En Corse, stations de ski cherchent neige

“Cela se dégrade d'année en année, faut fermer les yeux pour ne pas le voir”, déplore Paul André Acquaviva, le président de la ligue corse de montagne. “La montagne corse, comme cette année, je ne l’ai jamais vu” confirme le maire d’Asco, Bernard Franceschetti. En termes d’activités, ce manque de neige a déjà des conséquences et depuis longtemps : “après la mode du ski alpin, on avait des espoirs sur le ski de randonnée, il y a une dizaine d'années, avec un nombre croissant de pratiquants. Et puis on voit que depuis 2 ou 3 ans on a du mal à faire une, deux, quatre ou cinq sorties ; et cette année pas une seule”, affirme Paul André Acquaviva : “il n’est pas tombé un flocon en dessous de 1400 mètres”.

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Une situation qui conduit les collectivités qui gèrent des stations de ski (Ghisoni, Asco et Celavu-Prunelli) à s’adapter et si la neige tombe, par exemple, avoir les moyens de la préserver au mieux : “les canons à neige, ça a été écarté pour un certain nombre de raisons sur lesquelles je ne reviendrais pas”, explique Derek Leonetti, chef du pôle développement territorial à la communauté de communes de Celavu-Prunelli qui gère le Val d’Ese : “on a mené des travaux avec la DREAL, puisqu'on est sur un site Natura 2000, et essayé d’anticiper des constructions de barrières à neige ou encore les pierrages des pistes... mais bon... encore faut-il que la neige tombe, ça c'est clair”. Cette station du val d’Ese rencontrait de telles difficultés financières que la gestion en a été transférée de la commune de Bastelica à l’échelon supérieur, la Com-Com Celavu-Prunelli.

Manque de neige signifie manque de recette

Dans les autres stations, Ascu et Ghisoni, la situation financière est moins préoccupante, mais reste tendue : “les finances communales ne sont pas en danger parce qu'on est très prudent en matière de dépenses”, explique Don-Marc Albertini, le maire de Ghisoni, “mais c'est vrai que si demain on pouvait s'appuyer sur une structure plus grosse comme la collectivité de Corse, ça nous donnerait plus de stabilité pour l'entretien et le fonctionnement”. Et le maire de la commune d’argumenter : “on se considère un peu comme un club sportif qui attire du monde. Tous les clubs sportifs de Corse sont subventionnés par la collectivité. Pourquoi pas les stations de ski ? Avoir le même modèle et recevoir une subvention de la collectivité qui nous aiderait à au moins garantir l'entretien de base, les frais fixes et nous on prendra en charge les frais variables”.

Le manque de neige est évidemment crucial, mais pas unique en Corse où se pose aussi avec acuité la question des ressources humaines : “'la vraie difficulté c'est le pisteur secouriste. Il est indispensable pour ouvrir une station”, explique de maire de Ghisoni, Don-Marc Albertini : ”aujourd’hui, on s’en sort avec des gens qu’on connaît, mais l'idée c'est d'avoir des pisteurs dans la multifonctionnalité, capables de se détacher rapidement de leur activité principale pour venir faire un contrat de 3/4 mois. Je pense que si on veut pérenniser un peu les choses, avoir 4 ou 5 pisteurs en Corse disponibles, ça serait pas mal”.

Se diversifier ?

Si les communes de montagne font tout pour préserver leur outil principal de travail, il y a aussi une vie, hors de la neige, même si elle moins évidente : “pour certaines stations, il peut y avoir des activités de descente de rivières ou de canyons. Sur Asco, par exemple, il y a une importante activité escalade puisque de grandes voies de montagne ont été ouvertes depuis des années par les alpinistes. C’est une petite niche, mais ça existe”, confirme Paul André Acquaviva, le président de la ligue corse de montagne.

Sans neige, des problèmes en cascade

Et ce manque de précipitations neigeuse n’inquiète pas seulement pour les risques qu'il fait peser sur la filière ski et sur l’économie des microrégions concernées : “en montagne, on n'a pas de nappe phréatique et donc on puise directement dans les rivières et les ruisseaux, qui eux-mêmes sont alimentés par la pluie - mais c'est éphémère la pluie. Par contre, la neige, normalement, elle tient en montagne, elle nous amène jusqu'à la prochaine saison en maintenant les rivières et les ruisseaux”, explique le maire d’Asco, une des plus hautes communes de l’île, “s’il n’y a plus de neige, ça va créer effectivement de gros problèmes d’approvisionnement en eau, peut-être dès cet été”, conclut Bernard Franceschetti.

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