Sécheresse : la choucroute d'Alsace menacée

"Vu l'état des choux, moi je ne crois plus trop aux miracles!" Guy Krauffel cultive neuf hectares entre Meistratzheim et Krautergersheim (67), la capitale de la choucroute... Et il songe sérieusement à arrêter de cultiver ce légume traditionnel alsacien : *"C'est la troisième année où l'on est dans le rouge, les bilans ne sont pas bons. Ca fait mal au coeur. Même la nuit ça me réveille. Il y aura du changement, c'est sûr." *

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30 à 50% de pertes

Les pluies de ce début de semaine ne suffiront pas à faire oublier la sécheresse qui sévit depuis début juin. Dans les champs, les cultures ont pris du retard. Les récoltes de choux commencent en ce moment (jusqu'en décembre), mais les agriculteurs ont dû repousser l'échéance de plusieurs semaines. Et ils s'attendent à une très mauvaise année : 30 à 50% de pertes selon les parcelles... Du jamais vu depuis 2003, voire pire.

Deux kilos au lieu de... six

Dans les champs, c'est bien simple, les choux survivent mais ne grandissent pas. Ils sont trop petits et pas assez lourds : deux kilos la tête au lieu de six ! Alors vu le niveau des prix, certains producteurs, la tête sous l'eau, risquent bien de "jeter l'éponge" . Une année* "catastrophique"* , craint Laurent Heitz, agriculteur à Geispolsheim et président du syndicat des producteurs de choux à choucroute. Toute la filière est en danger, jusqu'à l'assiette...

"C'est un légume qui demande beaucoup de main-d'oeuvre, et puis la récolte c'est de début août jusqu'au mois de décembre , poursuit-il*. On récolte un hectare par jour alors que le maïs c'est deux hectares par heure !" * Et puis irriguer le choux est moins rentable que le maïs... le choix est donc vite fait.* "Ca fait des générations qu'on n'irrigue pas le chou !"* , ajoute-t-il.

Le prix de la choucroute pointé du doigt

Il faut faire sortir de terre 80 tonnes de ces légumes par hectare pour rentabiliser la production, contre 40 ou 50 tonnes (en variété précoce) en ce moment. ** Côté consommateurs, payer le kilo de choucroute 5 à 10 centimes supplémentaires suffirait à sauver la filière.

70% de la production française

Les choux sont encore loin de l'assiette, les livraisons ont pris beaucoup de retard et les entreprises spécialisées dans la fabrication de choucroute s'impatientent. Tous les acteurs de la filière doivent se mettre autour de la table cette semaine pour faire le point sur la situation.

L'Alsace compte une soixantaine de producteurs (répartis sur 700 ha) et produit 70% de la choucroute consommée en France.