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VIDÉO - Label "Capitale française de la culture" : ce qui fait de Sète une candidate sérieuse

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Le ministère de la Culture doit annoncer ce mardi 30 mars le nom de la ville retenue comme "Capitale française de la culture", label pour lequel Sète est candidate. France Bleu Hérault donne la parole aux habitants, artistes ou non, qui racontent leur identité et leur patrimoine culturel commun.

Le théâtre de la mer à Sète est l'un des lieux de culture emblématiques de la ville. Le théâtre de la mer à Sète est l'un des lieux de culture emblématiques de la ville.
Le théâtre de la mer à Sète est l'un des lieux de culture emblématiques de la ville. © Maxppp - Vincent Andorra

Et si Sète devenait "Capitale française de la culture" en 2022 ? Après examen des neuf candidatures retenues la semaine dernière pour ce label créé par le ministère de la Culture, le jury doit officialiser son choix ce mardi 30 mars. La délégation sétoise, composée d'élus, artistes, directeurs d'institutions, a défendu son projet. Mais qu'en disent les habitants ? Que racontent-ils de leur ville ? De son identité ? Qu'attendent-ils de ce titre ? France Bleu Hérault leur donne la parole. Qu'ils soient ancien pêcheur de la Pointe courte, vendeuse des halles, ou artistes comme le rappeur Demi Portion et le rockeur Didier Wampas.

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"La Pointe courte c'est ma vie. Ici la liberté est totale."

À la Pointe courte, historiquement le quartier de pêcheurs qui a inspiré la cinéaste Agnès Varda, rencontre avec une figure : Michel Izoard

"Moi ? Né ici à la Pointe courte, il y a 72 ans bientôt. C'est un lieu pour moi qui est magique. La liberté y est totale. Plus encore avant que maintenant. On vivait dans la rue quasiment, l'été on mangeait dans l'eau. C'était fabuleux. Pour moi la liberté est sacrée. J'ai choisi le métier de la pêche pour ne pas avoir quelqu'un qui me commande. Et ici il n'y avait que des caractères comme ça. C'était toute une culture. Tous ceux qui vivent à la Pointe courte l'ont dans les tripes. Avant, on disait être de la Pointe courte avant d'être Sétois..." 

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Direction le cabanon de Michel Izoard, au bord de l'eau, "sa cabane à souvenirs" baptisée le "Chat laid", décorée de murs peints comme des tableaux, de photos encadrées. Deux barques. "Je ne pêche plus beaucoup mais je m'en sers pour aller en ville, surtout quand il y a de la circulation, c'est pratique pour se garer. La Pointe courte c'est ma vie. Quand j'en partirai ce sera pour aller au cimetière, dit-il en souriant. Et encore je pense que je me ferai brûler pour revenir ici dans une urne..." 

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La Pointe courte de Michel Izoard, les tableaux de son cabanon et ses maquettes de jouteurs
La Pointe courte de Michel Izoard, les tableaux de son cabanon et ses maquettes de jouteurs © Radio France - Marie Ciavatti

"La culture m'a beaucoup aidé"

Le rappeur Demi Portion, Rachid Daif de son vrai nom, a grandi sur l'île de Thau, au bord  de l'étang, dans les années 90, quand ce quartier avait encore une vie culturelle effervescente. 

Demi Portion, le rappeur de l'Ile de thau qui à Sète replit son festival "Demi Festival" en quelques heures
Demi Portion, le rappeur de l'Ile de thau qui à Sète replit son festival "Demi Festival" en quelques heures © Maxppp - Guillaume Bonnefont

"Pour être honnête, la culture m'a beaucoup aidé, que ce soit le hip-hop ou mon quartier, l'Ile de Thau. Il y avait beaucoup de concerts, notamment à La Passerelle (salle de l'Ile de Thau), des master class. On arrivait aussi à faire des choses avec le Théâtre Molière, des ateliers d'écriture. Il y avait aussi un festival à l'époque qui s'appelait Action Hip-Hop, qui rassemblait beaucoup de graffeurs, des musiciens (Hocus Pocus, La Rumeur) qui sont venus nous donner des cours. Moi ça m'a aidé parce que je n'étais pas super fan de l'école."

"J'ai tellement de souvenirs là-bas. Je crois que c'est l'un des seuls quartiers de France où tu peux aller en jet-ski en ville, pour t'acheter tes clopes. C'est quand même cool. On est bien, on a Mèze en face. Petit, mes premiers sous, c'était en vendant des palourdes. On allait pêcher. Après on allait voir le mareyeur qui nous donnait 50 francs à l'époque." 

"Les souvenirs, c'est de jouer au foot, les MJC, les péniches, les grands du quartier qui nous ont aidés à nous en sortir. L'aide aux devoirs. Il y avait plein de choses qui se passaient. Ça reste que du bonheur. Je bouge mais j'ai toujours envie de revenir. Ici on a le temps de réfléchir. C'est ça, la force de cette petite ville qui n'aime pas faire trop de bruit. On vient ici pour se ressourcer. Il faut savoir d'où l'on vient."

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Dans le ventre de Sète, avec Karine Di Maio, poissonnière de mère en fille

"Tous les mardi et les vendredi je prends ma sole et ma daurade ici. De bons produits frais et la bonne ambiance" raconte une cliente parmi d'autres au stand de Karine Di Maio, figure des halles, troisième génération de poissonnière. "Moi, ça fait 31 ans que je suis là. Ma mamie avait l'étal de mes parents qui est au fond là-bas. Mon papa a pris la suite avec ma maman. Et moi, à l'âge de 20 ans, j'ai racheté simplement cet angle." 

Karine Di Maio, troisième génération de poissonière aux halles de Sète
Karine Di Maio, troisième génération de poissonière aux halles de Sète © Radio France - Marie Ciavatti

"Pour moi, les halles sont le poumon de la ville. Elles ressemblent à Sète. On se connaît, on aime les bonnes choses. Les clients viennent d'Aigues-mortes, de La Grande-Motte, beaucoup de Montpelliérains, même des gens de Lourdes ce matin. J'aime ma clientèle. J'aime mon travail, c'est mon médicament."

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"À Sète, ce n'est pas du folklore"

Il est parti de Paris pour emménager dans le centre de Sète il y a cinq ans. Didier Wampas, leader du groupe de punk rock Les Wampas, ne se voit pas "aller ailleurs aujourd'hui". 

"Je voulais habiter au bord de la mer. Sète estla seule ville qui reste populaire... a_vec un port de pêche au centre-ville. Il y a les joutes, et ce n'est pas que du folklore. Toute la ville vibre quand il y a les joutes. Il y a des ateliers d'artistes partout. Des artistes un peu bohèmes, un peu paumés... Ce n'est pas qu'une culture officielle." _

"Il existe ici une vraie culture populaire Des gens disent que Sète est fermée, mais pas moi. C'est une ville d'immigration. Même les vrais Sétois ont des ancêtres d'Italiens. Les pieds-noirs sont arrivés là, aujourd'hui il y a des Parisiens qui arrivent... C'est pour ça que c'est ouvert. Je me suis senti bien tout de suite. Je ne vois pas où j'irais ailleurs."

Son endroit préféré ? "Le brise-lames. J'y vais en kayak. C'est comme une île déserte. On a la plus belle vue sur la ville. Normalement il y a plein de choses qu'on ne fait pas. Pêcher dans le port.. mais ici tout le monde pêche. Le brise-lames, c'est interdit d'y aller mais tout le monde y va l'été pour pique-niquer. Il y a plein de choses qui ne se font pas. Mais à Sète on peut le faire parce que c'est Sète."

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"Ici, être artiste n'est pas une tare."

Martin Bez est propriétaire depuis près de 15 ans de la galerie d'art Dock Sud sur le quai Aspirant Herbert à Sète, où il expose Combas, Puyuelo, de jeunes artistes sétois inconnus, comme des pointures de l'art chinois. 

Martin Bez, tient depuis 15 ans une galerie d'Art sur le quai Aspirant Herbert à Sète
Martin Bez, tient depuis 15 ans une galerie d'Art sur le quai Aspirant Herbert à Sète © Radio France - Marie Ciavatti

Comment expliquer que Sète soit une ville d'artistes ? "C'est une ville assez jeune, 350 ans. Des gens qui viennent d'Italie, d'Espagne. Moi-même, je viens d'Afrique du Nord. C'est un mélange culturel, un mélange de gens simples. Il y aussi les canaux dans la ville, la mer... C'est quelque chose qui éveille les sens. Et surtout ici, être artiste n'est pas une tare. Même un fils de docteur qui veut être peintre, peut être encouragé par sa famille. C'est un environnement particulier." 

Que pense-t-il du label "Capitale française de la culture" ? "La ville a tous les atouts pour être une capitale culturelle : son histoire, ses artistes... Mais il faut veiller à ne pas faire n'importe quoi. Avec les séries télé, la Ville de Sète s'associe avec TF1 pour faire parler d'elle sur des chaînes commerciales. Ce n'est pas l'identité de Sète et c'est totalement hors propos. La culture ne se fait pas forcément avec de l'argent. La vraie culture est souvent déficitaire. La culture n'a pas forcément de retombées économiques tout de suite. La culture n'est pas un jackpot. Je pense que la culture doit s'appuyer sur une identité forte, sur notre identité." 

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