Les produits phytosanitaires tendent les relations entre riverains et viticulteurs
Un projet de décret ayant fuité prévoit d'encadrer strictement l'usage des produits phytosanitaires, notamment près des habitations. Les contraintes s'accumulent pour les viticulteurs. À Marsannay-la-Côte, le sujet divise.
Depuis son jardin à Marsannay-la-Côte, Jérôme* a une superbe vue sur la vigne d'en face. Seule une petite bande de terre sépare sa propriété d'une parcelle. Mais il critique l'utilisation de "phytosanitaires dégueulasses" : "mon jardin bio est juste à côté. Avec le vent, les produits finissent sur mes légumes." Il a installé une plaque PVC pour isoler ses concombres. Autre problème, il dit avoir des maux de tête lors des périodes d'épandage, quand les viticulteurs traitent leurs vignes.
De nouvelles contraintes pour les viticulteurs
Un projet de décret, non officiel mais qui a fuité, prévoit d'encadrer plus strictement l'usage de ces produits phytosanitaires. Il s'agirait notamment de créer des zones de non-traitement autour des habitations, dans un rayon de 5 à 10 mètres pour la viticulture. Une nouvelle contrainte qui résume à elle seule les tensions qui peuvent exister entre riverains et viticulteurs.
Toutefois, ces tensions restent des exceptions selon Cyril Audoin, viticulteur à Marsannay-la-Côte : "on n'a pas de soucis particulier avec les riverains. On a un bon sens paysan, on s'arrange toujours pour traiter à des heures convenables et ça se passe plutôt bien. Mais c'est vrai qu'il y a parfois des incompréhensions, surtout avec les gens qui ne sont pas du coin. Ils oublient que la vigne est un espace de travail avant tout. On ne traite pas pour le plaisir de traiter."
Pour autant, Cyril Audoin n'est pas favorable à l'instauration de zones de non traitement. "Avec une interdiction de traiter, c'est la mort de la vigne", explique-t-il. Son domaine familial s'étend sur 15 hectares.
Patrice Ollivier, du domaine Fougeray de Beauclair, dresse un peu le même constat. "On a une ou deux parcelles proches des habitations. Mais ça se passe très bien avec les habitants. Après, on peut toujours polémiquer là-dessus, certains diront qui de la vigne ou de la maison était là en premier... Pourquoi ne pas empêcher de construire à moins de 10 mètres des vignes ?" Pour autant, il se montre optimiste : "on est dans la recherche permanente de molécules nouvelles potentiellement moins toxiques, il y aura toujours une évolution positive dans le bien-être de la viticulture."
Il y aura toujours une évolution positive dans le bien-être de la viticulture" Patrice Ollivier
Des initiatives municipales peuvent aussi permettre d'apaiser la situation. En avril, le maire de Marsannay-la-Côte Jean-Michel Verpillot a organisé une réunion où viticulteurs et riverains ont pu se parler. "Cette soirée a permis de favoriser le dialogue pour une meilleure compréhension mutuelle", selon l'édile.
*Le prénom a été modifié à la demande de l'interlocuteur.
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