui 3 à 4 fois moins cher qu'avec un véhicule thermique. 

Sophie, coiffeuse à domicile
Sophie, coiffeuse à domicile © Radio France - Céline Loizeau

Damien, salarié chez Tipiak à Saint-Aignan-de-Grandlieu

Damien, 37 ans, travaille depuis plus de 15 ans chez Tipiak à Saint-Aignan-de-Grandlieu. Il habite à 45 km de son travail. Habiter près de Nantes, plus près du travail, "ça coûte trop cher" et il y a la vie de famille, le travail de sa compagne à prendre en compte aussi. Les trajets, il les fait à bord de sa Peugeot 308 diesel. Seul. "Impossible de covoiturer quand on fait les trois-huit. Il faudrait trouver un collègue qui habite la même commune et qui ait les mêmes horaires", fait-il remarquer. Les transports en commun, piste également inenvisageable vu ses horaires. Lui, qui gagne 1.700 à 1.800 euros par mois, met désormais près de 300 euros dans le réservoir de sa voiture pour aller au travail. "On a eu 70 euros d'augmentation en février, ça couvre la hausse des carburants de ces derrières semaines. Alors, oui c'est compliqué."

Représentant du personnel, syndicat CGT, il attend de l'Etat non pas une aide pour les gros rouleurs comme le Gouvernement le prévoit : "Qu'est-ce-que l'Etat va considérer comme gros rouleurs ? Et puis en fait, les hausses, ce n'est pas que le carburant, c'est plus large. Il y a la nourriture, le chauffage. L'Etat doit contraindre les entreprises à mieux payer les salariés pour que tout le monde puisse vivre de son travail. C'est essentiel. Il ne faut pas non plus oublier les retraités."

Sa 308 grise n'est pas prête de le quitter pour l'instant. "Avec mon salaire, je ne peux pas la changer aujourd'hui. Alors une électrique, je n'y pense même pas. C'est trop cher et en plus, même si je pouvais, vu que je roule beaucoup, il faudrait que je puisse la recharger. Regardez sur le parking de l'entreprise, par exemple, il n'y a pas de borne de recharge." 

Damien à bord de sa voiture.
Damien à bord de sa voiture. © Radio France - Céline Loizeau

Sébastien Renault, co-gérant d'Exodon à Trigniac

Sébastien Renault est l'un des gérants d'Exodon, entreprise de transports et de BTP. Le siège est à Trignac. Une société qui compte quelque 150 véhicules, des camions, des fourgonnettes...Le budget "carburants" est passé il y a peu de 150.000 euros à 200.000 euros. "On a réduit nos marges, on optimise nos trajets et on est encore plus vigilants à l'éco-conduite", explique-t-il. Le tarif facturé au client est également en partie indexé sur l'évolution des prix. Il y a peu, pour cette facture "carburants", son entreprise a pu solliciter une subvention. L'Etat doit-il aller encore plus loin ? Pour lui, "tout ne doit pas reposer sur l'Etat, les solutions doivent se trouver collectivement."

Le dossier "carburants" n'est pas celui qui aujourd'hui le préoccupe le plus. Aujourd'hui, ça passe, "c'est 1 à 2% du chiffre d'affaire en fonction des filiales", mais il y a d'autres hausses fortes comme le prix des pneus "on a fait avec trois hausses en un an." Entreprise du BTP, Exodon doit aussi composer avec le prix des matières premières "tout augmente, les matériaux, les tuyaux..."

Exodon a beaucoup de gros camions pour qui l'option électrique n'existe pas. L'entreprise a renouvelé une bonne partie de sa flotte il y a trois-quatre ans pour des véhicules récents, plus propres et moins gourmands. 

Sébastien Renault, co-gérant de la société Exodon.
Sébastien Renault, co-gérant de la société Exodon. © Radio France - Céline Loizeau

Ma France : Améliorer le logement des Français

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