Passer au contenu
Publicité

Victoire pour les ex-salariés d'Ecopla : la justice reconnait que leur licenciement en 2016 était abusif

Par

Victoire judiciaire, 5 ans après la fermeture de leur usine, pour les ex-salariés d'Ecopla, à Saint-Vincent-de-Mercuze (Isère). La cour d'appel de Grenoble a reconnu que leur licenciement était abusif et a condamné leur ancien patron à leur verser 2 millions de dommages et intérêts.

Les salariés d'Ecopla avaient occupé leur usine pour sauver leurs emplois Les salariés d'Ecopla avaient occupé leur usine pour sauver leurs emplois
Les salariés d'Ecopla avaient occupé leur usine pour sauver leurs emplois © Radio France - Véronique Pueyo

Le 9 septembre dernier, la chambre sociale de la cour d'appel de Grenoble a confirmé le jugement de première instance des Prudhommes. Les 46 ex-salariés Ecopla ont gagné. Leur licenciement en 2016 a été jugé abusif, c'est-à-dire sans cause réelle et sérieuse. Leur ancien patron, le PDG de la société Nicholl Food Packaging, a été condamné à leur verser plus de 2 millions d'euros.

Publicité
La chambre sociale de la cour d'appel de Grenoble a donné raison aux ex-salariés d'Ecopla.
La chambre sociale de la cour d'appel de Grenoble a donné raison aux ex-salariés d'Ecopla. © Radio France - Véronique Pueyo

Retour sur le combat des Ecopla

Les "Ecopla" -comme on les avait alors surnommés- s'étaient battus comme des lions pour sauver leur usine de Saint Vincent de Mercuze et ses 77 emplois. Leur combat avait marqué les esprits. Vendu par Pechiney en 1996 au PDG de Nicholl Food Packaging, Ecopla, qui fabriquait des emballages alimentaires en aluminium, se portait très bien mais son patron n'avait pas hésité à vider sa trésorerie pour renflouer les caisses des autres sociétés du groupe. 

Une gestion plus qu'hasardeuse qui avait conduit à la liquidation d'Ecopla en 2016. C'est à ce moment-là qu'un collectif de salariés s'était constitué. Ils ne voulaient pas baisser les bras. Leur projet était de créer une SCOP pour sauver leur outil de travail et leurs emplois. Mais cela a échoué. Pourtant, ils avaient reçu le soutien de plusieurs politiques. Il faut dire que la campagne présidentielle débutait et les candidats avaient défilé, dont un certain Emmanuel Macron. Mais le collectif n'avait pas réussi son pari.

Emmanuel Macron, en visite à Ecopla, n'avait pas encore officiellement annoncé sa candidature à la présidentielle
Emmanuel Macron, en visite à Ecopla, n'avait pas encore officiellement annoncé sa candidature à la présidentielle - DR

Une victoire au goût amer

"On s'est épuisé dans ce combat inégal" se souvient une ex-salariée qui a aujourd'hui tourné la page. "Ce jugement prouve que l'on avait raison, mais c'est trop tard." Aujourd'hui, elle s'apprête à quitter la région et à se lancer dans une carrière d'écrivain public.

Pour Christophe Chevalier, délégué CGT d'Ecopla, qui était l'un des leaders des Ecopla, la victoire aussi a un goût amer. "J'ai peut-être gagné 40 000 euros dans l'histoire, mais j'ai beaucoup perdu. J'ai divorcé, quitté ma maison pour un petit appartement en ville, dans une autre région.  Aujourd'hui, je recherche les armes des deux guerres mondiales, un peu partout en France, pour Suez. Ce combat pour Ecopla, c'était le combat d'une vie. Cela a été difficile d'accepter notre défaite."

En 2017, Christophe Chevalier, fer de lance du combat des Ecopla, fait face à un gendarme, venu sécuriser le site, occupé illégalement par les salariés qui veulent reprendre leur usine en Scop
En 2017, Christophe Chevalier, fer de lance du combat des Ecopla, fait face à un gendarme, venu sécuriser le site, occupé illégalement par les salariés qui veulent reprendre leur usine en Scop © Radio France - Véronique Pueyo

Le fond de garanties va payer la facture

Certes, Nicholl Food Packaging a été condamné à verser plus de 2 millions d'euros de dommages et intérêts aux 46 ex-salariés, mais comme NFP a été elle-même liquidée au Royaume-Uni, où se trouvait son siège, c'est donc le fonds de garantie des salaires, soit l'ensemble des contribuables français, qui va devoir, maintenant, payer la facture

Pour Maitre Pierre Janot, qui a accompagné depuis le début la lutte des Ecopla, cela n'est pas normal. "Il faudrait revoir cela. Cet hommes d'affaires s'en tire très bien. Et puis, il faudrait que la justice écoute les salariés qui connaissent bien leur outil de travail. Les Ecopla avaient tiré la sonnette d'alarme dès 2014 et on ne les a pas entendus. Ils voyaient bien que leur patron était en train de sacrifier leur usine pour ses propres intérêts."

loading

Deux millions de dommages et intérêts

Ecopla avait ensuite été repris par l'italien Cuki, un concurrent, qui depuis a installé sa production à la Terrasse, à quelques kilomètres de Saint Vincent de Mercuze. Sur le terrain d'Ecopla, d'autres entreprises se sont, depuis, installées.Le liquidateur d'Ecopla a un mois pour se pourvoir en cassation mais l'argent devra être versé aux ex-salariés. 50 000 euros en moyenne, en fonction de l'ancienneté et du salaire de l'époque.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined