La petite station-service de Chantenay-Villedieu dénonce "la catastrophe" de la vente à perte
Le gérant de la petite station-service indépendante de Chantenay-Villedieu, en Sarthe, s'attend à très fortement souffrir si la grande distribution décide de vendre à perte du carburant, comme veut l'autoriser le gouvernement pendant six mois à compter de décembre.
Les patrons des stations-service indépendantes ont accueilli le projet avec circonspection. Afin de faire reculer les prix des carburants, proches des deux euros actuellement, le gouvernement souhaite autoriser la vente à perte à compter du 1er décembre pour une durée de six mois. Le Sarthois Francis Pousse, président du syndicat professionnel Mobilians (5.800 stations-service hors grandes surfaces) et propriétaire d'une station-service à Arnage, était attendu ce lundi 18 septembre 2023 au ministère de l'économie, à Bercy pour en discuter. Il dénonce un projet qui pourrait mettre mal bon nombre de ses collègues : " Mes adhérents vivent à 40, 50% voire plus de la vente du carburant, donc s'ils vendent à perte, je leur donne trois mois ".
Parmi eux, le gérant de la petite station de Chantenay-Villedieu, entre Le Mans et Sablé, confirme ces inquiétudes. "C'est une catastrophe" s'indigne Jean-Baptiste Caillet. "Je ne pourrai pas suivre. Moi, j'achète le carburant au prix où il est vendu dans les grandes surfaces. Comment voulez vous que je fasse ?". Selon lui, la mesure, si elle est votée, va entrainer une concurrence déloyale avec des hypermarchés vendant à perte. "Eux peuvent le faire parce qu'ils font des marges sur beaucoup d'autres produits. Le carburant, c'est juste un produit d'appel. Moi, je ne peux pas".
Dans sa station, il n'y a que deux pompes, une SP98 et une gazole. Et c'est le pompiste qui fait encore le service, "à l'ancienne. Cela devient rare. On n'est plus beaucoup à le faire en France. J'y suis attaché, les gens aussi". La plupart de ses clients ne font pas le plein, se contentant de quelques litres pour lesquels la marge de Jean-Baptiste Caillet fluctue entre 10 et 15 centimes.
Une station "service de proximité"
Située depuis 50 ans dans le cœur de bourg, la station est appréciée des habitants. Le premier supermarché avec des pompes étant à 15 km, on vient ici pour le carburant de la tondeuse. ou quand la voiture est sur la réserve comme s'en est rendu compte ce matin Sandra. "Cela dépanne. J'étais dans la misère. C'est pratique".
Mais cette automobiliste n'a pris que 15 euros de gazole, pour aller ensuite jusqu'à une station de grande surface. Elle est d'ailleurs favorable à la proposition d'Elisabeth Borne. "Ma voiture consomme pas mal. C'est un gros budget. Alors forcément, une baisse c'est toujours bon à prendre". Le pompiste de Chantenay-Villedieu craint donc de voir sa clientèle se réduire, "il y a un seuil où les gens ne viendront plus chez moi", alors que le carburant ne lui rapporte déjà plus que 500 euros par mois.
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