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À Brest, l'épicerie sociale et solidaire des étudiants est "à bout de souffle"

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Elle permet actuellement à 320 étudiants précaires de manger à leur faim. Mais l'AGORAé sature face à l'explosion de la demande, car les recettes ne suivent pas. La Fédé B, qui gère cette épicerie sociale et solidaire depuis 2012 à Brest, lance un appel à l'aide et évoque "une situation alarmante".

Créée en 2012, l'AGORAé permet aux étudiants d'acheter des produits de première nécessité pour dix fois moins cher que dans le commerce. Créée en 2012, l'AGORAé permet aux étudiants d'acheter des produits de première nécessité pour dix fois moins cher que dans le commerce.
Créée en 2012, l'AGORAé permet aux étudiants d'acheter des produits de première nécessité pour dix fois moins cher que dans le commerce. © Radio France - Nicolas Olivier

Les étudiants défilent dans le petit local de l'AGORAé, au rez-de-chaussée de la fac de sciences de l'UBO. Ils sont de plus en plus nombreux à venir s'approvisionner à moindres frais dans cette épicerie sociale et solidaire. Où des produits alimentaires de base sont vendus à des prix symboliques, environ dix fois moins cher que dans le commerce. Certains articles comme les protections menstruelles sont même offerts.

7% de bénéficiaires en plus depuis un mois

"Il y a tout ce dont on a besoin, c'est une très bonne initiative", confie Lyna en remplissant son sac à dos pour 3,04 euros. Chouaib vient deux fois par semaine. Cet étudiant reconnaît que sans cela, il devrait sauter des repas : "Le loyer prend une grande partie de mes ressources pour le mois donc l'épicerie m'aide vraiment beaucoup". Et en ces temps d'inflation, ils sont de plus en plus nombreux à franchir la porte de l'épicerie, ouverte deux heures et demie chaque après-midi. Une hausse de la demande spectaculaire : depuis un mois, le nombre de bénéficiaires est passé de 300 à 320 (+7%), frôlant le record atteint lors de la crise sanitaire (2020-2021).

Pour plus de fluidité, il est désormais nécessaire de prendre rendez-vous pour venir faire ses courses. "On a mis un système de créneaux pour éviter un afflux de personnes, et pour que chacun puisse en profiter", précise Lucile Le Guen, volontaire en service civique à l'AGORAé. Mais le dispositif atteint sa limite et l'épicerie peine à répondre à toutes les sollicitations, constate la Fédé B (Fédération des associations étudiantes de Bretagne occidentale) dans son communiqué ce mardi 12 mars. Les 40.000 euros de budget annuel sont très insuffisants pour faire face aux besoins actuels.

Confrontée à une baisse des subventions, l'épicerie a de plus en plus de mal à remplir ses rayons.
Confrontée à une baisse des subventions, l'épicerie a de plus en plus de mal à remplir ses rayons. © Radio France - Nicolas Olivier

"On se demande vraiment si on va pouvoir continuer d'assurer la chose, confirme Mathilde Jaouen, la présidente de la Fédé B. Les subventions baissent, et on a de moins en moins de produits. On demande une réforme des bourses, parce que la moitié de nos bénéficiaires ne sont pas boursiers. L'AGORAé ne devrait pas exister !"

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90% d'étudiants étrangers

Les gérants de l'épicerie sociale et solidaire se sentent bien seuls, et déplorent que "les besoins alimentaires primaires de 320 personnes reposent sur l’engagement associatif d’une quinzaine d’étudiant.e.s bénévoles". La problématique est aussi nationale, souligne Mathilde Jaouen : "Aujourd'hui, 90% des bénéficiaires sont des étudiants internationaux qui doivent payer des frais d'inscription aberrants, 16 fois plus élevés que ceux des étudiants européens."

La fédération appelle les collectivités locales et le gouvernement à "prendre leurs responsabilités face à la réalité de la précarité étudiante".

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