Air France : la fin de la grève en quatre questions

La grève est finie, cela signifie que les syndicats et la direction sont tombés d'accord ?

Pas du tout : l'abandon par la direction du groupe Air France – KLM du projet Transavia Europe, annoncé dès mercredi soir, n'a pas suffi aux syndicats. Les organisations de pilotes, avec en tête le SNPL Air France, exigeaient aussi que la direction revoie ses ambitions pour la filiale française de Transavia. **Ils exigeaient la mise en place d'un contrat unique ** pour les pilotes d'Air France et de Transavia. Pas question, pour la direction, qui a refusé cette proposition contraire au projet.

ⓘ Publicité

"Nous avons décidé de prendre nos responsabilités en levant le mouvement de grève ", a donc déclaré à l'AFP le porte-parole du SNPL, Guillaume Schmid, tout en expliquant que "les conditions du dialogue social ne sont aujourd'hui pas réunies ".

Pourquoi le trafic ne reprend-il que mardi ?

Il y a plusieurs raisons à cela.  La première est technique : de nombreux avions sont restés cloués au sol durant les 14 jours qu'a duré la grève. "Des vérifications obligatoires sont nécessaires avant une reprise de l'activité ", explique Air France. Il faut aussi, de fait, réorganiser les plannings : tous les personnels de la compagnie ne sont pas en permanence à Paris, il y a des pilotes,** des hôtesses et stewards qui sont positionnés aux escales** . Après deux semaines d'interruption, il faut donc les renvoyer dans ces aéroports.

Mais ce n'est pas tout : en prévision de dimanche et lundi, Air France avait d'ores et déjà procédé à l'annulation de plusieurs vols, et prévenu ses clients. Reprogrammer ces vols est très difficile . Enfin, la reprise du trafic mardi n'est que partielle : le deuxième syndicat représentatif des pilotes Air France, le Spaf (crédité de 12% de votes aux élections professionnelles) maintient pour sa part son préavis jusqu'à mardi inclus.

Combien la grève a-t-elle coûté ?

Le coût de ce mouvement pourrait être considérable : si l'on compte un montant, annoncé par la direction, de 15 à 20 millions d'euros par jour d'inactivité, le coût de la grève (lundi inclus) atteint donc quelque 300 millions d'euros . Et encore, c'est sans compter les dédommagements des voyageurs lésés.

En tout, selon le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius, le bilan est "très mauvais ". Invité sur France 2 dimanche soir, Laurent Fabius a avancé les chiffres de "280 millions d'euros de perte, 110.000 touristes qui ont été obligés d'annuler leur vol , et 30.000 voyages d'affaires ".

Que va-t-il se passer maintenant ?

Le SNPL affirme vouloir "poursuivre les discussions dans un cadre plus serein ". Mais la demande d'un médiateur indépendant pour superviser de nouvelles négociations a été rejetée à la fois par la direction et par Matignon. Les discussions s'annoncent donc toujours très tendues, entre des pilotes qui entendent conserver leurs revendications, et la direction soutenue par le gouvernement , qui juge le développement de Transavia "indispensable ".

L'autre problème concerne le climat social au sein de l'entreprise, pour les salariés entre eux. Durant la grève, tous les syndicats n'ont pas été d'accord sur le prolongement du mouvement, et certains syndicats plus minoritaires ont levé leur préavis bien avant. Et plusieurs centaines de salariés, d'autres corps de métiers, ont manifesté la semaine dernière contre les pilotes . "Il est temps de repartir en avant, de reconstruire sur les bases d'une cohésion retrouvée ", a déclaré le PDG d'Air France, Frédéric Gagey.