Passer au contenu
Publicité

La stigmatisée de la Drôme, Marthe Robin, était-elle une imposture ?

Par

Un livre écrit par le théologien Conrad de Meester et intitulé "Le fraude mystique de Marthe Robin" sort ce jeudi et dresse un portrait peu flatteur de la stigmatisée de la Drôme, paralysée, alitée pendant 50 ans dans sa chambre de Châteauneuf-de-Galaure.

Le livre "La fraude mystique de Marthe Robin" par Conrad de Meester sort ce jeudi en librairie Le livre "La fraude mystique de Marthe Robin" par Conrad de Meester sort ce jeudi en librairie
Le livre "La fraude mystique de Marthe Robin" par Conrad de Meester sort ce jeudi en librairie © Radio France - Nathalie Rodrigues

Conrad de Meester est un religieux, de l'ordre des Carmes. Il est docteur en théologie, spécialiste des grandes femmes mystiques du XXe siècle, Thérèse de Lisieux, Élisabeth de la Trinité. Il découvre Marthe Robin dans les années 1970 : il ne l'a jamais vue, mais la découvre par ses textes et l'apprécie, a priori.

Publicité

Marthe Robin meurt en 1981, elle a passé plus de cinquante ans paralysée, alitée, sans manger rien d'autre que l'hostie, sans presque boire, à vivre le vendredi la Passion du Christ avec des stigmates, du sang qui apparaît sur son corps. Elle reçoit des milliers de visiteurs dans sa petite chambre obscure de Châteauneuf-de-Galaure.

Quelques années après sa mort s'ouvre une longue procédure pour sa canonisation. Conrad de Meester est alors appelé comme expert par le diocèse de Valence pour étudier les écrits de Marthe Robin. Il les examine en détail et se met à douter de son honnêteté.

Plagiat et doutes sur sa paralysie

Il montre que Marthe Robin a plagié dans ses écrits beaucoup d'autres mystiques et auteurs spirituels. Conrad de Meester souligne les copier-collers en inscrivant en gras dans son livre les phrases réputées être de Marthe Robin, mais empruntées à d'autres. Elle raconte donc sa relation sensée être spéciale avec Dieu à travers les mots d'autres personnes.

Deuxième argument : la paralysie et la cécité de Marthe. Conrad de Meester ne nie pas qu'elle souffrait, qu'elle était handicapée. Mais il doute de sa paralysie totale : à sa mort, elle est retrouvée au pied du lit, avec des chaussons usés aux pieds ; une femme qui logeait parfois dans la maison indique avoir surpris plusieurs fois "une forme" quittant la cuisine, gagnant la chambre de Marthe et refermant la porte précipitamment. Et puis Marthe Robin était-elle vraiment aveugle ? Certes ses visiteurs lui lisaient des textes, mais aurait-elle pu faire de parfaits copier-collers dans ses propres écrits si elle n'avait pas l'original sous les yeux ? Conrad de Meester en doute.

Conrad de Meester décrit aussi une manipulatrice. Marthe Robin expliquait dicter ses lettres et textes à des secrétaires vu son handicap. Conrad de Meester assure qu'elle tenait elle-même le stylo et prenait des écritures différentes, avec des lettres plus rondes ou plus petites, plus penchées ou plus droites, comme pour tromper. 

"Quand on souffre, vous pensez qu'on passe son énergie à échafauder un plan pour tromper les personnes ?"

Sophie Guex, membre du Foyer de Charité, mouvement inspiré par Marthe Robin et en charge de son dossier de canonisation, balaie ces arguments. Il est désormais acquis, dit-elle, que la maladie de Marthe Robin était évolutive, avec des périodes où elle pouvait bouger ses bras et d'autres non. Donc, oui, elle a été capable d'écrire.

Quant au plagiat, tous ses textes ne sont pas des copies, elle n'est pas la seule à avoir emprunter des phrases à d'autres et c'est humain explique Sophie Guex : "imaginez cette jeune fille qui, à l'âge de 28 ans, fait des expériences mystiques. Elle ne peut pas consulter en ligne un spécialiste depuis sa chambre ! Pour comprendre ce qu'elle vit, sur les conseils d'un prêtre, elle lit des ouvrages mystiques et elle trouve que d'autres personnes ont des mots très justes, et, très humblement, elle se coule dans les mots des autres pour décrire ce qu'elle vit."

Les points soulevés par Conrad de Meester n'enlèvent rien pour elle au message d'espérance délivré par Marthe Robin : "quand on souffre, vous pensez qu'on passe son énergie à échafauder des plans pour tromper les personnes ? Son énergie, Marthe Robin l'a passée à autre chose, elle a choisi de rayonner le Bien auprès des personnes qui venaient auprès d'elle et c'est ce que des centaines de témoignages ont attesté."

Des arguments non retenus par le Vatican

Avant de publier un livre, Conrad de Meester a surtout rédigé un rapport volumineux qui a été étudié dans le cadre du procès en canonisation de Marthe Robin. D'autres experts ont été sollicités dans ce même cadre, et les arguments de Conrad de Meester n'ont pas été retenus par le Vatican puisqu'en 2014, "l'héroïcité des vertus" de Marthe Robin a été reconnue. Elle est reconnue "vénérable", première étape avant une béatification et une canonisation.

Conrad de Meester avait signé un contrat avec les Éditions du Cerf en 2012 ; il tenait à ce que ses recherches sur Marthe Robin soient publiées. A sa mort, en décembre 2019, ce sont les frères de sa communauté des Carmes déchaux de la Province de Flandres qui ont apporté le manuscrit à l'éditeur. Le directeur général Jean-François Colosimo honore le contrat de publication à titre posthume : "nous avons trouvé que ce livre apportait quelque chose d'essentiel au débat et représentait une démonstration très convaincante. Conrad de Meester avait une conviction, il a enquêté sur sa conviction, il apporte des preuves, et il avait sa liberté de parole qui est au service de la vérité de l'Église."

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined