La chambre régionale des comptes souligne la "fragilité" de l'aéroport de Béziers

L'aéroport de Béziers-Cap d'Agde est-il encore viable ? Alors qu'il a tout juste dépassé les 200.000 passagers l'an dernier, la chambre régionale des comptes qualifie sa position de "fragile". Dans un rapport présenté ce mardi 19 septembre, elle souligne son lourd déficit ainsi que sa dépendance totale vis-à-vis de Ryanair, seule compagnie sur place.

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Cet été pourtant, ses dirigeants se félicitaient encore de la reprise du trafic depuis la fin du Covid, une clientèle majoritairement composée de touristes du nord de l'Europe (Royaume-Uni, Belgique, Allemagne, nord de la France). En réalité cette petite structure doit faire face à la concurrence de cinq autres aéroports dans un rayon de 100 km, dont ceux de Toulouse et de Montpellier. Pour la période 2017-2019, le déficit d'exploitation annuel atteint 4,7 millions d'euros.

Un aéroport sous perfusion

Seules les contributions publiques assurent un équilibre : 5,1 millions d'euros versés, soit 20,69 euros par passager précise la chambre des comptes. L'effort est énorme pour les collectivités. Il s'explique, selon le rapport, par les "conditions financières très avantageuses" dont bénéficie la compagnie à bas coûts irlandaise Ryanair.

Une enquête est d'ailleurs en cours à la Commission européenne après une plainte déposée par Air France pour concurrence déloyale. Elle vise notamment le régime qui autorise certaines aides publiques aux petits aéroports, lequel régime prend fin en avril 2024.

Une perspective que refusent les élus locaux comme Gwendoline Chaudoir, maire de Portiragnes, commune littorale très prisée des touristes belges. "Un aéroport qui est passé de 86.000 passagers en 2009 à 300.000 prévus cette année n'est pas fragile. Cet aéroport est un choix politique. Il nous assure un flux touristique depuis l'Europe du nord, avec un certain pouvoir d'achat". Elle rappelle une étude du conseil régional qui estimait les retombées économiques à 60 millions d'euros par an.

Le soutien de Carole Delga

La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a répondu sous la forme d'un plaidoyer en faveur de l'aéroport de Béziers, qui a, dit-elle, toute sa légitimité. Elle dénonce en revanche un système où les "compagnies aériennes fixent le marché, avec trop souvent des méthodes ultralibérales. Si la fin des aides publiques en avril prochain se confirme, les compagnies n'auront pas d'autres choix que d'augmenter le prix des billets". Les consommateurs, conclut-elle, seront alors en situation de "juge de paix".

Invité de la matinale de France Bleu Hérault, Philippe Vidal, le président de l'aéroport reconnait qu'il ne peut pas vivre sans l'apport financier des collectivités, à hauteur de 20 euros par passager. "C'est un choix assumé des six collectivités du secteur " mais il met en avant les résultats d'une enquête réalisée cet été auprès des passagers :"75% ont dit qu'ils ne viendraient pas ici s'il n'y avait pas cet aéroport."