Île-d'Aix : "Ce qui est important, c'est de bien accueillir les touristes dans l'intérêt de tous"

Si les stigmates des coups de mer hivernaux sont encore visibles sur les remparts et la jetée, l'Île-d'Aix se prépare en douceur à accueillir la première vague de vacanciers en avril, avant le débarquement du gros des troupes cet été. Les Aixois ont appris à vivre au rythme de ces déferlantes de vacanciers. Les commerçants s'y préparent en famille. En se promenant dans les artères du village, l'heure est aux derniers coups de pinceaux, nettoyage de devantures et autre maintenance de vélos de location.

Benjamin et sa compagne habitent près de Vichy en Auvergne. En vacances dans la famille en Charente-Maritime, ils attendent le bac à la pointe de la Fumée et comptent profiter pleinement de l'Ile d'Aix avant la haute-saison. "C'est tranquille, c'est calme, c'est parfait pour se balader, prendre des photos. Pour manger un morceau, c'est un peu plus compliqué, mais au moins, on est au calme".

"On les attend tout l'hiver, donc on ne peut pas dire qu'on est envahis"

Peu de commerces sont déjà ouverts sur l'ile. C'est le cas de la boutique "C'est Aixquis" à l'entrée du village. Régine, la souriante gérante, vend du tabac, des souvenirs, et loue surtout des vélos. 350 deux-roues et une quarantaine de charrettes qu'il faut entretenir. "Ca demande beaucoup de maintenance. Il y a deux réparateurs présents pratiquement à l'année. Et comme on a des routes pas très potables en ce moment, il faut qu'ils soient encore plus efficaces." En avril, Régine loue une centaine de vélos par jour. En juillet-août, c'est le grand rush. "Les touristes arrivent par flot avec au moins 250 personnes par bac. A midi, on n'a plus de vélos. Il faut réserver", prévient Régine. "On les attend tout l'hiver, on ne peut pas dire qu'on est envahis, on est super contents quand ils arrivent".

"A partir du week-end de Pâques, on ouvre toute la journée"

Un peu plus haut dans la rue principale, Jérémy, ancien cuisinier, nous accueille dans son épicerie "Aix Services". Il habite l'île depuis 17 ans et gère le "mini-marché" depuis trois ans. Il est ouvert uniquement le matin... jusqu'aux vacances d'avril. "A partir du week-end de Pâques, on ouvre toute la journée. Les résidents secondaires retrouvent l'île. On agrandit le rayon fruits et légumes et on rouvre le rayon charcuterie. On rembauche du personnel, on passe de six à une dizaine." Même si Jérémy trouve les hivers un peu tristes et monotones, il reste très attaché à la douceur de vivre de son ile. "C'est plaisant à vivre, on a une belle vue !"

"Ce serait préjudiciable si ça devenait le périph' parisien"

L'enjeu économique est vital pour l'île qui doit faire attention au "sur-tourisme". Une question d'équilibre pour le maire Patrick Denaud. "Ce serait complétement préjudiciable si ça devenait le périph' parisien. On travaille beaucoup à cet équilibre avec la communauté d'agglomération (CARO), on est classé grand site de France, il faut le préserver. Evidemment, il n'est pas question de "démarketing" comme ça a été écrit, on ne va pas empêcher les touristes de venir. Ce qui est important pour nous, c'est de bien les recevoir dans l'intérêt de tous".

Parmi les pistes de travail avec la CARO, des compteurs sont mis en place pour voir de quelle manière on peut les accueillir le mieux possible. Un équilibre subtile à trouver entre manne économique et qualité de vie insulaire. Avis aux futurs touristes : il n'y a plus de poubelles publiques depuis trois ans sur l'Île-d'Aix. Il faudra donc ramener ses emballages et autres couches bébé sur le continent. Par ailleurs, une opération "mégots" est également programmée avec une distribution de cendriers portatifs pendant les périodes de vacances.