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Des chômeurs de Mazingarbe ont décidé de créer leurs propres emplois

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Lancé il y a un peu moins de deux ans, le programme "Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée" (TZCLD) pourrait être étendu dans les prochains mois. A Mazingarbe (Pas-de-Calais) des demandeurs d'emploi vont tenter de prendre leur avenir en main.

Après Loos et Tourcoing, Mazingarbe souhaite rejoindre le programme Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée
Après Loos et Tourcoing, Mazingarbe souhaite rejoindre le programme Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée - association "Ferm'Avenir"

Plutôt que de payer un chômeur pour qu'il reste chez lui, le programme "Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée" (TZCLD) prévoit de les remettre à l'emploi en y consacrant l'argent qui était, jusqu'à présent, consacré aux indemnités. On estime ce coût à environ 18 à 20 mille euros par an.

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L'expérimentation a été lancée en 2017 à l'échelon national. Une dizaine de territoires avaient alors été retenus dont Loos et Tourcoing dans le Nord. Le principe est relativement simple: créer des Entreprises à But d'Emploi (EBE) afin d'employer et de salarier en contrat à durée indéterminée ceux qui sont le plus éloignés du marché du travail. Une deuxième vague de nouveaux territoires devrait être soumise au Parlement dans les prochains mois.

"Un bénévole qui intervient au centre social a découvert ce dispositif par hasard", se souvient Yannick Backe, le directeur des centres sociaux de Mazingarbe. Il se trouve que la ville entre parfaitement dans les critères qui font d'un territoire qu'il est ou non éligible au dispositif: 8000 habitants, un taux de chômage qui dépasse parfois  les 20% dans certains quartiers et plus de 400 chômeurs de longue durée.

Sans le soutien de la ville rien n'est possible

L'idée fait très vite son chemin et la municipalité est sollicitée afin qu'elle apporte son soutien au projet. L'ensemble du conseil municipal adhère à l'initiative et va même plus loin en mettant à la disposition de ses porteurs, une ancienne ferme désaffectée, la ferme Debove. D'où le nom de l'association qui vient d'être créée "Ferm'Avenir".

Durant tout l'été, les demandeurs d'emploi qui ont rejoint l'association travaillent d'arrache pied à la rénovation des locaux qui en avaient bien besoin. "Parce-que le principe du programme est simple, résume Yassine, lui même allocataire du RSA, nul n'est inemployable! Chaque personne présente des valeurs et des compétences à exploiter au service de l'emploi".

On n'a rien à perdre mais tout à gagner...

Aujourd'hui ils sont une quarantaine à avoir rejoint le projet, tous demandeurs d'emploi et loin du marché du travail. Frédéric a 56 ans et n'essuie que des refus dans ses recherches d'emploi. "C'est sans doute mon âge qui rebute les employeurs" constate, amer, le quinquagénaire. Il a pourtant tellement de talents à mettre au service des autres! "De toute façon, on ne peut pas descendre plus bas, on n'a rien à perdre".

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Des services qui n'entrent pas en concurrence avec les artisans locaux

Alors bien sûr, il n'est pas question de s'inscrire sur le marché commercial et d'entrer en concurrence avec les entreprises locales.  Mais certaines activités ne sont pas rentables alors personne ne les propose sur le marché. "Mais on va rester discret sur les services qu'on va proposer" précise Yassine. Pas question de donner des idées à des projets concurrents et qui espèrent également rejoindre le programme.

Il n'y a pas de sot métier, et toutes les idées sont bonnes
Il n'y a pas de sot métier, et toutes les idées sont bonnes - Association "Ferm'Avenir"

Thierry par exemple a travaillé pendant près de 20 ans dans l'agro-alimentaire. A 57 ans il se retrouve sans emploi et sans espoir d'en trouver un nouveau. "Mais j'ai des compétences en menuiserie et dans tous les travaux de rénovation" précise le quinquagénaire. Alors pourquoi ne pas mettre son savoir et ses compétences au service de la future Entreprise à But d'Emploi?

Et puis rejoindre l'association c'est déjà comme reprendre une activité. Pierrick n'a que 28 ans mais déjà une longue expérience du chômage. Allocataire du RSA ce jeune père de famille avait l'impression de s'enfermer dans une routine. "Aujourd'hui je me lève le matin pour venir ici et j'ai à nouveau un but dans la vie. Même pour mes enfants, c'est important de voir que je ne suis pas inactif". Il démarche les entreprises pour récupérer des palettes qui pourront, par exemple, être transformées en composteurs. "Moi je dors mieux depuis que je viens ici, je n'ai plus tous mes problèmes à retourner dans ma tête" apprécie Frédéric.

Personne ne sait encore quand l'extension du périmètre des Territoires Zéro Chômeurs de Longue durée passera devant le Parlement, mais à Mazingarbe, on y croit et de toute façon tout ce qui a déjà été fait ne restera pas sans lendemain.

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