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Jérôme Faligot traiteur près de Rennes : "Être entrepreneur, c'est travailler pour survivre"

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Le début d'année est difficile pour les artisans. Les boulangers sont en colère à cause des factures énergétiques et de l'inflation, les restaurateurs se sentent oubliés par l'Etat, les traiteurs n'ont pas le moral. Jérôme Faligot, entrepreneur à Betton (Ille-et-Vilaine), pousse un coup de gueule.

Jérôme Faligot artisan-traiteur à Betton (Ille-et-Vilaine) Jérôme Faligot artisan-traiteur à Betton (Ille-et-Vilaine)
Jérôme Faligot artisan-traiteur à Betton (Ille-et-Vilaine) © Radio France - Loïck Guellec

Jérôme Faligot est traiteur depuis 20 ans à Betton, au nord de Rennes. Il emploie 23 salariés en CDI. Après deux années marquées par la crise sanitaire, son activité, comme celle de ses confrères, a repris il y a un an grâce surtout au retour des mariages. Les aides publiques à travers le PGE (le Prêt garanti par l'Etat) ont permis de sauver l'entreprise, mais les lendemains sont difficiles et les journées de travail, de plus en plus longues, pèsent lourdement sur le quotidien de cet entrepreneur breton. En ce début 2023, il pousse un coup de gueule.

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France Bleu Armorique : les traiteurs ont beaucoup souffert de l'arrêt d'activité lié au Covid 19. En 2022, les mariages ont repris ce qui a remis à flot les traiteurs. Pourtant, vous semblez très inquiet en ce début d'année.

Jéröme Faligot : Aujourd'hui, je pense qu'être entrepreneur, c'est travailler pour survivre. Qui en France a envie de travailler pour survivre ? Qui en France a envie de travailler 18 heures par jour pour juste gagner sa vie ? Je pense qu'on est les oubliés de la société parce qu'on ne nous entend jamais. On nous met des pansements, mais ce n'est pas ça qu'on demande. Nous, on veut vivre de notre travail, de notre passion. Et en plus, on n'a même pas envie de s'excuser, de le faire. En France, tant qu'on survit et qu'on paye on ne nous regarde pas. Quand ça va mal, on commence à nous regarder, mais en fait, souvent, c'est déjà trop tard. Je rappelle qu'un PGE (Prêt garanti par l'Etat) c'est de l'argent qu'on nous a prêté, qu'il faut qu'on rembourse sur un terme très court. Donc il faut qu'on travaille comme des fous. Je donne toujours cette comparaison : quand on a acheté une maison et qu'on prend pour 20 ans d'emprunt, avec le PGE c'est comme si on l'achetait une deuxième fois et on nous met 40 ans de crédit.

France Bleu Armorique : Votre activité a repris avec le Covid, ce n'est pas le plus important ?

Jérôme Faligot : Oui, l'activité a bien repris pour plusieurs raisons. D'abord des confrères ont cessé leur activité, donc a plus de demande. Les Français avaient envie de reprendre une vie sociale et de se revoir. On a été arrêté pendant deux ans et d'un seul coup, on se retrouve à faire 30 à 40 % de chiffre d'affaires de plus. Mais c'est très difficile à remettre en route, de relancer la machine. C'est ce que j'explique toujours, faire du chiffre d'affaires, c'est très bien, mais ce qui compte c'est le résultat à la fin. Actuellement, avec l'inflation, les hausses de l'électricité, les pénuries de salariés, on ne sait plus où on va. Moi, ça fait 20 ans que je suis à mon compte. Je n'ai jamais connu une période comme ça. Vous perdez le plaisir du travail. Boulangers, couvreurs, agriculteurs, traiteurs...qui fera ces métiers là demain ? Je m'interroge beaucoup et ça m'inquiète.

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