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Vente de carburant à perte : "il faut un accompagnement à long terme sur la transition écologique"

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Le gouvernement souhaite que la vente à perte de carburants soit possible, à partir du 1er décembre, pour tenter de répondre à l'augmentation des prix de l'essence et du diesel. La mesure inquiète fortement les gérants de stations-service indépendantes.

Yohann Breuil gère un garage automobile et une station-service à Saint-Marcellin-en-Forez. Yohann Breuil gère un garage automobile et une station-service à Saint-Marcellin-en-Forez.
Yohann Breuil gère un garage automobile et une station-service à Saint-Marcellin-en-Forez. © Radio France - Radio France

La compensation pour les stations indépendantes doit être sérieuse face à la vente de carburant à perte, selon l'organisation Mobilians, qui représente 5.800 patrons de stations-service hors grandes surfaces. Yohann Breuil fait partie de ce réseau d'indépendants; il gère une garage automobile et une station-service à Saint-Marcellin-en-Forez. Il est également représentant du syndicat Mobilians pour le métier détaillant carburant.

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France Bleu Saint-Étienne Loire : Vendre le carburant à perte, comme le souhaite le gouvernement à partir du 1ᵉʳ décembre, ça veut dire quoi pour vous dans votre station ?**

Yohann Breuil : Ça veut dire tout simplement en pratique, que, au niveau de certaine stations, c'est une perte certaine, naturellement au niveau des marges. À titre personnel, je suis un petit peu moins concerné puisque du coup, j'ai aussi l'activité de garagiste professionnel. Mais pour les stations-service qui ne gèrent que cette activité, la vente de carburant représente 40 % de leurs marges. Donc, ce qui veut dire que la perspective de vendre à perte représente une perte sur 40 % de leurs marges. C'est quelque chose qui, pour un professionnel, n'est pas gérable.

Est-ce tenable dans ce cas de vendre à perte pendant six mois, c'est la période indiquée par le gouvernement ?

Pas sans accompagnement. Bon, après, pour l'instant, les nouvelles que l'on a sont plutôt optimistes. Nos instances syndicales étaient hier en réunion avec Bruno Le Maire, Olivier Grégoire et à Agnès Pannier-Runacher donc au niveau national à Paris. Et les annonces qui semblent en découler pour l'instant sont plutôt positives et saluées par nos instances. Mais bien évidemment, nous restons toujours vigilants.

Qu'attendez-vous de la part des ministres, quelles compensations ?

Déjà un accompagnement forcément sur la perte que cela va représenter. Accompagnement aussi après,  à plus long terme, sur tout ce qui est question de la transition, puisque la transition écologique fait partie de nos réalités, aussi bien en tant que particuliers que professionnels. Donc, forcément, il y aura aussi un travail à faire sur tout ce qui est solutions d'accompagnement, de transition, vers les nouveaux carburants, pour pallier l'énergie fossile.

Aujourd'hui, voyez-vous baisser le nombre de clients ? Ou des clients qui se limitent plus qu'avant, qui ne font pas le plein, qui comparent les prix d'une station à l'autre ?

Les prix se comparent assez facilement puisqu'il y a des sites, notamment le site gouvernemental qui permet la publication des prix dans chaque station et de chaque carburant. Après, est-ce qu'il y a une baisse? Je ne peux pas forcément parler de baisse puisque du coup, ça reste quand même un besoin pour tout un chacun d'avoir sa voiture pour aller travailler, surtout dans la zone où je suis, qui est une zone rurale et qui n'est pas forcément très bien desservie par les transports, les transports en commun. Au moins faut-il prendre sa voiture pour aller à la gare. Donc forcément, le besoin de mobilité est là et est réel.

Votre organisation, Mobilians, a attaqué Casino en justice concernant une publicité sur les prix des carburants, pour quelle raison ?

Le problème est ce que ce que je vous disais précédemment, par rapport aux questions de marges. Pour une petite station de proximité urbaine ou rurale, la distribution de carburant, c'est 40 % de leurs marges. Pour une grande ou moyenne surface, c'est une part infinitésimale de leurs marges, donc une main lave l'autre, tout simplement : la marge qu'ils vont perdre sur une opération, ils vont la récupérer sur une autre,  ce qui est moins facile pour nous en tant qu'indépendant. Eux vont pouvoir se rattraper, ne serait ce que sur quelques dixièmes de centimes, sur tel ou tel produit multiplié par x. milliers de références en magasin. C'est pour cela que nous apprécions que le gouvernement ait choisi de nous rencontrer seul et sans les GMS (Grandes et moyennes surfaces), c'est-à-dire de reconnaître, entre guillemets, que la distribution de carburants via le réseau traditionnel et via les GMS n'est pas tout à fait le même métier en soi.

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